Un rhinocéros tué à Thoiry

Re: Un rhinocéros tué à Thoiry

Messagepar Philippe » Mercredi 04 Octobre 2017 5:56

Colomba de La Panouse : « J’espère que du malheur de la mort de Vince est sorti une prise de conscience bénéfique pour la faune »

En mars 2017, le rhinocéros Vince était abattu au parc zoologique de Thoiry, les malfaiteurs ont emporté une de ses cornes. Près de sept mois plus tard, Colomba de La Panouse, directrice déléguée du Domaine de Thoiry, revient sur ce crime lié au braconnage et sur le rôle des zoos dans la préservation de la biodiversité.


Pouvez-vous nous rappeler les faits qui se sont déroulés dans la nuit du 6 au 7 mars ?
En arrivant le matin, la soigneuse a découvert que Vince, un jeune rhinocéros mâle de 4 ans, a été abattu. Une de ses cornes avait été sciée et on avait tenté de retirer la deuxième. Mais, les malfaiteurs se sont arrêtés, nous ne savons pas s’ils ont été dérangés ou s’ils étaient mal équipés. Une telle attaque dans un parc zoologique aux États-Unis ou en Europe ne s’était jamais produite.

Pouvez-vous en dire plus sur Vince ? Et l’intérêt de la corne pour les braconniers ?
Vince était né en captivité aux Pays-Bas. Il partageait son enclos avec Gracie et Bruno, nos deux autres spécimens. C’était un jeune mâle. Une corne de rhinocéros peut peser jusqu’à 6 kg chez un adulte, qui lui peut peser 2 tonnes. Le prix au kilogramme de la corne, qui se compose juste de la kératine – la même matière que les cheveux ou les ongles – peut atteindre les 60 000 dollars. Recherchée par de riches acheteurs asiatiques qui lui confère des vertus, bien que les études scientifiques ont démontré que la corne de rhinocéros ne possède aucune vertu thérapeutique ou aphrodisiaque.

Comment le personnel du Domaine a-t-il réagi ? et votre public ?
Le personnel a été très affecté. Même si nous intervenons le moins possible sur les animaux, nous y sommes attachés. La réaction a dépassé les frontières européennes et a révélé à une partie du public les problèmes de braconnage. Nous sensibilisons pourtant au braconnage, qui ne concerne pas uniquement les rhinocéros, grâce à différents programmes. Toutefois, nous avons constaté que le public n’est pas vraiment conscient de l’ampleur du problème. J’espère que du malheur de la mort de Vince est sorti une prise de conscience bénéfique pour la faune et la conservation des espèces en général.

Qu’avez-vous changé dans la sécurité du parc et des animaux ?
Nous avons revu la sécurité en mettant en place une surveillance continue 24 heures sur 24 de nos rhinocéros. Pour assurer la protection des animaux, nous ne dévoilons pas comment la modernisation de notre sécurité s’est organisée.

Sept mois plus tard, où en est l’enquête ?
L’investigation est toujours en cours, elle n’est pas conclue. Je ne peux donc pas fournir d’éléments à ce sujet. Ils n’ont tué qu’un seul rhinocéros, ce qui laisse présager que nous ne sommes pas face aux vrais professionnels du braconnage mais plutôt des criminels d’opportunité. La filière du braconnage ne s’attaque pas, pour le moment, aux parcs zoologiques. Il y a aucune raison de croire que l’attaque que nous avons subie soit le début d’une tendance. Des réseaux existent en Afrique et en Asie, mais en France trouver le réseau pour « fourguer sa marchandise » est une tout autre chose pour ce type de produit.

Par le passé, aviez-vous déjà fait face à d’autres intrusions ou à des vols ?
Il y a plusieurs années, nous avons effectivement eu un vol de tamarin et deux vols de ouistiti pygmée. Il s’agit d’animaux de collection. Le trafic des « nouveaux animaux de compagnie » (ou NAC) se révèle très ciblé sur les oiseaux, les reptiles amphibiens et les petits primates. Il existe un gros trafic pour les Nouveaux Animaux de Compagnie. Mais, le vol dans les parcs zoologiques n’est pas le premier recours.

Les animaux sont-ils assurés ?

Les animaux ne sont pas assurés car nous refusons de leur donner une valeur pécuniaire. Si nous ne leur attribuons pas de valeur monétaire, il n’est pas possible de les assurer. Depuis une trentaine d’années, nous échangeons ou nous nous donnons les animaux entre parcs zoologiques qui veulent maintenir une certaine éthique.

Interpol avait émis des alertes. Envisagiez-vous ce genre d’attaque ?
Il y a quelques années nous étions allés à une conférence sur le sujet du braconnage avec le spécialiste des rhinocéros Mike Knight de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’ONG Save the Rhino. Ils avaient évoqué les vols dans les musées, nous nous disions « bon sang, pourvu que ça n’arrive pas ». Cela ne nous paraissait pas réaliste. C’est une chose de voler une corne dans un musée, c’en est une autre d’abattre un animal et de scier sa corne.

