Fauna Brasileira

Taxonomie, éthologie... Voici le lieu de vos échanges animaliers !

Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Jeudi 27 Février 2020 21:19

Merci Thibault pour cette contribution bienvenue et aux autres pour vos messages.

Les primates partagent avec les cracidés un rôle de dissémination des graines des fruits dont ils se nourrissent. Ces gros oiseaux sont des cibles intéressantes pour les chasseurs et par conséquent certaines espèces sont devenues particulièrement rares comme le hocco de Blumenbach ou la pénélope à front blanc. Curieusement, la pénélope péoa (Penelope superciliaris) est elle bien plus simple à voir puisqu'elle est présente au sein même de la ville de Rio de Janeiro, dans le jardin botanique et le parc national adjacent : la forêt de Tijuca. Moins répandue et limitée à la Mata Atlantica, la pénélope yacouhou (Penelope obscura) est sympatrique (les deux espèces vivent côte à côte).

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Pénélope péoa

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Pénélope yacouhou

Singes comme cracidés doivent toutefois rester alertes car le danger plane au dessus d'eux. L'aigle tyran (Spizaetus tyrannus) est un hôte redoutable des forêts denses qui chasse à l'affût, depuis un perchoir sous la canopée. Selon la région, son régime alimentaire balancera plus en direction des mammifères ou des oiseaux. Cela dépend notamment de la compétition avec ses cousins l'aigle orné et l'aigle noir et blanc ou les harpies. Dans un contexte de forte concurrence, l'aigle tyran se concentrera alors sur la prédation de chauves-souris, d'opposums ou des coatis.

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Aigle tyran

Le piaye écureuil (Piaya cayana) est un curieux représentant de la famille des coucous. Il ne présente pas de comportement de parasitisme et élève lui même sa progéniture. Cet insectivore apprécie notamment les chenilles qu'il chasse en priorité dans les clairières et les lisières de forêts. Avec le grimpar grive (Dendrocincla turdina), ils forment souvent des groupes multi-espèces qui suivent les colonies de fourmis légionnaires. Les oiseaux insectivores profitent de la panique déclenchée par le passage des redoutables fourmis pour attraper les proies débusquées.

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Piaye écureuil

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Grimpar grive, endémique de la Mata Atlantica

Le long des ruisseaux, une végtétation de type forêt galerie se forme qui est particulièrement appréciée par certains passereaux, pas toujours faciles à débusquer dans la végétation dense.

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Todirostre à lunettes (Hemitriccus orbitatus), endémique du sud-est brésilien et classé comme quasi menacé.

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Todirostre familier (Todirostrum cinereum)

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Parulines des rives (Myiothlypis rivularis)

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Cassique cul-jeune (Cacicus haemorrhous), la plus forestière des espèces de cassiques du sud-est brésilien

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Merle leucomèle (Turdus leucomelas)

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Picerthie de Saint-Hilaire (Lochmias nematura), un petit passereau limité aux cours d'eau clairs où il chasse insectes et larves entre torrents et rochers. Ses populations sont distribuées de manière fortement distincte, en raison de son choix d'habitat spécifique. Il partage avec la tortue de Saint Hilaire (Phrynops geoffroanus) le nom d'un naturaliste français. mais lequel ?

Étienne Geoffroy Saint-Hilaire est certainement le plus illustre d'entre eux. Ce zoologiste français qui fonda la Ménagerie du jardin des plantes qui côtoya notamment Daubenton et Cuvier fût à l'origine du concept d'homologie et développa la théorie du plan d'organisation. En 1807, sous Napoléon, malgré l'intervention britannique, il parvient à visiter le muséum du Portugal pour ramener des spécimens prélevés au Brésil.

Ou bien Isidore Geoffroy de Saint Hilaire, son fils, qui travailla sur plusieurs espèces sud-américaines ?

