« Il faut qu’on s’y mette tous si l’on veut sauver la biodiversité »
Près de 250 personnes ont assisté, ce vendredi 11 octobre 2019, à la conférence Érasme donnée par Brice Lefaux, le directeur du zoo de Mulhouse, sur le thème de la biodiversité dans le cadre des Journées d’octobre.
« Dans nos jardins, lorsque nous étions jeunes, il existait plusieurs sortes de papillons. Aujourd’hui, mes enfants n’en connaissent qu’une seule. Il s’agit de papillons blancs. Une étude allemande a démontré que, dans les cinq dernières années, environ 70 % des insectes ont disparu. A l’échelle de la planète, on estime que 60 % de la population animale s’est éteinte au cours des quarante dernières années. » Brice Lefaux, le directeur du Parc zoologique et botanique de Mulhouse , a dressé un constat accablant, vendredi soir, au Parc-Expo de Mulhouse, en présence d’environ 250 personnes. Le vétérinaire et éthologue de formation était l’invité des conférences Érasme, organisées par le Crédit mutuel et le journal L’Alsace en partenariat avec l’Université de Haute Alsace et la Société industrielle de Mulhouse.
« Je ne cherche pas à culpabiliser les gens mais il faut savoir que notre mode de vie a une influence sur ce phénomène », a martelé Brice Lefaux. En conséquence : « Il faut que l’on s’y mette tous si l’on veut sauver la biodiversité ». Rappelant le rôle pionnier du zoo de Mulhouse, depuis quarante ans, dans la préservation d’espèces telles que les lémuriens aux yeux turquoise, le directeur du zoo a illustré son propos en citant le cas des primates.
Moins de viande
« La moitié de ces singes qui sont génétiquement très proches de nous risquent de disparaître. À cause des trafics, des maladies, du changement climatique, mais surtout en raison de la déforestation et des mutations agricoles. Or c’est notre consommation, de viande, de café, de cacao, qui conduit à cette déforestation. »
« Que peut-on faire ? », s’est interrogé le conférencier en s’adressant au public. « Il faut consommer moins - en particulier de viande - mais mieux. Et appliquer le principe de la sobriété heureuse chère à Pierre Rabhi. Consommer bio, c’est très bien. Mais bio et local c’est encore mieux car acheter des kiwis bio qui viennent du Chili n’est pas la solution. A titre personnel, je milite aussi pour les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Le commerce équitable est aussi une bonne chose à mon sens. Pas pour la forêt, mais pour les hommes ! »
Car Brice Lefaux l’affirme. Oui, il faut « protéger, protéger, protéger… les arbres, les insectes… Mais il faut aussi aider les habitants à vivre, creuser des puits, créer des écoles. La lutte contre la déforestation, la préservation des espèces et de la biodiversité passe aussi par-là ».
Brice Lefaux a conclu son propos sur une note d’espoir. Si la situation dans les zones tropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud est très préoccupante, « en Europe, la nature revient et la forêt s’étend. Les populations de bisons, de loups ou de vautours sont en hausse ».
Source :
L'Alsace.
