Zoo de Mulhouse : un soigneur/un animal

Soigneur animalier, éthologue, vétérinaire... Les possibilités sont multiples...

Zoo de Mulhouse : un soigneur/un animal

Messagepar Philippe » Dimanche 17 Juillet 2016 7:31

Aline et Elsa

Direction le secteur des lémuriens du zoo de Mulhouse. Parmi une quarantaine de protégés, Aline Drouin a choisi de nous y présenter Elsa, femelle vari roux au tempérament confiant et curieux.


« Elsa, avec ses gros yeux clairs écarquillés, c’est vraiment ma chouchoute… » Au secteur des lémuriens du zoo de Mulhouse, Aline Drouin se colle contre la vitre de l’enclos des varis roux et la dite Elsa s’approche, en confiance… Marley et Mushu, ses deux petits, nés le 20 avril dernier, font les fous. Quand au papa, Teddy, il reste dans son coin.

Elsa et Teddy, c’est une vraie histoire d’amour, si l’on en croit la soigneuse, au zoo depuis douze ans. « Il y a des couples qui se supportent et qui se chamaillent beaucoup mais eux, ils s’aiment. Teddy avait été avec une autre femelle pendant trois ans, puis on les a remis ensemble. À peine ils se sont vus qu’ils se sont mis à faire des petits bruits puis un gros câlin. » Si Elsa est née au zoo, en 1992, Teddy lui vient de Madagascar. « C’est une capture sauvage, il est donc intéressant génétiquement. » Arrivé au parc en 1985, ce n’est donc pas un jouvenceau et pourtant, malgré ses petits soucis de santé, le voilà encore papa !

Vingt-cinq descendants

Elsa, elle, est une mère d’expérience. « Elle a eu 36 petits, dont 25 ont survécu, précise Aline. Elle a pour habitude de faire ses petits dehors, un peu à la sauvage. » C’est ce qui s’est passé pour les deux derniers. « Elle les a faits à 10 h du matin, les a bien nettoyés, ils étaient tout propres, puis on les a mis dans un hamac à l’intérieur. Elle s’en est bien occupé ! » Ce qui n’est pas toujours le cas apparemment, Elsa n’étant « pas une super bonne mère » , selon Aline.

Lorsque la jeune femme pénètre dans l’enclos, la rousse Elsa rapplique illico pour manger les petits bouts de pomme offerts par la soigneuse. « Elle est vraiment curieuse, elle me laisse toucher ses petits aussi. Elle les sort le matin, mais ne les rentre pas le soir, elle est plus intéressée par la nourriture, alors elle nous laisse faire… Elle nous fait confiance. » Teddy, lui, c’est une autre affaire. « Il fait la tête tout le temps, manger dans la main, il faut vraiment que ce soit intéressant… Il est vraiment très différent d’Elsa. Et le pauvre, il est complètement dominé. »

Elsa, elle, ne boude pas son plaisir. Et ce n’est pas tous les jours qu’elle peut ainsi se régaler sans compter. Car, chez les lémuriens élevés en zoo, le point le plus délicat, c’est l’alimentation. Gare aux kilos en trop ! Fruits et légumes : « On pèse tout ce qu’on donne, chez certains, il faut vraiment faire attention, notamment pour la reproduction. À Madagascar, ils n’ont pas de fruits tout le temps par exemple, note Aline. Il faut vraiment réguler et adapter. Seuls les bébés et les mères allaitantes ne sont pas au régime. »

Pesée tous les mois

Peser les aliments fait donc partie du travail des soigneurs, mais peser les lémuriens aussi ! Une fois par mois, tout le monde passe sur la balance. Soit une quarantaine de lémuriens de tout poil. « Ils sont habitués. On les habitue aussi à rentrer dans des caisses pour qu’ils n’aient pas peur lors des transports… »

Autre point délicat avec ces animaux, le risque de gelures aux pattes lors des hivers très froids. « C’est pourquoi, dans chaque cage, on a un petit chauffage. Ça leur permet de sortir presque toute l’année. » Et de s’installer dans le hamac situé juste dessous. Hamac où pour l’heure Teddy le ronchon s’est installé, tandis qu’Elsa la curieuse prend congé de la soigneuse. Sa chouchoute à elle aussi ?

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Non seulement Elsa mange dans la main d’Aline, mais en plus elle lui laisse toucher ses petits.
Source : L'Alsace.
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Messagepar Philippe » Jeudi 21 Juillet 2016 7:53

Delphine et les suricates

Toujours sur le qui-vive, ces guetteurs figurent parmi les vedettes du parc. Bien que spécialiste des mammifères marins, Delphine Jacquot, soigneuse au secteur des carnivores, s’est aussi prise de passion pour eux. Le nouveau volet de notre série sur les soigneurs animaliers du zoo de Mulhouse fait étape dans l’enclos très animé des suricates.