A moins qu'il ne s'agisse d'Auguste de Saint Hilaire, botaniste non-apparenté, dont la postérité a peu perduré dans son pays natal mais qui a laissé une marque durable au Brésil suite à ses nombreux voyages dans le sud-est du pays, de 1816 à 1822 puis en 1830 ?

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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Thibaut » Jeudi 27 Février 2020 21:45

La forêt de Tijuca est vraiment étonnante par son histoire. Apparemment de nombreux projets de réintroduction a y ont lieu. Peux-nous donner tes avis sur ta visite ? Surtout que c'est une jungle en pleine ville il me semble.
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Vendredi 28 Février 2020 11:06

Je n'ai, à vrai dire, pas vraiment visiter le parc de Tijuca. Je suis uniquement allé au Christo Redemptor, à l'extrémité du parc et pas vraiment l'endroit le plus sauvage de Rio, au Jardim Botanico et au Parco Lage.
Ces deux derniers espaces verts urbains font office de tampon entre la ville exubérante et le parc national. La grande majorité des espèces du parc fréquentent la zone et y sont plus facilement observables en raison de l'abondance de sentiers. Je ne suis pas allé dans le parc de Tijuca pour des raisons de sécurité. Selon les législatures, le climat politique et de la santé économique, le niveau de sécurité est variable. D'expérience, je peux vous dire que les touristes étrangers sont beaucoup plus aventureux/inconscients (c'est selon la conception). Séjournant chez des brésiliens traumatisés par la violence, j'ai préféré ne pas m'y aventurer tout seul, surtout que je prends beaucoup de plaisir à retourner au jardim botanico où mon matériel photographique ne m'expose pas à des agressions. C'est quand même dans mes plans d'aller un jour faire une randonnée dans le parc, accompagné d'un guide.
Il faut comprendre que le parc national de Tijuca est avant tout né de la volonté de protéger la ville contre les glissements de terrains, l'érosion et la sauvegarde des sources d'eau potable plutôt que de la volonté d'offrir un poumon vert aux habitants ou protéger l'environnement de manière désintéressé. Le parc avait d'ailleurs au début des sections entièrement paysagée, qui était plantées de plantes non locales. Les modes de gestion ont évolué mais ce n'est pas un hasard si beaucoup de mammifères comme les hurleurs, tamarins, ouistitis, muriquis, tapirs ou jaguars ne sont pas présents dans le parc alors qu'ils existent dans d'autres parcs à proximité. L'intérêt du parc est avant tout paysager et d'offrir des vues sensationnelles sur la ville de Rio mais pour les vrais amoureux de la nature, je conseillerais d'autres zones.
Il faut comprendre également que les parcs nationaux brésiliens ne sont pas vraiment vus comme des attractions touristiques comme peuvent l'être les parcs américains ou africains ou même en France pour la randonnée. Les infrastructures y sont souvent limitées tout comme les horaires d'ouverture, un comble pour l'observation de la nature... Certains sont même tout simplement interdits au public ou alors réservés aux groupes accompagnés pour des raisons de sécurité. Les meilleurs spots sont souvent à proximité des parcs mais pas au cœur des zones protégées.
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Thibaut » Vendredi 28 Février 2020 11:31

Merci pour tes explications. De nombreux articles relayaient les projets pour Tijuca avec la réintroduction de tamarin, hurleurs ou kinkajou.
Vraiment très intéressant ton développement merci.
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar guirosama » Vendredi 28 Février 2020 11:32

Bravo encore pour cette mise en avant de la faune brésilienne accompagnée de nombreuses et belles photos !
Le cacique est peut-être jeune mais surtout cul-jaune !
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Vendredi 28 Février 2020 14:53

