Rencontre avec Rémy Demantes, l’homme qui murmure à l’oreille des félins
C’est une figure locale bien connue : Rémy Demantes a tout laissé tomber pour vivre pleinement sa passion des grands fauves.
« Un tigre, ça grogne, ça feule, ça gémit, mais en aucun cas, cela ne ronronne », explique Rémy Demantes.
Cette figure locale bien connue est l'homme qui murmure aux oreilles des tigres. Et c'est dans sa propriété, située à proximité de la forêt domaniale d'Orléans, que celui-ci vit pleinement sa passion pour les tigres. Loin des turpitudes humaines, cinq tigres et tigresses, un lion et une lionne, y coulent des jours heureux, installés dans des parcs dévolus à leur confort. Rémy présente ses fauves : Jade (2 ans et demi), Radja (3 ans et demi), Julie (10 ans), Oman (16 ans) et Shanga (13 ans), ses tigres, Elsa (10 ans), la lionne, et Timba (2 ans), le lion.
5 à 7 kg de viande chaque jour par animal
Les tigres, Rémy voulait les côtoyer : « Être au plus près et vivre avec eux comme ils vivent avec moi », confie-t-il. Et avant de franchir le pas, cela a été une réflexion mûrement réfléchie car cela implique un changement de vie totale.
« Il faut être présent tous les jours, assurer le nettoyage des parcs et des fauveries, les nourrir tous les soirs, soit 5 à 7 kg de viande rouge et blanche par animal, avec un jeûne une fois par semaine », énumère Rémy, qui a cessé son activité de restaurateur pour sa passion. Aujourd'hui, Rémy Demantes est à la tête du musée du Cirque et de l'Illusion à Dampierre-en-Burly (45) et la passion ne suffit pas pour avoir le droit de vivre avec de tels animaux.
Il a ainsi dû passer un certificat de capacité et avoir les autorisations d'ouverture d'installation de parcs animaliers pour détenir ces animaux. Et il a effectué plusieurs stages dans des parcs animaliers. Rémy se souvient de son premier fauve, un puma qui a échappé au sort funeste que lui réservait un taxidermiste.
Il a bien conscience de leur dangerosité et lorsqu'il entre dans la cage, c'est un bluff permanent, car s'il les a élevés au biberon, ils ont toujours l'instinct de prédateur. Ce sont des animaux imprévisibles, pour qui tuer est un jeu.
Et si ses tigres sont son échappatoire, sa bulle d'oxygène, il est toujours sur ses gardes, se devant de montrer qui est le dominant.
Rémy veille à leur bien-être, s'improvisant parfois soigneur pour les petits bobos ou les vaccins, mais quand le mal est plus important, il fait appel à Florence Ollivet Courtois, vétérinaire spécialiste de la faune sauvage. Les tigres qu'il possède, précise Rémy, sont tous nés en captivité.
En 26 ans, il y a eu 40 naissances chez lui. Des petits protégés qu'il a placés au sein de nombreux zoos dans le monde : Allemagne, Grande-Bretagne, Ukraine, Israël… Et pour couper court aux associations qui se font fort de dénoncer la détention d'animaux dans les cirques et autres, Rémy tient le discours suivant : « Qu'elles fassent déjà le nécessaire pour les sauver dans leurs pays d'origine, car ces animaux sont tués par des chasseurs pour leur seul plaisir ou par des braconniers pour récupérer leur peau, les os et leurs organes et alimenter un commerce de produits pharmaceutiques vendus en Chine. Il faut savoir que le trafic d'animaux est le deuxième commerce illicite après celui des stupéfiants. » C'est certains, les tigres seraient beaucoup mieux en liberté, mais il en va de leur survie, car à longue échéance, ils auront tout simplement disparu.
Deux tigres tués chaque jour dans le monde
En captivité, ils sont protégés et ce sera peut-être le seul moyen pour les générations futures de les approcher et de les voir autrement que sur papier glacé.
Rémy Demantes ne cache pas son pessimisme quant à l'avenir de ces animaux face à l'homme, « ce prédateur qui ne se préoccupe que de lui-même ».
Rémy, c'est l'ambassadeur d'une espèce en voie de disparition (il y a 4.000 tigres en liberté et deux tigres par jour qui meurent) et qui contribue, à sa manière, à préserver l'espèce dans ce havre de paix qu'il leur a bâti dans la cité oratorienne.
Source : La République du Centre.