Après Marius, le lion d'Odense...

Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar kelloche53 » Vendredi 26 Janvier 2018 20:43

Est-ce que vous pensez que c'est une pratique courante dans nos parcs français ?

Je suis troublée par certains événements dans quelques uns de nos parcs notamment sur quelques décès de Beauval

Le petite lionne de 2016 (l'avant dernière portée où 3 des 4 petits étaient morts très peu de temps après leur naissance tués par leur mère) et la petite survivante avait été élever par ses soigneurs puis devait rejoindre sa mère, tout se passait bien et du jour au lendemain plus de petite lionne (peut-être sa mère j'en sais rien, je cherche justes des infos) et aussi sur une naissance encore plus troublante ...

Apparemment en Juillet, il y a eu une naissance de lycaons (passé sous silence ? J'en avais pas entendu parler jusqu'à ce soir), 8 petits sont nés, l'excuse (ou la vérité) donné à ma "source" était que la mère inexpérimentée les auraient abandonnée (jusque là c'est très probable, la femelle étant primipare) mais en même temps on lui a dit qu'ils n'ont pas prévu assez de place pour une aussi grosse portée (en même temps vu la taille de l'enclos c'était pas étonnant ...)

Je me fait peut-être un film mais qu'est-ce que ça vous inspire ?
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar Thibaut » Vendredi 26 Janvier 2018 21:18

Les lycaons sont en EEP, si je comprends ils appartiennent à un élevage et non au zoo en particulier non ? Donc toute une portée qui disparaît ça me parait un peu gros.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar GPN » Vendredi 26 Janvier 2018 22:38

Les animaux en EEP n'appartiennent pas au programme d'élevage mais au zoo qui les accueille ou celui qui les hivers prête (dans le cas des prêts d'élevage).

Concernant la question des lycaons je n'ai pas de réponse.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar Thibaut » Vendredi 26 Janvier 2018 22:40

Merci de la précision GPN. :)
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar éric13 » Vendredi 26 Janvier 2018 22:52

@kelloche53

Oui, tu te fais un gros film là !
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar kelloche53 » Dimanche 28 Janvier 2018 18:07

C'est fort possible, avec les dernières actualités je me suis dit que ça pouvait être possible (même si j'espérais que se soit non), mais il y a bien eu une portée complète (8) abandonnée par la mère en Juillet dernier
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar furylion » Lundi 26 Mars 2018 13:20

Voici un article datant de 2014, du site http://www.legorafi.fr/. J'espère qu'on ne m'en voudra pas de l'avoir partagé ici.

Après une girafe et des petits lions, un zoo danois va abattre plusieurs de ses gardiens

Image

Copenhague – L’émotion est grande après l’annonce par un zoo danois de l’abattage de trois de ses gardiens. Selon le zoo, les trois gardiens n’avaient pas réussi à trouver leur place parmi les autres et n’auraient jamais pu se développer ni grandir convenablement.

En effet, un nouveau gardien est arrivé il y a peu et a rapidement commencé à prendre de plus en plus de responsabilités. Cette annonce intervient au lendemain de l’abattage de plusieurs lionceaux et seulement quelques semaines après celui d’un girafon, qui avait soulevé de fortes protestations. « Il faut arrêter de se leurrer, ces gardiens n’étaient pas viables en l’état » affirme cependant de son côté le porte-parole du zoo qui pointe du doigt l’hypocrisie des critiques reçues. « J’aimerais bien voir dans quelles conditions les gardiens des autres zoos vivent. » a-t-il ainsi lancé.

Plusieurs zoos avaient aussi proposé d’accueillir les gardiens mais les négociations n’ont hélas pas pu aboutir. Des dizaines de pétitions ont fleuri sur les réseaux sociaux, implorant qu’on épargne les gardiens, tandis que certains espéraient qu’ils soient relâchés dans leur milieu naturel. Une action impossible hélas selon des spécialistes. « Ces gardiens ont vécu toute leur vie dans le zoo, ils ne sont pas du tout adaptés à une vie à l’extérieur, ils ne survivront tout simplement pas » explique de son côté un expert.« La mise à mort est pour eux préférable et plus propre ».