Chez les oiseaux, la famille des tyrannidés est la plus importante des Amériques. Parmi ses nombreux représentants, je vous ai déjà présenté le tyran quiquivi et le tyran lycteur qui malgré leur appartenance à deux genres différents, ne sont pas faciles à distinguer. Le tyran sociable (Myozitetes similis) est une troisième espèce qui peut être confondue de loin. Sa livré est en effet tout à fait comparable même si sa physionomie est moins trapue et son bec moins fort. C'est un cas intéressant où de nombreuses espèces d'oiseaux sud américains présentent la même livrée bigarrée comprenant un ventre jaune vif et des marques blanches te noires sur la tête, quand bien même elles appartiennent à des genres différents. Je n'ai pas trouvé d'explications à ce phénomène.
Le tyran audacieux (Myiodynastes maculatus) et le pipromorphe à tête brune (Leptopogon amaurocephalus), moins colorés, partagent avec leur cousin un régime principalement insectivore et une aire de répartition s'étendant jusqu'en Amérique centrale.

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Tyran sociable

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Tyran audacieux

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Pipromorphe à tête brune

Les perroquets font définitivement partie des images d'Epinal qu'ont les occidentaux du Brésil. La forêt atlantique est riche en espèces, dont certaines sont endémiques, mais la grande majorité sont de petite tailles et présentent une dominante verte importante. D'ailleurs, il n'y a aucun ara. Si leurs cris et leur silhouette caractéristiques rendent les perroquets facilement repérables en vol, leur couleur cryptique fonctionnent à merveille lorsqu'ils se nourrissent dans les arbres et qu'ils sont les plus vulnérables aux attaques.
Le toui tirica (Brotogeris tirica) est assez petit. Il est endémique du sud-est brésilien mais loin d'être rare et peut même être vu dans les parcs de certaines agglomérations.

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Toui tirica

La conure de Viellot (Pyrrhura frontalis) est un autre psittacidé de la région que l'on peut admirer sans trop de difficultés. Heureusement, cette espèce n'est pas menacée, ce qui n'est pas le cas de plusieurs autres espèces du genre.

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Conure de Viellot

Un autre emblème de l'Amérique du Sud sont sans conteste les colibris. Appelés beija-flor par les brésiliens ("bise-fleur"), ils sont omniprésents pour les espèce sle splus communes quand d'autres exhibent des préférences d'habitat très spécifiques. La région du sud-est brésilien compte pas moins de 52 espèces dont dix sont plus ou moins endémiques !

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Ariane de Linné (Amazilia fimbriata)

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Dryade glaucope (Thalurania glaucopis)

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Colibri vert et gris (Aphantochroa cirrochloris), endémique du sud-est brésilien et seul représentant de son genre.

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Émeraude lucide (Chlorostilbon lucidus) que l'on distingue avec son bec rouge

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Colibri rubis-émeraude (Clytolaema rubricauda), lui aussi monotypique et endémique. L'espèce arbore un dimorphisme sexuel, les femelles ayant le ventre roux cannelle alors que les mâles ont la gorge d'un rouge iridescent.

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La coquette chalybée (Lophornis chalybeus) est l'une des plus petites espèces de colibris du pays avec ses 3 grammes. Le mâle est plus élégant avec sa collerette verte terminée par des tâches blanches.

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L'ermite tacheté (Ramphodon naevius) est encore un autre colibri endémique de la Mata Atlantica. C'est le plus grand de tous (9 grammes) mais pas forcément l'espèce dominante sur les mangeoires.
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Thibaut » Vendredi 28 Février 2020 14:59

Incroyable le nombre de photos de colibris et leur qualité. Bravo !
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar guirosama » Vendredi 28 Février 2020 20:50

Je suis battu à plat de couture sur les colibris ! Bravo !
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar gibbon » Vendredi 28 Février 2020 21:54

C'est « Conure de Vieillot », mais en tout cas merci pour ce reportage et chapeau bas pour les photographies !
« Les oiseaux ne descendent pas des dinosaures, ce sont des dinosaures à proprement parler. »
Guillaume Lecointre
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Lundi 02 Mars 2020 12:00

Merci Gibbon et Guirosama pour vos corrections attentives!

