Le plus vieux caïman du monde vit à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées
D'ici trois mois, Clovis deviendra le plus vieux caïman au monde en captivité. Le reptile vit depuis 24 ans auprès de l'herpétologiste Pierre Barataud, à Lannemezan.
Le plus vieux caïman du monde vit dans les Hautes-Pyrénées ! D'ici juillet, Clovis deviendra à 24 ans le recordman des caïmans à lunettes en captivité.
Ce reptile d'1m70 a grandi au côté de Pierre Barataud, herpétologiste installé dans la commune de Lannemezan. « C'est un ingénieur pétrolier qui me l'a donné alors qu'il venait de naître », sourit le spécialiste.
Son aquaterarrium n'a rien d'académique. En arrivant dans cet ancien haras abandonné, difficile d'imaginer la présence d'un reptile de cette taille. « C'est ici que je gardais tous les gros spécimens que l'on me confiait », sourit ce passionné de 69 ans. Les restes de mue de boa constrictor sur une étagère sont là pour en témoigner.
Nourris avec des truites des Hautes-Pyrénées
Jusqu'en 2018, Pierre Barataud possédait quatre-vingts espèces reptiliennes, notamment des crotales et un anaconda. « Lorsque j'ai hérité de ce serpent, il mesurait une trentaine de centimètres et vivait dans un espace grand comme une boîte à chaussure. Au bout de 12 ans, sa taille dépassait les 6,5 mètres. Son terrarium prenait toute une chambre. Je le nourrissais avec des lapins morts plusieurs fois par semaine », se souvient cet homme aux faux airs d'Alain Delon.
La maison qui servait de laboratoire paraît désormais désaffectée, les tétrapodes ont été cédés à des professionnels. Seul le second étage est habité par Clovis et un boa, dans une salle surchauffée. Une odeur acide rode dans l'atmosphère. « Je viens le voir tous les jours depuis 24 ans. Le caïman est originaire d'Amérique du Sud. La température de la chambre doit varier entre 25 et 28 degrés pour qu'il puisse vivre sans souci. Il a un espace adapté à sa taille avec un peu d'eau. »
L'aquaterrarium de Clovis prend la moitié de la pièce. L'animal est figé. Il ne bouge pas, « si vous le touchez, il vous arrache la main », prévient-il. « Ils sont très peu mobiles et ne bougent que pour manger ou trouver la chaleur. Ici il a les deux », observe ce biologiste qui nourrit Clovis à la demande. « Quand il a faim, il grogne. Je lui donne des truites des Pyrénées, c'est peut-être ça le secret de sa longévité. ».
« Je suis obligé de céder mes reptiles »
Pendant 31 ans, cet herpétologiste a collaboré avec l'administration locale et l'ONCFS. Chaque fois qu'un individu voulait se débarrasser d'un animal trop encombrant, Pierre était appelé à la rescousse. « J'ai fonctionné comme ça jusqu'en 2017, puis j'ai stoppé cette activité », explique-t-il, échaudé par le projet Naturama qui n'a pas abouti. « On devait construire un parc animalier avec une centaine d'espèces, mais c'est finalement tombé à l'eau. »
Il a fini par donner 98 % de ses reptiles, faute d'avoir les moyens financiers pour les entretenir quotidiennement. « C'est très compliqué de trouver des gens fiables. J'ai laissé mon anaconda à des personnes certifiées, il est mort deux mois après », confie-t-il.
Pour son caïman à lunettes , « on l'appelle comme ça à cause de la forme de ses écailles sur la tête », Pierre Barataud n'est pas pressé. Il espère avant tout battre le record. « Après ce sera la retraite pour Clovis et les vacances pour moi. Je ne suis jamais parti en 24 ans, il est temps. »
Source : La Dépêche.