Mort d’un bébé ocelot au zoo d’Amiens : y a-t-il eu négligence ?
Une pétition va être lancée pour soutenir trois soigneurs du zoo picard qui risquent une sanction après la mort d’un bébé ocelot en juin 2016. Ils réfutent les accusations de négligence.
La bataille pourrait se régler devant le tribunal administratif pour trois soigneurs du parc zoologique sous le coup d’une procédure disciplinaire engagée en septembre dernier par Amiens Métropole, leur employeur. Celle-ci leur reproche, outre le fait d’avoir divulgué des informations confidentielles concernant le départ annoncé des éléphantes (lire ci-dessous), d’avoir « fait preuve de négligence dans l’entretien du grillage de l’enclos d’un bébé ocelot ».
Une négligence qui aurait conduit, toujours selon la Métropole, à la découverte du bébé ocelot mort dans l’enclos du mâle adulte, le 22 juin dernier. L’histoire avait ému tous les amoureux du parc : le corps sans vie de ce mâle né le 8 mai dernier avait été retrouvé par le responsable scientifique du parc. À l’époque, une autopsie devait être rapidement réalisée afin de connaître les circonstances du décès. « Le problème, c’est que nous n’avons jamais eu accès à ce rapport d’autopsie que nous avons pourtant réclamé à maintes reprises », fustige Bruno Sacleux, représentant du syndicat CGT des agents de la ville et de la métropole qui s’est emparé du dossier.
« L’état anormal du bébé ocelot »
Pour lui, ce rapport d’autopsie sera l’un des éléments clés de la procédure si elle va jusqu’au bout. Car deux versions s’affrontent aujourd’hui dont celle de la métropole qui indique que le bébé aurait été tué par le mâle parce que la porte de son enclos était restée ouverte. « Est-ce que c’est une morsure du mâle qui a provoqué la mort de l’ocelot ou alors était-il déjà mort bien avant cela ? », interroge le syndicaliste qui a réclamé une copie du cahier animalier journalier de l’animal pour la période du mois de juin.
Dans ce cahier, figurent les inquiétudes formulées quelques semaines avant le drame par les soigneurs sur l’état de l’animal : « Pas vu le bébé téter depuis samedi, reste derrière le dos de sa mère, respire très rapidement, n’a pas l’air en forme, très dérangé par le public. »
L’animal, qui sortait dans son enclos extérieur sous la surveillance de sa mère depuis la fin du mois de mai, était-il dans son état normal le jour du drame ? « C’est ce que l’on cherche à savoir à travers l’autopsie qu’on ne nous a jamais produit. Les soigneurs ont fait leur travail et alerté la direction sur son état, on dit qu’il respire difficilement, pourquoi cela n’a-t-il jamais été pris en compte ? », interroge encore Bruno Sacleux dont le syndicat a déjà prévu de lancer une pétition pour demander l’annulation des sanctions envisagées.
Trois jours de mise à pied
Le sort d’un des trois soigneurs a déjà été scellé par arrêté : trois jours de mise à pied pour négligence et divulgation d’informations confidentielles à caractère professionnel. Pour les deux autres, la Métropole a décidé de saisir le tribunal administratif pour demander la réunion d’un conseil de discipline en vue d’une rétrogradation. « Avec toutes les conséquences financières et sur leur carrière que l’on peut imaginer alors même que la Métropole n’est pas en mesure aujourd’hui de prouver une quelconque négligence. Nous irons jusqu’au bout et avons aussi l’intention d’attaquer l’arrêté de mise à pied. »
Ce sera au tribunal administratif de juger, tranche la Métropole via son directeur général des services qui rappelle que si une procédure de convocation d’un conseil de discipline a bien été enclenchée pour deux des soigneurs, aucune sanction n’a pour le moment été prise à leur encontre.
Une sanction pour avoir parlé du sort des éléphantes
La Métropole le rappelle : le sort du bébé ocelot n’est pas l’élément décisif qui a conduit à une demande de sanction. C’est l’affaire des « éléphantes » qui est au cœur de la procédure disciplinaire. Il est en effet reproché aux agents d’avoir diffusé une information confidentielle à caractère professionnel en révélant le fait que les deux éléphantes devraient quitter le zoo dans le cadre du projet d’extension et de développement du parc prévu à l’horizon 2019. Mais aussi d’avoir « remis en cause de manière violente sur les réseaux sociaux » les choix de leur hiérarchie, et « accusé l’administration de cacher volontairement des informations au public ». Pour la Métropole, il y a « manquement aux obligations de réserve et de discrétion professionnelle ».
Pour le syndicat CGT, cette affaire va trop loin après qu’une plainte a été déposée pour diffamation par la Métropole. Elle serait le signe d’un profond malaise ressenti parmi des personnels du parc : « On veut taper sur gens passionnés par leur métier qui n’ont fait que s’intéresser au sort des deux éléphantes auxquels ils sont énormément attachés. Depuis le début, ils ne font que dire que les deux éléphantes sont partie intégrante du zoo et qu’elles sont indispensables à son attractivité. Est-ce qu’on va sanctionner ces gens pour ça ? Parce qu’ils sont attachés aux éléphantes ? »
Le corps sans vie du bébé ocelot, né le 8 mai dernier, avait été retrouvé par un responsable scientifique du parc. Les causes de son décès sont au coeur d’une bataille entre les soigneurs et la Métropole.
Source :
Le Courrier picard.