Alors que le zoo de Saint-Thibéry dans l'Hérault est en liquidation judiciaire, les services de l'État ont fait une macabre découverte dans les congélateurs du parc : des serpents, des singes, un veau de zébu et des oiseaux...
C'est le zoo de toutes les découvertes et de toutes les indignations. Hier, les gendarmes de Pézenas sont venus vérifier la matérialité de la découverte effectuée la veille par des agents de la direction départementale de la protection des populations.
Dans des congélateurs, ils sont tombés sur des cadavres d'animaux sauvages, qui ne figurent pas sur le registre de l'établissement : des serpents, un bébé zébu au milieu des poulets et des nuggets de dinde utilisés pour l'alimentation des employés du zoo, voire des clients.
«C'est un scandale et ce n'est pas faute d'avoir averti les services compétents bien avant la liquidation judiciaire intervenue le 16 décembre dernier» explique un des anciens salariés du zoo.
«Les Services de l'Etat sont intervenus à plusieurs reprises, notamment cet automne, mais cela n'a rien changé dans la manière de gérer l'établissement. Tout a été fait de travers et dans l'absurdité la plus absolue. Aucune des observations n'a été suivie d'effet à l'époque» poursuit-il alors que les enquêteurs pourraient avoir à mettre au jour, un charnier d'animaux sauvages.
Hier, l'affaire du zoo Val d Hérault, ouvert le 11 octobre 2014 et placé en cessation de paiement dix jours plus tard (de façon rétroactive) s'est enfoncée un peu plus dans le surréalisme. Des SMS alarmistes ont inondé les portables des acteurs ou observateurs de cette liquidation. Ces textos faisaient état à deux reprises du suicide de Damien Lerasle, le jeune chef d'entreprise et fondateur du zoo, dont les enquêteurs vont bientôt pouvoir éplucher la gestion.
Mauvaise gestion
«J'ai ouvert une enquête préliminaire mais ce sont des investigations longues. Il s'agit de déterminer si c'est une banqueroute frauduleuse et s'il y a escroquerie» temporise Yvon Calvet, le procureur de la république de Béziers.
«Les gérants n'ont jamais cherché à payer leurs fournisseurs, dès le départ. Ils ne m'ont pas versé un centime au titre du loyer. Ils me doivent 140 000 € plus les dégâts occasionnés» explique Jean Claude Asset, le propriétaire du domaine qui avait loué un peu plus de huit hectares de ses vignes en IGP Languedoc pour installer le zoo. Il est désormais à couteaux tirés avec les deux principaux gestionnaires du zoo, dont Damien Lerasle présenté avant l'ouverture comme le petit Mozart de la faune sauvage.
Depuis, la mauvaise gestion, le management ahurissant, les lémuriens reclus dans le noir et les cadavres dans les congélateurs ont écorné la belle image. Jean Claude Asset, lui, a déposé plainte pour tentative d'assassinat. Il accuse ses locataires d'avoir tenté d'empoisonner sa réserve d'eau potable. Après la liquidation, et le départ des animaux, l'affaire judiciaire ne fait que débuter.
Le fiasco financier absolu
Les enquêteurs vont avoir à se frayer un chemin dans le dédale des sociétés de la nébuleuse financière du parc (SAS Val d'Hérault), pour retrouver la destination finale des 4,5 M€ posés sur la table (banques, collectivités territoriales, actionnaires privés et petite contribution des deux actionnaires principaux) afin de construire le zoo, d'installer les 600 oiseaux (au lieu des 1 200 annoncés) et d'éponger le déficit d'exploitation des deux premières années. Car il semblait impensable que l'établissement puisse équilibrer ses comptes avant le troisième exercice et une montée en puissance. Mais de là à creuser un passif qui pourrait dépasser les 3 M€ sans payer les fournisseurs, il y a un fossé. La société d'exploitation du parc a demandé son placement en redressement judiciaire seulement neuf mois après son ouverture. Et elle a obtenu une cessation de paiement rétroactive sur la quasi-totalité de la période d'exploitation. Une sorte de record dans l'histoire des tribunaux de commerce français.
Christian Goutorbe
http://www.ladepeche.fr/article/2016/01 ... ateur.html