Ils appartiennent à un passé par si lointain mais sont déjà oubliés, à l’abandon. Ils ont pourtant écrit une page de l’histoire du département. Toute la semaine, nous vous proposons de découvrir un lieu fantôme de l’Essonne.
Des endroits en ruine devenu dangereux, qu’il est fortement déconseillé, voire interdit, de visiter. Deuxième volet au Parc animalier de Saint-Vrain.
Il y flotte une ambiance à la Jurassic Park, le film de Steven Spielberg où tyrannosaures et diplodocus gambadent dans un parc d’attractions ultra-sécurisé, pour la plus grande joie, et la frayeur, du public. Le parc animalier de Saint-Vrain, fermé depuis 1999, dévoile ses vestiges à quelques amateurs de sensations fortes et illégales. C’est le cas de Mathieu Murillo, photographe expert en « exploration urbaine », toujours à la recherche de sites abandonnés à mettre en valeur sur ses clichés. « Le parc s’étend sur une zone énorme. Toutes les indications sont encore là. Il reste encore surtout des clôtures électriques surplombées de barbelés. C’est impressionnant », confie-t-il.
De nombreuses cages renforcent cette atmosphère de jungle menaçante, où des bêtes féroces semblent tapies dans l’ombre, prêtes à bondir sur l’imprudent visiteur. Cage aux tigres et cage aux ours s’enchaînent le long d’un parcours effectué à l’époque en voiture… « Sécurité, réserve des fauves, stationnement interdit. Vitres obligatoirement fermées », prévient une pancarte peinte d’une grosse tête de félin. Et pour les plus malchanceux avec la mécanique, l’avertissement est clair : « En cas de panne, klaxonnez » ! Sur le lac où un safari en bateau était organisé, une grande première à l’époque, quelques esquifs flottent encore.
Plusieurs bâtiments sont encore debout, près de 17 ans après l’arrêt des activités du site. C’est notamment le cas des bâtiments des services vétérinaires et de l’ancienne ferme pédagogique, aux faux airs de cottage de la campagne anglaise. Si tous les animaux ont évidemment disparu, une dizaine de chèvres vivent joyeusement dans l’immensité du parc vide. Et surtout, sans crainte d’être dévorées par un tigre. Quant à l’ambiance à la Jurassic Park, elle n’est pas qu’une sensation. Le parc animalier abritait des reproductions grandeur nature de gros dinosaures et de frêles hommes préhistoriques. Après, il suffit juste d’un peu d’imagination… Grrrrrr.
600.000 visiteurs s’y pressaient chaque année
Dans ses plus grandes années, il accueillait jusqu’à 600.000 visiteurs par an sur ses 140 ha. « A la Pentecôte notamment, on ne pouvait plus circuler dans la ville. Ça faisait de l’animation », se souvient Elisabeth Marchand, présidente de l’association Saint-Vrain et son histoire. C’est dans ce village qui abrite moins de 3.000 âmes qu’un parc animalier au succès national voit le jour en 1974, sous l’impulsion du propriétaire du château de Saint-Vrain, Charles-René de Mortemart, « une grande famille locale », confie l’historienne.
Comme au parc zoologique de Thoiry (Yvelines), fondé non loin quelques années plus tôt, le visiteur circule en voiture au milieu des animaux. En 1977, Guy Lux vient tourner au milieu des girafes et des éléphants un épisode de l’émission « Jeux sans frontière ». Au fil des années, plusieurs animations s’ajoutent, comme un innovant safari bateau à la découverte d’animaux préhistoriques reconstitués.
Au début des années 1990, les difficultés financières s’accumulent. En 1998, le site tente de se renouveler et devient un « Jardin botanique et zoologique ». Un an plus tard, il ferme ses portes « provisoirement », annoncent alors les propriétaires. Il ne rouvrira en fait jamais.
J.H.
De nombreux panneaux et indications restent encore présents dans les allées de l’ancien parc animalier, fermé en 1999 (Mathieu Murillo/Mouvements Libre).
De nombreuses cages rouillées sont encore sur le site (Mathieu Murillo/Mouvements Libre).
Dix-sept ans après la fermeture, plusieurs bâtiments sont encore debout (Mathieu Murillo/Mouvements Libre).
Ambiance Jurassic Park dans ce complexe de 140 Ha, à l’abandon depuis 1999 (Mathieu Murillo/Mouvements Libre).
Source : www.leparisien.fr/saint-vrain-91770/amb ... .google.fr