Et à l’instar du girafon, le zoo a annoncé que l’autopsie des gardiens abattus sera aussi ouverte aux plus jeunes puis les restes des corps seront jetés en pâture aux animaux.

La Rédaction
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar éric13 » Lundi 26 Mars 2018 22:16

Quel humour, d'autant que le soigneur en photo est Berlinois, ça a dû lui faire plaisir de servir d'illustration !
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar Thibaut » Mardi 27 Mars 2018 10:51

On aime ou on aime pas mais ça reste la marque de fabrique du Gorafi, moi personnellement j'ai bien aimé.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar Therabu » Vendredi 29 Mai 2020 8:03

Je souhaitais partager ici un article écrit dans la revue Zooquaria. Je le partage ici mais il aurait aussi bien sa place dans le sujet suivant : viewtopic.php?f=19&t=10781&hilit=euthanasie ou bien le sujet sur la gestion des collections.

Article original disponible en anglais à ce lien : https://www.eaza.net/assets/Uploads/Zoo ... v5-web.pdf

L'auteur est le coordinateur de l'EEP du cerf pseudaxis, travaillant au zoo d'Ostrava. Il expose à partir des données qu'il a à sa disposition, les effets d'un arrêt temporaire de la reproduction sur la structure d'une population.
Avant de commencer, il faut spécifier que le cerf pseudaxis du Vietnam (Cervus nippon pseudaxis) est un taxon éteint dans son milieu naturel. L'espèce s'acclimate facilement en Europe et la reproduction est facilement obtenue. 383 individus dans 30 parcs de l'EAZA sont recensés par l'EEP créé en 1990. Depuis 2015, le zoo d'Ostrava gère aussi un studbook mondial coordonnant les différentes populations entre elles. En Amérique du Nord, la situation est différente. Faute d'intérêt (3 parcs seulement), la population sur le continent est en déclin et compte une trentaine d'individus.

Je ne reprendrais pas les explications sur le rythme de reproduction qui est comparable à celui du cerf élaphe de chez nous (rut saisonnier, harem de mâles dominant engendrant une progéniture nombreuse sur de courtes périodes).

Leçon 1 : les troupeaux reproducteurs qui oublient ce qu'est se reproduire

Très rapidement, la rapidité de reproduction du pseudaxis et l'absence de prédation a conduit à saturer l'espace disponible dans l'EAZA pour l'espèce. La reproduction a donc du être arrêtée, soit par le retrait des mâles ou bien par castration. En 2012, beaucoup de groupes ne reproduisaient plus depuis plusieurs années mais afin de ne pas perdre les gènes de certains individus encore peu représentés, le coordinateur a recommandé l'introduction de mâles spécifiques pour relancer une reproduction ciblée sur quelques individus de trois groupes. Les résultats sont évidents : un seul de ces 3 groupes est parvenu à relancer la reproduction, et encore, seulement pour 50% des femelles en âge de reproduire.

Deux nouveaux parcs ayant choisi d'accueillir l'espèce se sont aussi lancé dans l'élevage avec des groupes constitués de femelles âgées, d'autres plus jeunes et d'un jeune mâle. Seules les jeunes femelles se sont reproduit.
Les résultats sont clairs. Après plusieurs années de non-reproduction, le potentiel reproducteur est définitivement perdu. Face à la décision d'abandonner la reproduction plutôt que de laisser reproduire quitte à euthanasier la progéniture, près d'un quart de la population européenne de sikas du Vietnam est inactives sexuellement. Les effectifs européens considérés simplement donnent donc l'illusion d'une belle population florissante mais sa capacité à se maintenir est considérablement atteinte.

