Un documentaire en gestation sur le vison
Ex-élèves de l'Iffcam, Nicolas Goudeau-Monvois et Frédéric Labie, 28 ans tous les deux, travaillent depuis deux ans et demi sur un documentaire consacré au vison d'Europe, produit par Fifo Distribution. Point d'étape avec le coréalisateur Nicolas Goudeau-Monvois avant la finalisation hypothétique de ce 52 minutes, prévue pour fin 2017.
• Pourquoi vous êtes-vous "attaqués" au vison d'Europe, sujet difficile à filmer s'il en est ?
Nicolas Goudeau-Monvois. Parce que c'est une espèce qui n'est connue que pour sa fourrure et dont l'aire de répartition est passée de dix à quatre départements en France en peu de temps. On ne sait pas vraiment évaluer ses effectifs – 400 selon les dernières estimations – et l'objet du plan national d'action dont elle fait l'objet est justement de mieux le connaître. On identifie en revanche très bien les causes de sa mortalité, multiples : assèchement des zones humides, fragmentation du territoire, artificialisation des berges, pollution des eaux, concurrence du vison d'Amérique, qui exploite la même niche écologique…
• Comment s'articule votre film ?
N. G.-M. : Un élan est en train de se créer autour de cette espèce, qui est le mammifère le plus menacé d'Europe, et nous filmons certains des principaux acteurs de cette mobilisation : Julien Steinmetz, coordinateur du plan national d'action au sein de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, est le fil conducteur de la narration ; Emmanuel Mouton, qui s'apparent à un héros solitaire, a créé le premier élevage à Calviac, dans le Périgord ; Pierre-Jean Albaret, le vétérinaire en charge du centre de reproduction du vison d'Europe, à Chizé, dans les Deux-Sèvres, figure aussi parmi les personnages centraux. Nous y avons filmé l'arrivée d'une dizaine d'individus estoniens, en septembre dernier. Mais pour l'instant, aucune gestation n'a abouti. Or, la femelle n'est réceptive que trois jours par an et très agressive avec le mâle ! Nous avons aussi tourné lors de la première campagne de piégeage de visons d'Amérique, qui a commencé en octobre, dans les marais de Brouage, en Charente-Maritime.
• La seconde partie du film est une réflexion plus large sur les méthodes de conservation…
N. G.-M. : Ça ne sert à rien de relâcher des visons d'Europe dans la nature si les causes qui les ont décimés ne sont pas résolues. Le déclin est particulièrement rapide pour cette espèce, nous avons pu le constater en deux ans et demi de préparation. Il pose la question de la place que nous accordons en France au monde sauvage, notamment aux animaux "invisibles". C'est pourquoi nous souhaitons donner une dimension supplémentaire au film en interrogeant la philosophe de la biodiversité Virginie Maris, le biologiste Gilles Bœuf ou des personnages publics comme Nicolas Hulot ou Jacques Perrin…
• Filmerez-vous le vison d'Europe dans la nature ?
N. G.-M. : Un cinéaste animalier l'a traqué un mois entier en Espagne pour une quinzaine de secondes utilisables ! Donc on ne va pas déranger cette espèce, d'autant plus que la confusion possible, sur le terrain, avec le putois, induit en erreur même les plus grands experts. Nous allons en revanche le filmer dans une île d'Estonie, Hiiumaa, un laboratoire à ciel ouvert où il a été réintroduit et où le vison d'Amérique a été éradiqué.
Propos recueillis par Catherine Levesque.
Note de la production : Produire un film relève toujours du challlenge. Pour ce documentaire, les auteurs ont obtenu du conseil régional de la Nouvelle Aquitaine une aide à l'écriture. Fifo bénéficie d'ores et déjà d'un soutien de la part d'EDF. D'autres partenariats sont indispensables pour mener à bien ce projet. Fifo compte en particulier sur la confirmation de l'engagement d'une chaîne de télévision.
Teaser du film, avec des passages tournés à Calviac et Zoodyssée: https://vimeo.com/194090877
Source: newsletter du FIFO-Festival International du Film Ornithologique de Ménigoute (79).