Sharjah Desert Park - Semaine 11

Rapport hebdomadaire de mon stage 2008/2009 au Sharjah Desert Park
25 au 31 janvier 2009 - Semaine 11

Nous lisons dans la presse ce matin que dix centimètres de neige sont tombés ce week-end sur les montagnes de Jebel Jais, dans l'émirat de Ras al-Khaimah, non loin de Sharjah. Les photographies disponibles sur internet sont assez impressionnantes et je ne m'attendais pas du tout à de telles visions du désert ! Après une journée consacrée à la préparation de la prochaine conférence, Björn me propose de l'accompagner pour disposer quelques pièges dans le désert environnant le Sharjah Desert Park. L'objectif est de capturer quelques individus de petits rongeurs pour renouveler les lignées captives. Nous avons repéré la semaine dernière quelques endroits favorables et nous nous y rendons directement. Du beurre de cacahuète est utilisé ce soir comme appât, mais, selon l'expérience de Björn, la pâte à tartiner Nutella est bien plus efficace !

Ghaf (Prosopis cineraria), arbre typique du désert
Installation d'un piège pour petit rongeur
Piège à la sortie d'un terrier de petit rongeur
Coucher de soleil sur le désert environnant le Sharjah Desert Park

Lundi matin, nous allons à la première heure vérifier les pièges installés hier soir. Cela n'a pas été très fructueux, puisqu'ils sont tous vides. La température est peut-être encore trop basse la nuit pour permettre aux rongeurs de sortir de façon prolongée. Au BCEAW, nous capturons un groupe de lièvres du Cap (Lepus capensis) pour vérifier leur état de santé et marquer les derniers rejetons. Ceci est effectué environ tous les six mois et est la seule façon de gérer de façon précise ces groupes de lagomorphes. Cette fois, nous les transférons aussi vers un nouvel enclos pour permettre le nettoyage complet de leur cage actuelle. Un propriétaire d'une plantation de palmiers à Dhaid, ville voisine, appelle le BCEAW pour signaler la présence de "200 000 petits animaux" sur sa plantation, ressemblant aussi bien à des rats qu'à des écureuils. Il est particulièrement inquiété par les dégâts effectués par ces animaux. Nous nous rendons sur place pour identifier l'espèce et évaluer la situation. Nous repérons simplement et finalement un écureuil palmiste du Nord (Funambulus pennantii), espèce originaire d'Asie vendue dans les marchés animaliers de la région comme animaux de compagnie. Malheureusement, de nombreuses personnes les relâchent et ces animaux commencent à s'établir aux environs de Dubai. La plantation que nous visitons est bien sûr un lieu idéal, fournissant eau, abri et nourriture à volonté. Les dégâts aux palmiers semblent finalement assez limités et nous ne sommes pas de grand secours. Le propriétaire pourra toujours faire appel à une entreprise de destruction des espèces nuisibles. Sur la route de retour vers Sharjah, nous voyons des perruches à collier (Psittacula krameri), autre espèce non indigène introduite par les humains !

Vérification des pièges au lever du soleil
Vérification des pièges dans le désert

Je prends une journée de libre mardi puisque j'ai pu obtenir un rendez-vous au Burj Al Arab pour visiter leur aquarium. Cela fait maintenant près d'un mois que je n'ai pas été à Dubai et je suis étonné par les nombreux changements en si peu de temps... D'immenses ronds-points ont disparus, de nouvelles routes ont été construites... Björn m'accompagne aujourd'hui et nous sommes accueillis à 11h par Warren Baverstock, directeur de l'aquarium du Burj Al Arab. Celui-ci nous entraîne dans les coulisses et nous fait visiter toutes les zones techniques et d'élevage. Comme je l'expliquais dans le compte-rendu de ma semaine 7, le Burj Al Arab est un hôtel sept étoiles qui contient trois bassins, deux dans le hall d'accueil, dont la complète rénovation est envisagée prochainement, et un bassin principal dans le restaurant Al Mahara. Les aquariums dans le hall contiennent majoritairement des espèces aux couleurs vives, originaires de la Mer Rouge, tandis que des espèces locales évoluent aussi dans le bassin circulaire. En sus de la présentation pour les clients de l'hôtel, des recherches scientifiques et d'importants élevages sont effectués ici. Il y a, par exemple, été découvert récemment la parthénogenèse chez un requin zèbre (Stegostoma fasciatum). Parmi les succès de reproduction, nous découvrons plusieurs bacs d'élevage pour hippocampes et poissons clowns (Amphiprion sp.). L'équipe de l'aquarium s'implique également dans la conservation de la faune locale par l'intermédiaire d'un programme de récupération et de relâché de tortues marines. Plusieurs dizaines de tortues vertes (Chelonia mydas) et tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata), de tous âges et de toutes tailles, sont actuellement maintenues dans les coulisses de l'aquarium et suivies sanitairement. Dès qu'elles sont en bonnes conditions physiques, les tortues sont transférées dans un vaste bassin situé au Souk Madinat Jumeirah avant d'envisager leur relâché en pleine mer. Les tortues marines sont particulièrement touchées ces dernières années par les nombreuses constructions d'îles artificielles tout le long de la côte de Dubai. La crise économique mondiale actuelle semble ralentir quelque peu tous ces aménagements, ce qui offre un espoir pour la survie de nombreuses espèces marines. Warren Baverstock et son assistant David Robinson sont passionnés et particulièrement investis dans leur tâche quotidienne. Ils nous font encore passer par le restaurant Al Muntaha, situé au 27ème étage, pour apprécier la superbe vue sur Dubai et la mer. C'était hier le Nouvel An chinois et le Burj Al Arab grouille de touristes chinois de passage à Dubai.