Les Thamnophilidae sont une famille imposante de passereaux sud-américains. Baptisés antbirds en anglais, ils ne mangent en fait pas de fourmis mais sont bien insectivores. Ils suivent eux aussi les colonnes de fourmis légionnaires pour débusquer les insectes fugitifs.
Ce sont des oiseaux qui vivent proche du sol dans les buissons et sous-bois denses. Ils sont souvent difficiles à observer et reviennent vite se cacher dans la végétation mais je les trouve très beau. Toutes ces espèces sont endémiques du Brésil et de la portion du littoral atlantique.

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Myrmidon unicolore (Myrmotherula unicolor)

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Conopophage à joues noires (Conophaga melanops )

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Mâle batara othello

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Femelle batara othello (Mackenziaena severa)

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Grisin écaillé (Drymophila squamata )

Ils partagent notamment leur préférences d'habitat et leur aire de répartition avec les manakins, un genre d'oiseau connu pour les superbes parures des mâles qu'ils mettent en valeur lors de danses nuptiales très poussées.

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Manakin à lonque queue (Chiroxiphia caudata)

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Manakin casse-noisette (Manacus manacus)

La coracine ignite (Pyroderus scutatus) fait partie des plus grands représentants de la famille des cotingas. Ces oiseaux sont plutôt discrets malgré leurs livrées splendides. Ils vivent principalement dans les canopées où ils se nourrissent de fruits.La coracine ignite habite tous les grands massifs forestiers d'Amérique du Sud, le cotinga à queue fourchue (Phibalura flavirostris) étant lui absent d'Amazonie.

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Coracine ignite

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Cotinga à queue fourchue
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Lundi 02 Mars 2020 14:54

Près de 19 espèces différentes de pics sont présentes dans l'état de Rio de Janeiro, soit deux fois plus qu'en France métropolitaine. Ces oiseaux occupent une niche écologique semblable à leurs cousins européens, se répartissant selon le type d'habitat, la hauteur à laquelle ils fourragent et leur taille.
L'un des plus grands est le pic ouentou (Dryocopus lineatus), répandu sur tout le continent dans les forêts clairsemées et les lisières.

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Le pic à front d'or (Melanerpes flavifrons) est quant à lui endémique de la région. Il vit en petits groupe familiaux qui recherchent les insectes, larves mais qui ne daignent pas non plus compléter leur régime avec des fruits.

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Autres pensionnaires emblématiques et colorés de la Mata Atlantica, les toucans sont vant tout frugivores mais peuvent à l'occasion faire des ravages dans les colonies d'oiseaux nicheurs comme les caciques. Leur long bec coloré leur sert alors à saisir les oeufs ou les oisillons qui étaient pourtant difficilement accessibles dans les nids en forme de boules qui pendent des branches.
Deux espèces du genre Ramphastos sont représentatives de ce milieu. Je n'ai malheureusement pas encore réussi à voir les deux espèces d'araçaris endémiques de ce biotope, le toucanet à bec tacheté et le merveilleux araçari de Baillon (dédicace au vieux!).

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Autrefois inclus dans l'espèce vittelinus, le toucan ariel (Ramphastos ariel) est désormais séparé. Il est distinctif avec son plastron orange et son long bec à la base jeune. L'espèce est classée en danger en raison des niveaux élevés de déforestation au niveau du front amazonien et qui impactent les populations.

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Le toucan à bec vert (Ramphastos dicolorus) est le plus petit représentant de son genre. Il se distingue par son bec bien plus court. Il est intéressant de noter que j'ai observé ses deux espèces fourrager ensemble, constituant un groupe de 6-7 individus appartenant aux deux espèces.

La famille des thraupidés ou tangaras est l'une des plus importantes au monde. Exclusivement néotropicale, le nombre d'espèces de cette famille s'élève à plus de 240 espèces même si de nombreux travaux ont amené à reclasser certains groupes dans d'autres familles. C'est notamment le cas du genre Euphonia, reclassé avec les fringillidés et Habia avec les cardinaux.

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Organiste téité (Euphonia violacea), femelle puis mâle, l'un des plus courants dans les jardins, notamment lorsque de la nourriture est mise à disposition.

