Tonga Terre d'accueil : l'association qui recueille les animaux sauvés du trafic
Cette association est unique en France. Depuis dix ans, elle recueille au sein du zoo de Saint-Martin-la-Plaine (Loire) des primates et des fauves maltraités.
Lorsque Pierre Thivillon et son épouse Eliane vous accueillent à l'espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine (Loire), c'est entourés de Digit, une femelle gorille de 19 ans, et de Thaïs, jeune chimpanzé de 3 ans. « Ce sont nos enfants ! lance Pierre Thivillon. Digit, nous l'avons recueillie alors qu'elle n'avait que 3 jours. Sa mère était incapable de l'allaiter. »
Le couple l'a alors élevée comme sa propre fille. Aujourd'hui, Thaïs partage également leur quotidien. Chaque fin de journée, après avoir passé du temps avec d'autres primates, elle retrouve le foyer familial où l'attend un bon biberon.
Des histoires comme celle-là, Pierre en a mille à raconter. Fondateur du parc animalier en 1972, il a créé il y a dix ans, presque jour pour jour, Tonga Terre d'accueil. La seule association en France habilitée à recueillir des singes et des fauves saisis par les autorités - douanes, police, gendarmerie, services vétérinaires, etc. Souvent, ces animaux ont été abandonnés, maltraités. Parfois, ils ont subi des expérimentations ou ont fait l'objet de trafics.
« Dans les situations d'urgence, les autorités connaissent bien notre numéro, sourit Pierre Thivillon, dont la porte est toujours ouverte. Souvent, lorsqu'ils arrivent, les animaux sont mal en point. Notre association se charge de les soigner puis de les sociabiliser, en vue d'un placement dans une autre structure. »
Comme ce bébé tigre de 3 mois que Tonga Terre d'accueil est allé chercher en Seine-Saint-Denis. « La pauvre bête était utilisée pour faire des selfies. Nous l'avons requinquée, vu grandir et lui avons présenté une compagne. » Aujourd'hui, le jeune fauve coule des jours heureux au Parc de l'Auxois (Côte-d'Or).
Manque de moyens
Plus récemment, ce sont trois bébés tigres de Sibérie, découverts déshydratés dans une caisse en bois à l'aéroport de Beyrouth (Liban), qui ont été recueillis : « Ils ont 1 an désormais et sont en pleine forme. Nous allons bientôt pouvoir les présenter », annonce Jean-Christophe Girard, vétérinaire de l'association. Il cite aussi l'exemple de ce lion, incapable de se nourrir après avoir usé ses crocs sur les barreaux de sa roulotte : « Il était détenu illégalement dans un cirque, et très malheureux. Avec un ami dentiste, nous avons reconstitué les trois dents cassées. »
En une décennie, Tonga Terre d'accueil a ainsi sauvé des centaines d'animaux d'une mort certaine. Le premier fut justement Tonga, un hippopotame qui se trouve aujourd'hui dans une réserve en Afrique du Sud.
Soutenue financièrement depuis le début par la Fondation Brigitte-Bardot, mais aussi par 30 Millions d'amis, la SPA Paris ou encore la Fondation Assistance aux animaux, l'association croule sous les demandes. Étonnamment, en dépit de l'incroyable travail réalisé en lien avec ses services, l'Etat ne figure pas au rang des soutiens de l'association. Toujours en recherche de dons, Tonga Terre d'accueil en aurait pourtant bien besoin.
Saint-Martin-la-Plaine (Loire), en 2016. Pierre vit depuis dix-neuf ans avec Digit, une femelle gorille qu’il a élevée comme « son enfant ».
Source : Le Parisien.