Conservation des perroquets : la face cachée de l'ACTP !

[Philippe]

Avant de poster, figure-toi que j'avais regardé le nombre de lectures du sujet (certains se couchent très tard, d'autres sont matinaux et quelques-uns appartiennent aux deux groupes). Et quand celui-ci a été vu déjà plus de 40 fois sans susciter la moindre réaction... Mais merci de ta contribution à cette discussion.

[abel]

Merci pour ce partage Philippe ! L'ACTP est en effet une référence en terme de conservation ex et in situ des perroquets, et ces révélations sont à la fois surprenantes et fort tristes...

[Philippe]

Merci Abel. Ma déception est également à la hauteur de l'estime dans laquelle je tenais jusqu'alors cette association...

[Clemsy67]

Qu'ajouter si ce n'est que c'est purement consternant ?
Merci à toi d'avoir partagé ça avec nous Philippe.

C'est une honte, ces actes ne feront que fragiliser un milieu qui n'intéresse déjà que peu de monde. Comment justifier le rôle de la captivité, servir des arguments conservateurs et se rendre enfin bel et bien utile quand d'autres profitent de la situation comme cela ?

La démonétisation des espèces animales ne peut se faire partiellement. C'est tout ou rien, sinon il y aura toujours des passes-droits. On s'émerveille en voyant des élevages arriver à reproduire des espèces rarissimes (RSCC, ACTP ...), mais les dessous du décor sont écœurant.

[okapi]

Merci Philippe pour cet article du Guardian australien, donc très concerné. Quand on lit attentivement l'article, on apprécie le fait que les oiseaux ont été légalement achetés, et donc vendus, par des éleveurs australiens. Il n'y a pas réellement traffic, mais plutôt ambiguité sur les raisons de l'exportation. Il semble que les oiseaux aient été autorisés à quitter l'Australie pour être avant tout présentés au public et accessoirement élevés. Ce qui est contesté ici, c'est le fait qu'un éleveur cède pour très cher le produit de son "travail". Est-il le premier? Non. Est-il le seul? Non. Bien des zoos vendent le produit de leurs "élevages", y compris des espèces rares et protégées. Qui ici s'en étonne? Ce n'est quand même pas une découverte! Souvenez-vous du fil avec un transitaire où il était avéré qu'au-delà des lamas et des dromadaires, on pouvait aussi trouver sur ses listes des félins ou des mammifères moins courants... Ce qui choque ici, c'est le "mensonge" initial qui a permis à un éleveur d'obtenir de la part d'autres éleveurs des oiseaux normalement circonscrits à leur territoire d'origine, mais ce type d'allées et venues dans le monde des zoos et plus largement de la captivité est monnaie courante... Condamnable, certes, mais inédit, sûrement pas! Notez bien que les autorités allemandes ont validé le fait qu'elles étaient au courant des transactions...

[Philippe]

Export permits prohibited the sale of the birds or their offspring, but private messages on social media reveal native Australian birds apparently from ACTP have been offered for sale for hundreds of thousands of dollars. The German federal agency for nature conservation has said it was aware of those offers.

A priori, tout n'était pas parfaitement dans les clous. Mais bon, si tout cela est si banal, désolé d'avoir ouvert une liste de discussion finalement sans grand intérêt donc, .

[radjha]

Non non Philippe au contraire, ce sujet est intéressant et surtout, comme le dit Okapi assez courant dans le milieu. Seulement là précisément ont parle d’espece Rarissimes et pour certaines d’en Elles, propriétés (normalement) de leurs pays d’origines Si je ne m’abuSe

[radjha]

Pour exemple, le célèbre Loro parque vend une partie de sa production annuel

[okapi]

C'est justement parce que c'est banal que c'est intéressant! C'est une autre manière de prendre conscience à quel point le monde des zoos est opaque: la nonchalance des autorités allemandes est édifiante, mais dans notre monde actuel, un éleveur qui vend des perroquets très rares qu'il a obtenus ou élevés en "toute légalité" ou presque, ça ne bouleverse pas les foules. Et c'est un journal australien qui s'émeut, parce que les oiseaux sont originaires du continent, mais je trouve que la manière de présenter l'éleveur en commençant par décliner son cv d'escroc avant de rappeler que ça n'a aucun rapport direct avec l'affaire, c'est très partial, non? A t-il abusé de ses permis d'exportation? Trompé les australiens sur ses objectifs réels? Sans doute, mais ce sont aussi les éleveurs australiens qui sont à blâmer: ils ont vendu leurs oiseaux, sans beaucoup d'états d'âme... Le docteur Quinque et le CAVEX pourraient-ils faire de même et vendre quelques cagous? Nous savons bien que certains zoos français vendent des oiseaux, issus de leur "élevage", y compris à des particuliers qui vont les détenir dans des conditions inconnues ou les revendre à leur tour, etc...