« Ils m’éclatent, ils sont tout le temps en mouvement et tout les intéresse. Et puis, avec eux, on peut avoir des contacts. Avec les carnivores, ce n’est pas si fréquent ! » Sûr qu’un câlin avec un ours ou un tigre, même de l’Amour, ce n’est pas recommandé. Alors qu’avec les suricates, pas de danger… Et lorsqu’elle évoque les plus petits de ses protégés, Delphine Jacquot, soigneuse chez les carnivores au zoo de Mulhouse, a le sourire jusqu’aux oreilles. Visiblement, s’occuper de ces remuantes bestioles n’engendre pas l’ennui.

Les « Chnoukis » ou les « Sussus »

Rien que le recensement, dans cet enclos troué comme un gruyère, c’est déjà toute une affaire. « Combien de petits on a eu au total ? (les suricates sont présents au zoo depuis 2010). On ne les compte plus. En moyenne, on a entre trois et six petits par portée, deux ou trois portées par an, explique Delphine. Cette année, on a eu huit petits et on va encore en avoir. Là, on est à 29 au total. » Et les soigneurs les reconnaissent tous ? « La seule qu’on distingue vraiment, c’est Marie, la maman. Elle a des tétons visibles et elle a tout le temps faim à cause des bébés. Mais mon préféré, c’est le papa, il est plus discret. On le reconnaît parce qu’il est plus gros et qu’il fait plus vieux que les autres… » Marie et « le papa » sont les géniteurs de tous les autres, juste appelés « les Chnoukis ou les Sussus ».

Un seul couple reproducteur, c’est la loi dans un groupe de suricates. Lorsque les jeunes arrivent à la maturité sexuelle, « tout le groupe les chasse ». Et, précise la soigneuse, « c’est pas sympa, quand ils les chassent. C’est tendu, ils pourraient aller jusqu’à la mort… » Le zoo doit alors retirer les persécutés pour les placer dans d’autres zoos. Pas toujours cool, donc, les « Sussus ». Et l’organisation dans le groupe, ça ne rigole pas. Si Marie est la seule à faire des petits, « pour l’éducation, tout le monde s’y met. Les grands frères et sœurs surveillent les bébés, leur amènent à manger… » Tout le monde se colle aussi, à tour de rôle, à la fonction de guetteur, perché sur les pattes arrière. Et quand on est guetteur, on guette !
Ainsi, lorsque Delphine entre dans l’enclos avec une gamelle, tout le monde se précipite. Excepté le veilleur du jour, stoïque, qui ne bouge pas. « Sauf parfois quand il y a de l’œuf dur, ils craquent, rigole Delphine. Ils adorent ça… » Œuf dur, mais aussi crevettes, cœur de bœuf, poussin, croquettes pour furet et même des fruits et légumes, tous les mercredis ( « le jour qu’ils aiment le moins » ) : le menu de ces petits carnivores est différent chaque jour de la semaine.

Si guetter est dans l’ADN des suricates, creuser l’est aussi. « Il faut tout le temps qu’ils creusent, l’enclos est différent chaque semaine… Un jour, on a fait l’expérience de mettre une caméra dans un terrier, mais ça n’a rien donné. On avait juste des têtes de suricates qui venaient voir ce qui se passe… »

Creuseur et bricoleur

Car ce guetteur creuseur est un grand curieux, tendance bricoleur. « Un monsieur a fait tomber son portable dans l’enclos, ils ont commencé à le démonter et voulaient l’emmener dans les galeries… », illustre Delphine. Pour l’enrichissement, « on a fait une boîte avec du bambou pour qu’ils aillent chercher la nourriture dedans, ils ont démonté la boîte… » Les soigneurs leur donnent aussi « du vivant » , blattes, grillons, vers de farine, « pour eux, c’est rigolo ».

À part ça, bien que petit, le suricate est costaud. « En hiver, on essaie de faire attention aux pneumonies pour les jeunes mais on intervient très peu, précise Delphine. Ils ont des boxes chauffés mais ils rentrent s’ils veulent… »
On l’aura compris, les suricates sont incontrôlables, et c’est là tout leur charme !

Les sentinelles du désert


Le suricate (Suricata suricatta), parfois surnommé « sentinelle du désert », est un mammifère diurne de la famille des Herpestidae (mangoustes). Il vit en colonie dans les plaines semi-désertiques du sud-ouest de l’Afrique, où il creuse des terriers (où naissent les petits) et où il doit se protéger de nombreux prédateurs (notamment les rapaces et les serpents). L’espèce n’est pas en danger.

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Lorsque Delphine Jacquot entre dans l’enclos des suricates avec de la nourriture, tout le monde se précipite. Sauf, le guetteur (au fond, sur la fausse termitière) qui guette !
Source : L'Alsace.
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Re: Zoo de Mulhouse : un soigneur/un animal

Messagepar Philippe » Mardi 02 Août 2016 7:06

Cyril et les saïmiris

Noirs, gris et dorés, vif-argent, les saïmiris sont toujours en mouvement. Le groupe du zoo de Mulhouse compte actuellement huit individus dont deux nouveau-nés agrippés au dos de leur mère. Ces petits singes joueurs et curieux sont les préférés de Cyril Hantz, soigneur au secteur des primates.

