En juillet 2018, elle fêtera ses vingt ans. La Vallée des singes à Romagne (Vienne) étonne en conduisant une politique par la preuve.
Un spécialiste des primates, venu visiter le site voilà plus de deux décennies, avait assuré que voir des singes à Romagne relevait d’un concept foireux. Le lieu et son environnement « ça ne marchera jamais », avait-t-il dit à Emmanuel Le Grelle, président de la SAS La Vallée des singes. Perdue au milieu des champs, entourée de terres agricoles, l’idée était celle de René Monory. Rien ne pouvait résister au shérif, président du conseil général et homme influent à tous les niveaux de l’État.
Emmanuel Le Grelle, désigné pour relever le challenge, regarde, aujourd’hui, – vingt plus tard – dans le rétroviseur en laissant échapper un sourire de satisfaction. Non seulement ce parc animalier progresse chaque année mais il est LE référent français quant à sa collection (34 espèces représentant 450 individus), et à son savoir-faire dans le domaine des primates. IL est aussi l’un des sites européens qui compte avec celui d’Apenheul à Apeldoorn au Pays-Bas.
Pas de wifi, “ c’est incompréhensible ”
Mieux, cette entreprise, qui embauche 40 personnes « équivalent temps plein » dont 28 permanents, est la seule qui possède le plus important groupe de bonobos au monde constitué de vingt-quatre individus arrivés en 2011, détrônant ainsi San Diego en Californie.
La Vallée des singes s’inscrit dans un milieu naturel où évoluent les animaux sans contrainte de l’enfermement. Ni cage de verre ni barreaux, ils respirent un air presque libre – la nuit, ils rentrent dormir dans leur univers, des abris construits spécialement pour eux. Cette vie chouchoutée par une équipe de soignants à l’affût du moindre bobo n’enlève pas la lucidité d’Emmanuel Le Grelle : « Ces animaux ne pourraient pas revenir à l’état sauvage mais ce sont des ambassadeurs de leurs congénères dans la nature. » Ajoutant : « Notre première mission, c’est la pédagogie et expliquer pourquoi ils sont en voie de disparition. »
Au-delà de cet aspect de présentation dans un milieu naturel, le parc soutient des projets « in situ », notamment au Gabon avec les bonobos.
L’air du Poitou semble plutôt sain pour les différentes espèces qui se reproduisent sans trop se poser de questions : quelque sept cents naissances ont jalonné, ces vingt années durant, les journées des soignants pour le plus grand bonheur du public (200.000 visiteurs en 2017).
Pour marquer cet anniversaire Emmanuel Le Grelle programme en juin et juillet deux rendez-vous aux visiteurs. Car ce sont eux « qui nous font vivre », rappelle-t-il.
La SAS, qui a racheté le foncier et l’immobilier en 2011, ne bénéficie d’aucune subvention. Le combat du président de la SAS se porte davantage sur l’absence de Wifi par manque de débit. « C’est incompréhensible. » « J’attends l’installation d’un nouveau pilonne, les portables passent à peine », peste-t-il. Probable que la liaison va être rétablie : Bruno Belin, le président du conseil départemental, accompagné notamment des élus en charge du numérique et du tourisme visitaient le parc hier [lundi 16 avril 2018] après-midi.
Romagne : deux rendez-vous en juillet pour la vallée des singesDeux rendez-vous sont proposés au public, cet été, dans le cadre des 20 ans de l’ouverture de la Vallée des singes.
> Primates run. C’est une course d’obstacles de 9 km, sans classement avec une traversée du parc. (Pyramides de bottes de paille, mur d’escalade, énigme toiles d’araignée). Dimanche 3 juin. Tout le monde peut y participer : de 7 à 77 ans. Inscription : 10 € ou 20 € (course + visite).
conservatoire.primates@gmail.com tél. 05.49.87.81.54.
> Prim’arts. Festival art (du 12 au 15 juillet de 10 h à 19 heures) au profit du conservatoire pour la protection des primates. Des artistes professionnels exposeront sur l’art animalier. Parmi eux notamment, Jean-Charles Maïna, sculpteur-photographe, Nicole Doray-Soulard, céramiste Raku, « Geladas », Patrice Quillard, photographe. Programmation d’un film animalier.
> Projets. Introduction d’Orang-outan dans un cadre forestier d’un hectare jamais vu en France. D’ici à deux ans.
Avant cette date, des loutres du Brésil avec des tamarins et des ouistitis devront faire ménage ensemble. Un mixte qu’Emmanuel Le Grelle pourrait réaliser également avec des tortues géantes et des lémuriens qui ont le même biotope.
Emmanuel Le Grelle, en présence des singes-écureuils (les Saïmiris), au cœur du parc animalier.
Source :
La Nouvelle République du Centre-Ouest.