Rodolphe Violleau. Dance avec ses "chimp'

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Rodolphe Violleau. Dance avec ses "chimp'

Messagepar Antoine » Lundi 05 Janvier 2015 19:01

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Rodolphe Violleau réapprend aux petits chimpanzés à vivre dans leur milieu naturel avant de les relâcher dans la savane, quelques années plus tard.

Pour certains, devenir le manager du Centre de conservation pour chimpanzés en Guinée s'apparenterait à une chimère, à un rêve de môme. Pour le Brestois Rodolphe Violleau, il s'agit d'un quotidien excitant, prenant et passionné qu'il exerce les yeux écarquillés mais les deux pieds sur terre. Le scénario pourrait être celui d'un de ces films en noir et blanc, tourné lors d'une autre époque et évoquant les mystères lointains d'une Afrique envoûtante. Il mettrait en scène d'immondes braconniers capables de massacrer des meutes de chimpanzés pour capturer les plus jeunes singes et assouvir les caprices richissimes de dignitaires chinois, africains ou européens. Le scénario n'a rien d'imaginaire et encore moins de lointain. « Il s'agit d'une pratique contemporaine réprimée mais malgré tout effective en Guinée, un pays où les chimpanzés sont nombreux », explique Rodolphe Violleau, un jeune Brestois au regard doux et aux convictions environnementales trempées.

Avec l'appui des ONG

Il y a quelques années, un peu avant l'an 2000, les autorités guinéennes ont décidé de lutter contre le phénomène. Reposant sur trois organisations non gouvernementales, une locale, une française et une américaine, toutes baptisées « Projet primate », le Centre de conservation pour chimpanzés (CCC) naissait sous la responsabilité d'une Américaine puis bientôt d'une Française, la Vannetaise Estelle Raballand. Manager du centre depuis l'été dernier, Rodolphe Violleau explique les missions. « Souvent à Conakry, la capitale, des bébés singes ou des jeunes sont retrouvés par la police, avant leur expédition à leurs riches destinataires. Ils nous sont alors confiés. Charge à nous de les rééduquer à la vie sauvage pour permettre de les relâcher quelques années plus tard ». Pour le centre, son manager et les soigneurs guinéens employés par l'ONG, le plus dur commence. Car le chimpanzé privé de son élément naturel dès le plus jeune âge ne peut pas y retourner par un coup de baguette magique. « Ces singes doivent au moins être matures sexuellement pour retourner à la vie sauvage et ils ne le sont qu'après au moins 10 ans. Les chimpanzés peuvent vivre une cinquantaine d'années », explique Rodolphe Violleau.

Une découverte sur le tard

Le CCC dispose de deux sites. L'un recueille les jeunes singes et l'autre leur sert de base pour le retour dans la savane des primates rééduqués. « Il n'y a eu qu'un seul relâcher pour l'instant, à Bakaria, au bord du fleuve Niger. Les choses n'ont pas été simples. Certains sont partis tout droit, d'autres ont eu peur. Aujourd'hui, le groupe vit à l'état sauvage. Il n'y a pas eu de problèmes, à part pour une femelle qui est morte en mettant bas », rapporte Rodolphe Violleau avec conviction. Rien ne le prédestinait pourtant à vivre cette vie. Étudiant en biologie à Brest jusqu'à la licence, puis à Rennes et Liège (Belgique) en master de « comportement humain et animal », il sourit en disant que le mythe de Cheeta ne lui était pas plus familier que ça, à l'âge des culottes courtes. « Mais j'ai eu la possibilité de faire mon stage à la Vallée des singes, à côté de Poitiers », poursuit-il. « C'est là que ça a commencé ». Au point de le mener vers un premier volontariat au CCC puis, depuis l'été, à ce poste de manager. « Avec la directrice, nous sommes les seuls occidentaux. Le reste de l'équipe est de nationalité guinéenne », explique celui qui va repartir vers le centre de Bakaya, à 60 km et six heures de piste de la préfecture Faranah, première ville à l'horizon du centre.

Ebola aux portes du centre

Après deux mois chez ses parents brestois, il tarde à Rodolphe Violleau de revoir les « chimp'». Les « 15 moyens, 8 petits, 8 nurses et les deux bébés » qui animent son quotidien. « Quand on les regarde dans les yeux, on se demande qui observe qui », s'émerveille-t-il, troublé par les ressemblances. « Certains sont timides, d'autres pitres, d'autres plus autoritaires. Adulte, le chimpanzé est un animal redoutable, musculeux, très fort. Il peut être dangereux ». Rodolphe Violleau sait qu'il y repart pour six mois, qui s'annoncent durs. Outre son poste de manager qui lui impose « des relations avec la compta et les hommes, souvent plus difficiles à gérer que les singes », il sait qu'Ebola est aux portes de son paradis. « Nous sommes un peu isolés, c'est notre chance. Il faut aussi apprendre à changer quelques habitudes mais l'épidémie rend la nourriture plus chère et la situation dans le pays est plus tendue ». Mais en converti absolu, il sait « que je ne laisserai jamais les chimp' face aux virus. Je ne partirai pas ».

http://www.projetprimates.com


Source : http://www.letelegramme.fr/bretagne/rod ... 479367.php
Antoine
 
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