ImageOrganiste à ventre marron (Euphonia pectoralis), à la distribution plus localisée

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Habia à couronne rouge (Habia rubica)

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Tangara à tête rousse (Hemithraupis ruficapilla) endémique de la Mata Atlantica

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Tangara à huppe ignée (Islerothraupis cristata )

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Dacnis bleu (Dacnis cayana)

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Tangara couronné (Tachyphonus coronatus )

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La splendide calliste à tête verte (Tangara seledon), localement commune dans les zones de forêts primaires mais aussi à coté des habitations excentrées.

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Tangara à épaulettes bleues (Thraupis cyanoptera), un autre endémique du sud-est brésilien

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Tangara orné (Thraupis ornata), endémique lui aussi de la bande côtière

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Tangara émeraude (Chlorophanes spiza)

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Mon favori, la calliste à tête bleue (Tangara cyanocephala), pas complètement endémique du Brésil car sa répartition s'étend jusqu'au Paraguay et en Argentine.

Et pour conclure ce festival de couleurs, le "tié sangue", le tangara écarlate du Brésil (Ramphocelus bresilius), l'un des plus emblématiques et l'un des rares oiseaux connus des brésiliens. Il peut même être vu sur la colline du Pain de Sucre à Rio.

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Au prochain épisode, nous changerons de biotope et découvrirons le cerrado brésilien.
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar snockot » Lundi 02 Mars 2020 15:40

Waou ! Un grand merci pour toutes ces photos et explications ! C'est vraiment super de te lire ! Vivement la suite !
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Mardi 03 Mars 2020 17:15

Le Cerrado

Le Cerrado désigne la savane qui occupe la majeure partie du plateau brésilien (22% du territoire environ). Depuis la côte, les reliefs s'élèvent pour former de grands plateaux tabulaires, appelés "mesas" dans les pays hispanophones et de chapada au Brésil. Ce smassifs sont d'ailleurs sont riches en minerais (Chapada Diamantina, où l'on a extrait beaucoup de diamants, l'état du Minas Gerais ("les mines générales") dont la capitale était Ouro Preto ("Or noir"...). La transition avec la Mata Atlantica n'est pas franche. Il est courant que les deux biomes coexistent à proximité, par exemple une forêt poussant dans les replis d'une montagne, à proximité du ruisseau tandis que le plateau qui domine n'est quasiment pas couvert d'arbres.
Les précipitations sont concentrées entre novembre et avril. Mais le critère des pluies ne semble pas être l'unique facteur expliquant le changement de végétation. Des caractères géologiques semblent également rentrer en considération et favoriseraient un type de végétation plutôt qu'un autre. Enfin, le facteur le plus structurant du Cerrado est peut être le feu. Apparaissant naturellement à la fin de la saison sèche, les feux dessinent le cerrado, épargnant ou non les zones de forêts sèches, ou bien favorisant le développement de vastes plaines à graminées.

Le Cerrado est une savane très riche d'un point de vue botanique. On y compte plus de 10 000 espèces et la diversité des genres y est même plus grande qu'en Amazonie ! De nombreuses plantes exhibent des caractéristiques liées à l'habitat comme des feuilles épaisses et recouverts de poils fins pour limiter la perte d'eau, des écorces résistantes au feu ou le stockage des graines et bulbes en sous-sol, toujours pour échapper au feu. D'un point de vue animalier, le Cerrado est riche aussi, bien qu'on ne puisse le comparer à la densité de grands animaux des savanes africaines. presque tous les grands mammifères du continent s'y sont adaptés (jaguar, tapir, cerfs, pécaris, pumas...)