Leçon 2 : des troupeaux non reproducteurs sont essentiels pour l'élevage

Les parcs montrent une préférence vers les groupes de femelles (probablement pour avoir des jeunes, mais aussi parce que plus simples à faire cohabiter et à gérer). Cela mène à une population dont le sex/ratio est très biaisé où finalement peu de mâles transmettent leur gènes.
Avoir des réservoirs de mâles prêts à remplacer un spécimen ayant déjà largement transmis ses gènes est essentiel pour le coordinateur mais cela implique que des parcs se dévouent pour accueillir des groupes uniquement constitués de mâles.
En l'absence de ce réservoir, le coordinateur a donc envoyé de jeunes mâles inexpérimentés en guise de successeurs. Ce "recrutement" peu optimal semble avoir causé des soucis comportementaux et de reproduction dans plusieurs parcs.
Bien qu’apparemment inactif reproductivement, les groupes bachelor sont donc essentiels au bon fonctionnement d'un programme d'élevage et à son expansion. A l'inverse, les groupes "reproducteurs" ne reproduisant plus étaient responsables d'éroder la population future de cette espèce qui est, je le rappelle, éteinte à l'état sauvage.
Le coordinateur a bien tenté de forcer la main aux parcs en décidant que les nouveaux détenteurs se verraient affecter un groupe de mâles mais cela a finalement plutôt eu un effet répulsif, amenant à se détourner vers d'autres espèces (coucou les centaines de cerfs axis qui servent à rien :mrgreen: :twisted: )
Finalement, quelques institutions ont sauté le pas et un premier parc s'est investi dans la participation à l'EEP avec des bachelor-groups.

En résumé, l'EEP faisait face à deux problèmes : la politique de ne pas euthanasier d'animaux a résulté en un arrêt de la reproduction qui s'est traduit en une perte de capital génétique et reproductif à moyen terme, et l'insuffisance de mâles expérimentés et génétiquement intéressants.
Les détenteurs peuvent être divisés en deux : ceux qui pratiquent la politique de l'euthanasie et ceux s'y refusant. Pour ces derniers parcs, leur participation à l'EEP devrait donc se concentrer sur la détention de groupes de mâles célibataires afin de laisser les femelles dans les parcs plus "libertariens" et ne pas amputer la capacité reproductrice de la population. Cette discipline est capitale pour ne pas se retrouver confronté au cas américain où paradoxalement, le désir de favoriser une reproduction sans coordination a donné lieu à une lente disparition du cheptel.

Les leçons tirées de l'histoire de cet EEP ne sont pas uniques au cerf sika du Vietnam et peuvent probablement être répliquées pour toutes les espèces de cerfs voire d'ongulés suivant des structures de harem. Seul le statut de conservation du taxon souligne dans ce cas précis le besoin de responsabilité des parcs dans la gestion des cheptels.

Je trouve l'article très intéressant car apportant un argument trop souvent oublié dans ce débat qui s'articule surtout sur des considérations éthiques. C'est une question difficile où se confrontent des aspects scientifiques et d'autres éthiques apparemment contradictoires. Enfin, la répartition des groupes en fonction de la politique concernant l'euthanasie démontre que les deux positions peuvent être conciliées au sein de l'EAZA. La diversité culturelle des institutions de pays différents semble ici être un véritable atout par rapport à l'AZA par exemple. Un autre sujet de réflexion intéressant !
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar orycterope » Vendredi 29 Mai 2020 8:30

Merci Therabu pour ces résumés passionnants!

J'ai déjà lu le numéro de zooaquaria sur les tortues et n'avait donc pas pris la peine de commenter, mais ton travail sur l'autre sujet est aussi considérable et bienvenue sur ce forum.

En plus d'aborder des billes scientifiques qui aideront les parcs à gérer les EEP, cet article peut servir aussi au parc à justifier une politique d'euthanasie, par d'autres raisons que "la présence de jeunes constitue un enrichissement pour la mère/pour ne pas perdre l'instinct maternel".

C'est en effet plus complexe que cela, et ça rejoint le sujet où il a été discuté des éléphants dont de nombreuses femelles ne sont pas/plus en capacité de se reproduire car ne l'ayant pas fait depuis longtemps et n'étant donc plus cyclé.

