par emil19 » Jeudi 18 Janvier 2018 19:38
Tout d'abord merci à Vinch, Okapi et Jules de m'éviter d'avoir à répondre à l'"argument" : "c'est ridicule"
Dans mon métier, je regarde pas mal d'étude d'impact pour divers projets. Le pire, en règle général, en matière d'atteinte à environnement c'est d'avoir à toucher, même temporairement, à des zones humides. Et, Thibaut, quand tu parles de Beauval, tu vois la partie ancienne du parc avec le ruisseau aux canards, la mare des flamands, les îles des singes,... aujourd'hui ça n’accueille que quelques carpes et de grosses espèces exotiques qui n'ont rien à faire là a priori. A ton avis, c'était comment avant ?
Y a de bonnes chances pour que ça ait été une zone humide avec des étangs et des berges de cours d'eau plutôt naturelles. Il y avait surement des libellules, des insectes aquatiques de toutes sortes, des sangsues, des verres (aujourd'hui les carpes doivent bien nettoyer tout ça), des écrevisses peut-être. Il y avait peut-être des truites ou des goujons, très certainement des grenouilles, des crapauds (dont certaines espèces protégées aujourd'hui), et peut-être des tritons et des salamandres. Un héron passait de temps en temps chercher du poissons, un couple de martin-pêcheurs en avait peut-être fait son domaine. Sans compter les plantes aquatiques qui devaient être assez diversifiée en bordure de ruisseau, là où aujourd'hui le peu d'herbe est piétiné à longueur de journée par les canards ou autre grue quand ça n'a pas été remplacé par le béton du chemin...
Alors non ce n'est pas un argument anodin !
Heureusement, il ont quand même gardé un bout du vrai ruisseau un peu naturel et on voit que pour la plaine d'Asie ça a été beaucoup plus réfléchit (L'impact en bordure de ruisseau a été plus limité), mais tout de même.
Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire (Cependant un zoo dans la zone du vieux Beauval, ça serait heureusement sans doute compliqué à faire aujourd’hui - pour avoir les autorisations). Il n'y a pas vraiment de mal et de bien, la plupart des choses sont grises.
Mais, on ne peut pas faire l'économie de peser les choses :
- Impacter l'environnement pour faire de la conservation et de l'éducation, ça peut m'aller
- Impacter l'environnement pour sauver 3 girafes dont on ne fera jamais rien, mais qu'on ose pas abattre. Excusez-moi, mais j'ai vite choisi : Je préfère la nature aux individus qui la composent ; Je préfère voir un lion manger une gazelle qu'une collection d'enclos à animaux exposés comme des peintures dans une galerie d'art.
Certains pensent que protéger c'est protéger chaque individus et rester dans une sorte de statu quo et bien pour moi non ! Pour moi, protéger c'est juste maintenir l'équilibre global, pas plus, pas moins.
Dans le 1er livre de Pierre Gay, on voit bien cette notion d'équilibre également : Quand on casse l'équilibre, en poussant les hommes à partir par exemple, en principe ça ne marche pas. Quand on recrée du lien et de l'interdépendance (économique, de fierté ou même spirituel) entre les hommes et la nature, ça a beaucoup plus de chance de marcher.