La végétation et la géologie du Cerrado impactent largement l'écologie du continent. En effet, le cerrado brésilien agit comme une éponge lors de la saison des pluies. Les sols et nappes phréatiques se gorgent d'eau qui est par la suite relâchée durant la saison sèche. 8 des 12 bassins hydrographiques du pays prennent leur sources dans les montagnes érodées du centre du pays. Malheureusement, le cerrado est le biome brésilien qui subit les taux de destruction les plus élevés. Peu connu du grand public, moins impressionnant que l'Amazonie et surtout mieux placé pour les exploitants, sa destruction alerte les écologues. En dehors des milliers d'espèces qui ont besoin de ce milieu pour pour vivre, l'équilibre écologique et notamment hydrographique de régions très peuplées pourrait être irrémédiablement altéré.

Le Cerrado est comme je le disait une véritable mosaïque d'habitats. Très schématiquement, il est possible de distinguer quatre types de cerrado : je traiterais le campo-limpo et le campo-sujo, les deux types les plus clairsemés, dans un second temps pour me concentrer sur le cerrado stricto-sensu et le cerradão (à prononcer "cerad-an-n"). Les deux formations se distinguent principalement par la hauteur des arbres (6 mètres maximum pour le premier) et l'espace séparant les houppiers). Ainsi, dans le cerradão, la canopée forme une surface quasiment ininterrompu alors que le cerrado ressemble plus à un verger ou à la dehesa espagnole.
Ce type de végétation accueille de nombreuses espèces même si l'endémisme y est peu développée. Il s'agit en fait souvent d'espèces des biomes adjacents qui s'y adaptent. Les campos, bien que moins riches en espèces, exhibent une avifaune bien plus marquée.

La famille des tyrannidés est toujours très présente dans ce type d'écosystème. Ces nombreux représentants témoignent de l'abondance d'insectes dans la savane.

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Tyran tacheté (Empidonomus varius), seul représentant de son genre

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Tyran querelleur (Machetornis rixosa), que l'on voit couramment à proximité du bétail qu'il débarrasse de ses parasites

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Tyran de Cayenne (Myiozetetes cayanensis )

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Moucherolle à sourcils jaunes (Satrapa icterophrys), faisant partie d'un genre monotypique

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Tyran des savanes, largement distribué en Amérique du Sud (Tyrannus savana )

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Tyranneau fascié (Phyllomyias fasciatus)

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Pépoaza cendré (Xolmis cinereus)

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Tyran mélancolique (Tyrannus melancholicus)

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Ada noir (Knipolegus nigerrimus)

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Tyran pitangua (Megarynchus pitangua ) reconnaissable à son fort bec

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Tyran olivâtre (Myarchus tuberculifer)

Les merles sont aussi très présents dans ce milieu. Plusieurs espèces cohabitent dans la Mata Atlantica et le Cerrado et cela reste pour moi une galère de distinguer les différentes espèces sympatriques (dont les aires de répartition se chevauchent largement). Je peux vous présenter ici le merle à ventre clair (Turdus amaurochalinus), plutôt forestier et le merle à ventre roux (Turdus rufiventris) qui apprécie également les sous-bois denses.

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Merle à ventre clair

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Merle à ventre roux

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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Thibaut » Mardi 03 Mars 2020 18:15

Tu utilise quel objectif ? Tes photos sont recadrées ou elles sont vraiment à cette distance ?
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Re: Fauna Brasileira

Messagepar Therabu » Mardi 03 Mars 2020 19:24

La majeure partie des photos ont été prises avec un Nikkor 70-300 VRII. A 300 mm il ouvre à 5,6, ce qui est suffisant quand les conditions d’éclairage sont bonnes.
Lors de mon dernier voyage, j'étais équipé d'un Sigma 120-300 f2,8 que je couple souvent avec un multiplicateur 1,4 de la même marque. La qualité optique et la quantité de lumière qui rentre est bien supérieur, tout comme le poids et l'encombrement.
Tous mes boîtiers ont été des Nikon au format APS-C, qui sont plus petits et qui impliquent donc un facteur multiplicateur de 1,5 (gênant en paysage ou architecture mais intéressant en animalier). Ainsi, avec le multiplicateur, ma longueur focale peut aller jusqu'à 630mm et une ouverture f4.
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