Dans les années 1950, alors que les cicatrices de la guerre commencent à peine à s'estomper, Maurice Clément et sa femme Odile, horticulteurs spécialistes des cactées, décident de quitter Marseille pour s'installer dans la campagne familiale. Un simple chemin de terre permet alors l'accès à ce coin de colline sur les hauteurs de la baie de Bandol. Le jeune couple citadin, sans un sou en poche et seulement assistés d'amis voisins, défriche et roule les pierres des restanques en ruines pour agencer les premières rocailles qui abriteront leurs trésors végétaux.
Peu à peu, le jardin de leurs rêves va émerger de la garrigue, peuplé à présent de représentants de ce monde étrange qu'est celui des cactus. Ils l'élaborent pour leur plaisir et vivent tant bien que mal en vendant leur production de plantes grasses sur les marchés des villages avoisinants.
Au cours de l'hiver 1956, un gel exceptionnel, jamais vu de mémoire de Provençal, anéantit les plantations et l'essentiel de la production horticole, ruinant ainsi tous les efforts des premières années. Heureusement, le beau-frère de Maurice Clément, Léo Jahiel, industriel lyonnais, et Madame Vogel, ancien professeur de français d'Odile, touchés par leur histoire d'amour des plantes et des animaux, vont donner le coup de pouce financier nécessaire pour racheter semences et boutures et tout recommencer.
Avec l'aide de leur petite équipe, le couple Clément va ainsi poursuivre sa création et même mettre les bouchées doubles tant et si bien que, seulement quatre ans plus tard, en 1960, le Jardin Exotique de Sanary attire nombre de visiteurs. Il ouvre ainsi officiellement ses portes au public, moyennant une modeste contribution.
Au fil du temps, le jardin va se peupler de toute une faune animale. A cette époque, les lois régissant les échanges internationaux d'animaux sont presque inexistantes et les grands voyageurs ou les marins, de retour de leurs lointains périples, ramènent volontiers singes et perroquets. Se lassant vite de leurs nouveaux compagnons et surtout de toutes les contraintes qui les accompagnent inévitablement, ils s'en déchargent auprès du Jardin Exotique de Sanary. Le peuplement du parc s'inscrit harmonieusement dans le cadre verdoyant et fleuri.
La voie est désormais tracée, et les Clément, assistés aujourd'hui par leur fils Olivier, n'auront de cesse d'embellir le parc et l'espace vital des animaux au fil du temps.
Après avoir franchi l'entrée, le visiteur est tout de suite plongé dans un univers de cactus et autres plantes exubérantes. Plusieurs serres tropicales, dont la première se trouve juste à droite, sont installées dans le parc. Des aras et des cacatoès sont présentés sur plusieurs petites îles ombragées.
Après avoir traversé un petit pont en bois, le visiteur trouve à sa droite une volière où cohabitent diverses espèces : ibis sacré (Threskiornis aethiopica), canard carolin (Aix sponsa), nette rousse (Netta rufina), dendrocygne à ventre noir (Dendrocygna autumnalis autumnalis), canard mandarin (Aix galericulata) et fuligule morillon (Aythya fuligula). Des saimiris à tête noir (Saimiri boliviensis) et des tamarins pinchés (Saguinus oedipus) vivent dans des volières aménagées avec de nombreux éléments naturels. Un vaste enclos voisin est occupé par des grues antigones (Grus antigone), des tadornes de Belon (Tadorna tadorna) et des coureurs indiens sauvages.
En continuant tout droit au travers de la végétation, le visiteur atteint l'enclos rocailleux des fennecs (Vulpes zerda). Juste à gauche se trouve celui des lamas (Lama glama). Les makis variés (Varecia variegata) sont présentés dans différents enclos aménagés avec des troncs et soutenus par des piliers en pierre. Des ânes (Equus asinus) et des poneys shetlands (Equus caballus) vivent également dans cette zone. L'enclos des suricates (Suricata suricatta) est de grande taille. Les différents animaux évoluent entre des blocs de pierre et du sable.
En face des suricates se trouve l'enclos des pécaris à collier (Pecari tajacu). Des moutons de Wallachy (Ovis aries) et des chèvres naines du Sénégal (Capra hircus) cohabitent dans un enclos ombragé.