Björn et moi allons prendre notre déjeuner au More Café, situé non loin du Burj Dubai. J'ai aussi réussi à obtenir pour cet après-midi un rendez-vous à The Lost Chambers, l'aquarium du complexe hôtelier The Atlantis. Nous y sommes à 15h et rencontrons Erica Knott, assistance de direction. Elle nous accorde une rapide visite des lieux puis nous mène dans les coulisses. Je suis surpris de découvrir que le bassin principal, qui totalise d'ailleurs plus de 10 millions de litres d'eau de mer, directement pompée dans la mer voisine, est à ciel ouvert ! J'aurais souhaité également visiter le Dolphin Bay voisin et en apprendre plus sur leur élevage de dauphins et la façon dont est géré au quotidien l'accueil du public, mais le Dr Alfonso Lopez, directeur du département vétérinaire, n'a malheureusement pas autorisé cette visite. Le hasard fait que nous le croisons aujourd'hui dans les coulisses de l'aquarium ! Sur la route de retour vers Sharjah, nous nous arrêtons à Festival City, autre vaste centre commercial, pour y effectuer quelques courses alimentaires.

En route pour le Burj Al Arab
Bassin principal du Burj Al Arab dans le restaurant Al Mahara
Restaurant Al Mahara
Une des deux salles privées du restaurant Al Mahara
Tortue verte de plus d'une centaine de kilogrammes récupérée la veille de notre visite
Suivi sanitaire de jeunes tortues marines
Élevage par parthénogenèse de requins zèbres
Vue sur Dubai à partir du restaurant Al Muntaha
Vue sur Dubai à partir du restaurant Al Muntaha
Bassin principal de The Lost Chambers
Bassin principal de The Lost Chambers
Requin baleine (Rhincodon typus)
Mérou géant (Epinephelus lanceolatus)
Festival City

Mercredi et jeudi, les préparatifs pour la conférence se poursuivent et s'accélèrent, puisqu'il ne nous reste plus qu'une dizaine de jours avant l'accueil des premiers participants. Jeudi soir, nous avons un sympathique barbecue autour de la piscine avec toute l'équipe du BCEAW à l'occasion du départ de Mandy Richards, assistante vétérinaire qui travaille ici depuis une dizaine de mois.

Vendredi est une de mes premières journées de repos au BCEAW depuis plus d'un mois. J'ai en effet passé la majorité des week-ends derniers à découvrir plusieurs pays de la Péninsule Arabique et c'est étrange de ne pas avoir de programme établi pour aujourd'hui. J'ai un peu de mal à combler les heures qui passent... Je travaille à mon ordinateur, vais visiter la Children's Farm et le musée botanique... J'apprends aussi que, suite à des événements indépendants de ma personne, je suis obligé d'annuler toutes mes futures visites. C'est une grande déception, puisqu'il me reste encore une bonne dizaine d'espaces zoologiques divers à découvrir à Dubai et dans les environs. Je devais d'ailleurs dès lundi passer une journée complète dans un de ces établissements et j'avais encore beaucoup d'idées pour les quelques week-ends qu'il me reste aux Émirats Arabes Unis. Il va falloir suivre l'évolution de la situation et voir comment cela se passe au courant des semaines à venir.

Brouillard matinal au BCEAW
Patte de dromadaire à la Children's Farm du Sharjah Desert Park

Samedi, je reprends le travail puisqu'il y a encore beaucoup de choses à préparer pour la conférence. A midi, j'accompagne le tour de nourrissage des ongulés pour prendre quelques photographies des vingt bouquetins de Nubie (Capra nubiana) nés ces derniers jours. Les portées, quasiment toutes gémellaires, sont précoces cette année, mais tous les petits sont en très bonne condition physique, et c'est un plaisir de les observer gambader en Jeune bouquetin de Nubie et sa mèrepetits groupes sur les rochers. Le troupeau d'oryx d'Arabie a également été augmenté ces dernières semaines avec la naissance de huit jeunes. J'ai aussi la visite aujourd'hui d'amis français vivant à Dubai depuis deux ans. Ils n'ont jamais eu l'opportunité de découvrir le Sharjah Desert Park et je me fais un plaisir d'être leur guide aujourd'hui.

Jeune bouquetin de Nubie et sa mère
Jeune bouquetin de Nubie (Capra nubiana)
Jeune bouquetin de Nubie (Capra nubiana)
Gazelle d'Arabie (Gazella gazella cora)