Je pense que l'euthanasie de cerfs est plus facile à justifier auprès du public (il y a tout de même de nombreux élevages de cerfs élaphes pour la viande en Europe), ou simplement plus difficile à découvrir pour les visiteurs : des abonnés auront plus tendance à demander aux soigneurs : "il est passé où le bébé tigre", que "il est passé où le 5 bébé cerf axis né cette année", surtout s'il y a tout le temps des jeunes dans le groupe.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar éric13 » Vendredi 29 Mai 2020 22:54

Le zoo de Berlin a procédé de cette manière avec leurs gaurs.
Très vite, les quelques autres zoos accueillant les jeunes sont arrivés à saturation.

Dans la logique, Berlin aurait dû mettre son groupe en "pause contraceptive" mais ne l'a pas fait pour justement ne pas "casser" la reproduction.

Comme très peu de monde s'intéresse à ces bovins, personne n'a hurlé.

= = = =
Avec les girafes, on a un autre exemple bien connu des zoos concernant les stratégies en reproduction qui tournent mal.

Pourquoi est-ce que les sous-espèces de Massai (à Bâle) et de l'Angola (à Dortmund et Lisbonne) se sont cassés la gueule ?
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Il n'y avait plus assez de mâles !

(Dans le même ordre d'idée qu'avec les gaurs, Paris a permis à la sous-espèce de Kordofan de s'établir parce qu'ils n'ont pas arrêté la repro de leurs girafes,
je parle de l'époque où ils étaient les seuls)

= = = =
Autant au début, j'étais très réservé sur la position défendue par Bengt Holst de passer par l'euthanasie pour continuer à disposer d'une population saine.

Autant maintenant, je suis d'accord avec cette stratégie car beaucoup d'exemples montrent que la contraception entraîne des complications pour remettre en route la reproduction. Mais pour en arriver à cette position, il faut dépasser le cadre de l'individu et voir dans cette pratique une stratégie d'ensemble.

Je pense que c'est un long chemin pour que le public l'accepte. Mais si on explique clairement en quoi l'euthanasie maintient une population saine, pourquoi pas ?

La difficulté suivante sera de décider pourquoi avec cette espèce oui et une autre non ! Un débat sans fin, j'ai bien peur.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar Therabu » Samedi 30 Mai 2020 8:15

éric13 a écrit:
La difficulté suivante sera de décider pourquoi avec cette espèce oui et une autre non ! Un débat sans fin, j'ai bien peur.


C'est bien l'argument qui m'empêche d'avoir une position arrêtée sur la question à titre personnel.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar abel » Samedi 30 Mai 2020 10:25

Merci pour ces éléments intéressants Therabu, qui éclairent le débat. La question est pour moi à poser comme ceci: le maintien d'une population captive la plus viable possible justifie-t-elle la pratique d'une euthanasie institutionnalisée, programmée ? Je ne suis pas certain d'avoir la réponse, mais j'avoue que cela me dérange un peu. C'est une vision de l'animal (en tant qu'individu) qui m'apparaît problématique. Qui plus est, l'argument me semble inaudible pour le public. On touche vraiment là, pour moi, aux limites de la captivité.
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Re: Après Marius, le lion d'Odense...

Messagepar emil19 » Mardi 02 Juin 2020 20:48

Merci Therabu !

abel a écrit:le maintien d'une population captive la plus viable possible justifie-t-elle la pratique d'une euthanasie institutionnalisée, programmée ? Je ne suis pas certain d'avoir la réponse, mais j'avoue que cela me dérange un peu. C'est une vision de l'animal (en tant qu'individu) qui m'apparaît problématique.


Pour moi, vu de façon plus globale cette question ne se pose pas :
- Le cerf va surement nourrir un tigre ou un lion du zoo, remplaçant du bétail. Compté strictement en "individus", la vie du cerf sauve la vie de vaches ou de poulets. Le bilan est nul sur ce plan.
- La seule chose qui fait que la vie du cerf est plus importante que celle du bétail, c'est sa valeur génétique pour l'élevage ou la nature (il faudrait étudier le bilan d'une réintroduction aussi).

Si l'élevage et la nature s'en sortent mieux sans lui... le bilan global est clairement en faveur de l’abattage.

Reste l'aspect "éthique", que je comprend tout à fait pour des grands singes par exemple. Mais pour des ongulés... pour ma part j'ai vite choisi mon camp.
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