Un vaccin pour les diables de Tasmanie aux résultats prometteurs
Des chercheurs ont mis au point un vaccin qui pourrait peut-être sauver les diables de Tasmanie, dont le nombre ne cesse de décliner à cause de la maladie de la tumeur faciale transmissible.
TRAITEMENT. Actuellement, des cas de cancers transmissibles n'ont été répertoriés que chez les chiens, les mollusques et les diables de Tasmanie (Sarcophilus harrisii). Ces derniers sont touchés par la maladie de la tumeur faciale transmissible causée par un agent pathogène qui se propage par morsure. L'animal infecté meurt entre 3 et 6 mois après avoir été blessé par un congénère. Face à son développement rapide, 80 % des marsupiaux du globe ont déjà succombé à cette maladie. Pour éviter l'extinction complète de l'espèce, une équipe internationale de chercheurs a mis au point un vaccin qui a donné des résultats prometteurs. Ces derniers ont été présentés dans un article paru le 9 mars 2017 dans la revue Scientific Reports.
Expression du CMH-I : la clé de la guérison ?
Si les diables de Tasmanie sont si démunis face à la maladie de la tumeur faciale transmissible, c'est à cause du manque de réponse immunitaire de leur organisme suite à l'infection par l'agent pathogène. Comme chez les humains, la plupart des cellules de ces marsupiaux sont capables, quand elles sont infectées par un agent pathogène, de présenter à leur surface un "échantillon" de ce qui les tue intérieurement. Ce phénomène biologique permet aux cellules du système immunitaire de repérer la présence de "micro-tueurs" et de les détruire avant que l'infection ne se propage dans l'organisme.
Mais dans le cas de la tumeur faciale transmissible, les cellules cancéreuses n'ont pas de molécules CMH-I, celles-là même qui permettent d'exécuter cette mise en évidence de l'agent pathogène. Les éléments du système immunitaire ne peuvent donc pas les détecter et les supprimer. Ainsi, les cellules malades peuvent poursuivre leur prolifération, entraînant ainsi la formation de tumeurs sur la face des diables de Tasmanie.
Des résultats à confirmer
Dans cette étude, les scientifiques ont cherché à créer un vaccin qui permettrait de booster la reconnaissance des cellules infectées par le système immunitaire. Pour cela, ils ont cultivé des cellules cancéreuses et ont réussi à leur faire exprimer le CMH-I. Ensuite, ils les ont injecté dans l'organisme de 5 diables de Tasmanie infectés. Par la suite, trois d'entre eux ont été capables de lutter contre le cancer.
En seulement trois mois, leurs tumeurs, de la taille d'une balle de golf, ont complètement régressées. Si ces observations sont bien évidemment encourageantes, trop peu d'animaux ont été utilisés lors de l'expérience pour que les résultats puissent être qualifiés de significatifs. De prochaines études devraient confirmer (ou non) l'efficacité de ce vaccin.
Anne-Sophie Tassart
Source: Sciences et Avenir.