Pourquoi les photos de l’adorable ours polaire de Copenhague ne sont pas si mignonnes
A l’occasion de la journée internationale des ours polaires mercredi, un ourson a fait ses premiers pas devant les visiteurs (et les médias) au zoo danois de Copenhague. Mais derrière les photos attendrissantes, le quotidien de l’espèce reste sombre.
Les images sont attendrissantes : un bébé ours, pataud, fait ses premiers pas sous l’oeil avisé de sa maman. Prises au zoo de Copenhague ce week-end, elles tombent à pic pour illustrer la journée internationale des ours polaires. Aujourd’hui, l’image de ces grands mammifères venus du froid est régulièrement associée aux campagnes de préservation de l’environnement et des espèces menacées. Au risque d’être utilisé à des fins mercantiles ?
Faire naître des petits en captivité ne protègerait pas l’espèce
Il subsiste actuellement 20.000 à 25.000 ours polaires en liberté dans le monde. Au nom de la protection de l’espèce (classée comme "vulnérable" par l’union internationale de conservation de la nature) certains chercheurs encouragent leur reproduction en captivité, afin de constituer une réserve génétique, destinée à inséminer les ours sauvages, explique La Croix. Mais cette reproduction d’animaux en dehors de leur milieu de vie naturel est aujourd’hui fortement contestée, d’autant qu’elle ne résoudra pas la menace principale qu’est la disparition de leur habitat.
En effet, " le changement climatique constitue la principale menace pesant sur l’ours polaire ", précise le WWF. " Si la fonte des glaces se poursuit au rythme actuel, la surface de son habitat estival se sera contractée de plus de 40% d’ici le milieu du 21ème siècle, faisant diminuer sa population de plus de deux tiers. "
En 2012, 330 ours vivaient en captivité dans des zoos du monde
Or, " un ours polaire captif devient plus gros, plus gras et ne va pas à la recherche de sa nourriture ", estiment les géographes Rémi Marion et Farid Benhamou, interrogés par La Croix. " Il est sujet à des troubles névrotiques de comportement : balancement de la tête, déplacement stéréotypé. En aucun cas, il ne peut être relâché. Rien à voir donc avec la protection de l’espèce, comme le revendiquent certains zoos. "
Une instrumentalisation de la menace
En 2015, plusieurs vétérinaires ont signé une tribune dans le Huffington Post, dénonçant une instrumentalisation à des fins mercantiles de la menace planant sur les ours polaires.
" Les zoos se sont emparés de ce concept d’animal menacé, voire en voie de disparition, pour drainer vers leurs parcs le maximum de public, profitant de l’effet d’aubaine pour "reverdir" leur image ", déplorent-ils.
Selon eux, les animaux sont ainsi davantage élevés pour leur rentabilité médiatique et touristique que pour la véritable préservation de l’espèce. " Les femelles ne retrouvent leurs bébés qu’à l’âge de 3 mois, quand le risque qu’elles les tuent est limité. Lorsque les oursons sont exposés au grand jour, c’est un déferlement médiatique, au point que de grands médias nationaux se font l’écho d’un événement purement commercial, comme pour l’arrivée d’un nouveau produit sur le marché. "
Loin de l’aspect ludique et attractif du zoo, le seule moyen de protéger l’ours polaire est selon eux de limiter les émissions de gaz à effet de serre et donc de ralentir le réchauffement climatique. Pire, " la naissance d’un ourson polaire en captivité n’est pas une vision d’espoir mais le constat d’un échec, de l’impossibilité de cohabiter avec une nature libre et sauvage ".
Source : Sud-Ouest.