Leurs petits doigts menus tentent de se faufiler, d’ouvrir le gros poing fermé, d’en extirper ce qui s’y cache. Car Cyril Hantz n’est pas entré dans l’enclos des saïmiris sans gourmandises. Et ils le savent bien, les p’tis malins, qui se précipitent sur leur soigneur sans l’ombre d’une crainte. Pour les pousser aussi à fouiller, celui-ci cache les vers frétillants (un délice !), sous les brisures d’écorce qui tapissent le sol de l’enclos. Les singes grattouillent d’un air affairé. « Dans la nature, ils passent 50 % de leur temps à la recherche d’insectes qui constituent 70 à 80 % de leur alimentation » , explique Cyril.

Des caresses pour détecter les plaies

Le soigneur profite de ce moment pour passer doucement la main sur le dos des petits primates, y compris sur les bébés accrochés à leur mère. Un mois pour l’un, une quinzaine de jours pour l’autre : pour l’instant, ils ne décollent pas du dos maternel ( « Ils s’accrochent ou ils meurent ! ») , se contentant de coulisser sous son ventre pour téter. « Mais on les habitue au contact, car, à un moment, il va falloir les choper pour les sexer et les pucer, ce sera forcément du stress… », explique Cyril. Pour les bébés, comme pour les adultes, il s’agit aussi, par ces caresses, de vérifier l’absence de plaies. « Les saïmiris se chamaillent beaucoup, ils peuvent se blesser et après il y a des risques d’infection. »

Paisiblement assis dans l’enclos au milieu de la petite bande d’agités, le jeune soigneur est à son aise : « Parmi les primates, ce sont mes préférés . Les saïmiris sont joueurs, curieux et ils connaissent bien la hiérarchie. Le mâle dominant sait que je suis au-dessus de lui et il me laisse tranquille… » Sans oublier qu’avec ces petits singes ultra vifs, « il est possible de travailler. On leur apprend à monter sur la balance, à se laisser caresser, à ne pas mordre. Les jeunes sont cool, on peut les tenir par la queue et en faire ce qu’on veut… »

Et le groupe actuel, qui compte huit membres, « fonctionne bien », estime Cyril. « À la demande du coordinateur du programme d’élevage, on a récemment changé de mâle, car il y a un effet de lassitude chez les femelles… » Chez les saïmiris, ce sont donc les mâles qui tournent de zoo en zoo. Eh oui ! Le nouveau monsieur s’appelle Xanthos et « il est très cool. On a eu un peu de mal à l’intégrer au départ, puis on a enlevé les jeunes mâles qui n’étaient pas de lui et depuis, ça va mieux. La hiérarchie est en place ».

« Le mâle dominant me laisse tranquille »

Les deux mères de famille sont Marie et Flitz, leurs petits n’ont pas encore de nom. « Elles les gardent sur le dos deux-trois mois. À un moment, elles vont se faire aider par les autres femelles du groupe pour les porter. Vers six mois, elles vont commencer à les chasser et à les laisser se débrouiller. » Mais au moindre stress, hop, c‘est retour sur le dos de maman : « Et cela jusqu’à la naissance d’un autre petit. » Dans le groupe du zoo, il y a encore Loka, une jeune femelle, Calvin, un jeune mâle que « Xanthos a bien accepté », et Diego, le plus jeune de la bande, hormis les bébés. Et tous ont « leur caractère ».

Mais tous sont nourris, par Cyril et ses confrères, de fruits et légumes, granulés, graines de tournesol, salades et insectes (vers et grillons de l’élevage du zoo). « On leur ajoute une poudre composée de vitamines et de minéraux », précise Cyril. Tout cela permet aux singes écureuils de se porter globalement très bien. « Avec eux, il faut juste faire gaffe aux changements de température et on ne les sort pas en dessous de 8 °C. » Et quand un petit singe n’est pas bien, « il faut qu’on le voie tout de suite. En cinq jours, un animal peut mourir d’une pneumonie ».
D’où l’importance, comme Cyril avec les « saï », d’être au plus près des animaux.

Des singes d’Amazonie


Les saïmiris, ou singes écureuils, sont originaires de Bolivie, du Pérou et de l’ouest du Brésil, où ils vivent dans la forêt amazonienne en groupe d’une vingtaine d’individus et communiquent entre eux en sifflant et en gazouillant. Dans la nature, l’espèce est protégée et pas vraiment menacée, classée « en préoccupation mineure » par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ils sont aussi très bien représentés dans les zoos.

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Entre Cyril et les saïmiris, le courant passe. Surtout lorsque le soigneur entre dans l’enclos les mains pleines.
Source : L'Alsace.
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