Labiomista : comment l’ancien zoo de Genk est devenu un lieu biodiversifié
Koen Vanmechelen a transformé l’ancien zoo de Genk en un lieu "biodiversifié", à la fois atelier, parc d’agrément, musée…
Définir Labiomista, le lieu que l’artiste Koen Vanmechelen vient d’ouvrir au grand public sur le site de l’ancien charbonnage du Zwartberg, l’un des trois qui ceinturaient Genk avec Winterslag et Waterschei, relève de la gageure. Ce n’est pas un parc zoologique, même si on est sur le site de ce qui fut un zoo de 1970 à 1997 et que l’on peut croiser moult espèces de gallinacés - le nom de l’artiste le prédestinait à les aimer, à les croiser, à les travailler, rapport au coucou de Malines - mais aussi des dromadaires, des lamas, des alpagas, des autruches, des nandous, des émeus ou des animaux de nos fermes ; ce n’est pas à proprement parler un jardin public - on y paie un droit d’entrée, certes modique ; ce n’est pas un musée, bien que certaines œuvres soient exposées dans une galerie sous l’atelier de l’artiste qui, lui, ne se visite pas ; ce n’est pas une bibliothèque, même si des livres sont mis à disposition du public et des chercheurs dans l’ancien manoir des directeurs de la mine puis du zoo. En fait, c’est un peu tout ça à la fois, et son contraire… Et c’est passionnant.
" C’est l’aboutissement de vingt années de travail pour la ville de Genk en vue de propulser les trois anciens charbonnages vers le futur ", souligne le bourgmestre Wim Dries. " Les challenges de la ville étaient donc immenses et Labiomista traduit aussi de manière artistique la diversité, la mixité humaine de la cité, là où C-Mine à Winterslag met l’accent sur la créativité et Thor à Waterschei, sur la technologie et l’énergie verte. Avec Labiomista et cet artiste, nous avons une connexion tout à la fois locale, régionale et internationale. Labiomista est vraiment un projet inédit en Belgique, mélangeant culture, nature, la communauté humaine, avec une part d’art, de tourisme, de culture. "
En 2012, il n’aura fallu que 20 minutes entre l’artiste et la ville pour tomber d’accord sur ce projet au Zwartberg. " Nous visons les 25.000 ou 30.000 visiteurs par an. Le prix d’entrée permettra de développer ce quartier situé à 12 minutes du centre de Genk, aux limites de la nature. Nous comptons organiser à terme une navette entre les trois sites miniers. "
Pour faire de Labiomista un repère fort dans la ville, Koen Vanmechelen a fait appel au célèbre architecte suisse Mario Botta qui conçut par le passé l’Arche de Noé de Jérusalem avec Niki de Saint Phalle, lieu de rencontre entre les femmes et gamins juifs et palestiniens, dans le zoo de la Ville Sainte.
L’arche d’accueil du Labiomista et la galerie atelier volière de l’artiste sont les signaux de Botta sur cet ancien zoo de 8 hectares - " je n’avais pas pensé au lien entre ces deux arches et les zoos en question ", entame-t-il. " J’avais déjà travaillé à Genk voici 6 ans. C’est alors que j’ai rencontré Koen. J’aime fréquenter les artistes. Leur point de vue m’intéresse. Koen a aussi mis en évidence les contradictions de la globalisation ; et finalement, cet espace a évolué au fil de nos réflexions, de l’esprit du temps, ce bâtiment est à l’image de l’ensemble de ce site et des œuvres exposées : hybride. Il fallait que ce bâtiment puisse répondre aux interrogations de l’artiste sur la globalisation, sur la fertilisation, sur les vraies valeurs qui soutiennent la vie. Le bâtiment n’est pas en soi organique, même si la brique noire rappelle le charbon qui fut extrait ici. Le bâtiment est le territoire de mémoire. Il touche le terrain. L’architecte transforme un morceau de nature en morceau de culture. La diversité, c’est la force, comme le souligne Koen. Et ce bâtiment, il existe maintenant mais il me survivra et évoluera sans doute, devenant ce que d’autres en feront ", conclut cet architecte-poète.
Source : La Dernière Heure.