[Philippe]

Navré d'avoir donc partagé un article malhonnête. J'avais cru lire ici, parfois, certains propos très critiques sur le manque de curiosité de la presse à l'endroit des beaux discours du petit monde des zoos sur ce sujet tabou de la commercialisation des animaux...Mais les grands discours sont plus faciles à tenir que les enquêtes journalistes à réaliser...

[Antoine6259]

Voyons Philippe, il ne faut pas t'en offusquer. La malhonnêteté est un peu une caractéristique de tout article de presse. Non ?
(Je fais dans la démagogie ce matin.)

[Philippe]

Ma déception est à la hauteur de la mauvaise foi de ce quotidien anglo-saxon dont d'aucuns vantaient pourtant ici même le sérieux, allant jusqu'à nous préciser que

le Guardian, c'est du lourd !

...

[orycterope]

On peut aussi noter que les deux espèces citées dans l'article, le cacatoès de Latham et le lori à couronne pourpre, sont considérés comme non menacés par l'IUCN (même si leurs populations marquent toutes deux un déclin, elles possèdent tout les deux une large répartition et une population suffisante pour justifier le classement en least concern).

Autant dire que l'importation de ces deux espèces peut difficilement se justifier d'un point de vue conservatoire, et l'argument pédagogique qui a semble-t'il été évoqué pour convaincre le gouvernement australien (les oiseaux devant être présentés au public) semble lui aussi "bidon", puisque l'ACTP ne possède pas d'installations ouvertes au public.
Je pense que le gouvernement australien aurait très bien pu vérifier rapidement par une simple recherche sur internet l'absence d'installations de présentation au public de l'ACTP, et il semble y avoir beaucoup de laxisme de la part des autorités dans toutes ces histoires d'importations/ventes plus ou moins légales...

Après, peut-on penser que la vente de "quelques oiseaux" d'espèces non menacés pourrait être "louable" en permettant de faire fonctionner les installations d'élevage et de permettre ainsi d'élever des espèces plus menacés pour des buts vraiment conservatoire?

Je n'en suis pas convaincu, car au vu de cet article (que bien que surement pas totalement impartiale dans sa manière de présenter les choses, je trouve tout à fait sérieux et pertinent pour montrer les dérives possibles de ce monde opaque pour le grand public qu'est l'élevage d'oiseaux), des dérives sont vites arrivés (importation?) dès que les oiseaux possèdent une valeur monétaire...

L'absence de valeurs monétaires semblerait la meilleur solution pour régler ces problèmes, mais comment alors financer de tels centres d'élevages (très couteux je suppose)?
A quand une coopération de plusieurs zoos ou de l'EAZA pour fonder ou reprendre un tel centre d'élevage basé sur quelques espèces réellement menacés et disposant de programmes de conservation?

[okapi]

Ce que l'article montre, c'est qu'il y a un vrai traffic organisé et que des réseaux d'éleveurs parviennent à obtenir des papiers pour exporter leurs oiseaux et les vendre. Il y a des éleveurs et des zoos qui font du business avec leurs bêtes, c'est un fait avéré. Ici, c'est carrément une zone grise: les oiseaux ont été légalement vendus, mais l'objectif final était opaque. Personne n'a vraiment opposé quoi que ce soit et des oiseaux d'élevage ont filé vers l'Allemagne pour être multipliés ou revendus. Des zoos français achètent des oiseaux, en vendent, y compris à des éleveurs privés: qui contrôle les naissances dans les parcs privés? Qui sait très précisément combien de perroquets naissent chaque année dans nos parcs? Combien d'oiseaux sont élevés en coulisse? Il y a des zoos qui cassent les oeufs pour limiter la reproduction de certaines espèces: quelle est l'autorité de régulation pour ces activités? Il y en a des zones d'ombre dans ce milieu... Le Guardian "lourd" c'était, je crois, le Manchester Guardian, l'original, la version australienne, je ne la connais pas, donc je ne sais pas si c'est du aussi lourd que la version anglaise...

[Philippe]

Oui, ça doit être une version light... Je te laisse donc le soin de partager du lourd...