Des lophophores resplendissants (Lophophorus impejanus) sont présentés dans une volière non loin de là. L'enclos des coatis bruns (Nasua narica) et des coatis à queue annelée (Nasua nasua) possède quelques rocs et un arbre mort en tant qu'enrichissement. Plusieurs espèces diverses cohabitent dans un enclos voisin : paon bleu (Pavo cristatus), wallaby de Bennett (Macropus rufogriseus), faisan vénéré (Syrmaticus reevesi) et nègre-soie blanc.
L'enclos des casoars (Casuarius casuarius) se trouve dans un recoin du sentier. En contrebas, un groupe de cochons vietnamiens (Sus domesticus) vit dans un petit enclos rocailleux. Des émeus (Dromaius novaehollandiae) sont présentés un peu plus bas sur le même sentier qui longe l'enceinte du Jardin Exotique de Sanary.
Le visiteur trouve à sa gauche l'enclos des daims communs (Dama dama). Un peu plus loin, plusieurs enclos abritant des céréopses cendrés (Cereopsis novaehollandiae), des cygnes noirs (Cygnus atratus) et des flamants (Phoenicopterus) sont aménagés autour du place ombragée. La végétation est très présente à cet endroit.
Le visiteur peut alors se diriger vers la partie haute du parc où se situe la deuxième serre tropicale du Jardin Exotique de Sanary.
La deuxième serre tropicale du parc est organisée en trois zones distinctes. Deux allées longent chacune des extrémités. La première correspond à une boutique où sont vendus toutes sortes d'objets et d'accessoires exotiques en bois et en matériaux divers. La deuxième partie de la serre est consacrée à l'exposition de plantes proposées à la vente. Il s'agit de nombreuses espèces de cactus. Des tortues aquatiques vivent dans un petit bassin situé au milieu des deux allées.
La troisième zone de la serre tropicale est aménagée avec une végétation luxuriante. Le visiteur découvre ainsi à l'abri de la végétation plusieurs petits enclos où sont présentés des ouistitis à toupet blanc (Callithrix jacchus), des petits cacatoès à huppe jaune (Cacatua sulphurea) et un kinkajou (Potos flavus). Les fennecs (Vulpes zerda) ont également la possibilité de pénétrer dans la serre à partir de leur enclos extérieur. Une humidité permanente est maintenue dans la serre par l'intermédiaire de pluies artificielles.
Une rangée de volières se trouve à l'arrière de la serre tropicale. Diverses espèces y sont présentées : cacatoès de Goffin (Cacatua sanguinea goffini), eclectus (Lorius roratus), faisan de Lady Amherst (Chrysolophus amherstiae), petit cacatoès à huppe jaune (Cacatua sulphurea), ara bleu (Ara ararauna), ara chloroptère (Ara chloroptera), perruche calopsitte (Nymphicus hollandicus), perruche Alexandre (Psittacula eupatria), petite perruche à collier (Psittacula krameri), perruche de Patagonie (Cyanoliseus patagonus patagonus), faisan d'Edwards (Lophura edwardsi), perruche omnicolore (Platycercus eximius), perruche ondulée (Melopsittacus undulatus), colombe diamant (Geopelia cuneata), diamant mandarin (Taeniopygia guttata castanotis), caille peinte de Chine (Excalfactoria chinensis).
Plusieurs espèces de primates vivent non loin de là. Les visiteurs découvrent tout d'abord des saimiris écureuils (Saimiri sciureus) juste après avoir observé les oiseaux cités ci-dessus. L'enclos des sapajous capucins (Cebus capucinus) se trouve au coin de l'allée. En montant à gauche, les visiteurs s'approchent des deux enclos des makis cattas (Lemur catta). Les gibbons lars (Hylobates lar) vivent dans un vaste volume circulaire. Tous ces enclos sont aménagés avec des branches et différentes essences naturelles. Les porcs-épics à crête (Hystrix cristata) sont présentés juste en contrebas des gibbons.
La visite du Jardin Exotique de Sanary se termine là.
En conclusion, le Jardin Exotique de Sanary offre un cadre intéressant à la présentation de petits mammifères, d'oiseaux et de primates avec une association réussie entre la faune et la flore.