Le décornage, le fait de retirer leur corne aux rhinocéros pour dissuader les braconniers, est-il une solution ?
Le décornage fait partie des mesures recommandées par l’UICN, les ONG de terrain et l‘association européenne des zoos. Leur première recommandation est d’adapter les mesures de protection en fonction du lieu. Nous ne l’envisageons pas pour le moment. Cela dépend de la surface à surveiller, le décornage peut être une option intéressante en Afrique quand il faut surveiller des kilomètres carrés car les gardes ne peuvent pas être présents partout. De plus, une corne ça repousse.

Et l’élevage commercial peut-il s’envisager ?
Non, car l’élevage pourrait perpétuer le mythe de la corne de rhinocéros, il serait préférable d’éradiquer les croyances responsables du braconnage.

Quel rôle pour les zoos dans la lutte contre le braconnage ?
Notre priorité reste toujours l’éducation et la sensibilisation du public, c’est le rôle numéro 1. Dans le monde, les zoos reçoivent des millions de visiteur, ils créent une empathie avec la faune. À Thoiry, nous accueillons 400.000 personnes par an. Notre public se révèle majoritairement urbain et déconnecté de de la nature. Il nous appartient de les sensibiliser à cause de la biodiversité. De plus, nous investissons financièrement dans des programmes de terrain en reversant une part des bénéfices à des programmes de conservation et à des ONG.
Source : www.goodplanet.info
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Messagepar GPN » Mercredi 04 Octobre 2017 19:37

Encore des propos intéressant de la part de Colomba de la Panouse ! :)
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Re: Un rhinocéros tué à Thoiry

Messagepar Philippe » Lundi 25 Décembre 2017 1:38

Le rhinocéros Unesco succède à Vince, tué pour sa corne au zoo de Thoiry

Vince, rhinocéros blanc, avait été retrouvé gisant dans son enclos dans les Yvelines, la tête traversée par trois balles de calibre 12.

Il y a neuf mois, sa mort avait indigné le monde entier. Vince, un petit rhinocéros blanc de 4 ans, avait été abattu par des braconniers au zoo de Thoiry (Yvelines). Vers 9 heures, le matin du 7 mars, une soignante l’avait retrouvé gisant dans son enclos, la tête traversée par trois balles de calibre 12. Et sa corne principale de 20 centimètres tronçonnée puis volée. Un acte de barbarie jamais vu en France, et même en Europe.

Mais, aujourd’hui, le directeur du parc, Thierry Duguet, révèle au Parisien une très bonne nouvelle : un autre petit rhinocéros de 18 mois, baptisé « Unesco » va succéder à Vince, au printemps prochain. Il a été attribué par l’association européenne des zoos et aquariums (Eaza). Un autre copain pour Bruno, 3 ans et demi, et Grazie, plus de 40 ans, les anciens colocataires de Vince, épargnés par les tueurs en mars.

Contrairement à son prédécesseur, arrivé de Hollande, en mars 2015, ce nouvel habitant, lui, viendra du safari de Peaugres, le plus grand parc animalier de Rhône-Alpes. Il n’a jusqu’alors jamais été présenté au public. Pas question d’en dire plus sur ce mammifère qui devrait parader devant les 400.000 visiteurs annuels et attiré encore plus de curieux.

« On a des alarmes et des gardes en permanence »

Le zoo ne donnera pas le jour précis de son arrivée. Les équipes le savent, les cornes de rhinocéros sont très prisées, essentiellement en Chine et au Vietnam, pour leurs supposés vertus aphrodisiaques et vendues, minimum, 50.000 euros le kilo.

Les rhinocéros blancs du Sud comme Vince restent très menacés par le braconnage. Il n’en reste que 20.000 spécimens dans le monde. Et, l’enquête confiée aux gendarmes de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, « n’a rien donné, précise Thierry Duguet. Ce qui ne veut pas dire qu’elle s’est arrêtée ». Alors la discrétion s’impose. Les mesures de sécurité seront-elles renforcées ? « Elles l’ont déjà été après la mort de Vince. On a des alarmes et des gardes en permanence », précise Thierry Duguet.

La venue de ce bébé n’est pas la première bonne nouvelle du zoo en neuf mois. Deux panthères de Chine sont nées ainsi qu’une petite panthère des neiges et une portée de... hyènes. Le directeur en est très fier. Et s’enthousiasme. « The show must go on. »
Source : Le Parisien.
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Re: Un rhinocéros tué à Thoiry

Messagepar Philippe » Jeudi 15 Février 2018 11:45

Le parc de Thoiry a sorti son nouveau pensionnaire avec ses deux congénères

Le jeune rhinocéros blanc a été mis au contact d’une femelle âgée et d’un jeune mâle. Il s’est amusé à courir après des grues couronnées.

Arrivé à Thoiry le 25 janvier 2018, Unesco était jusqu'i resté au chaud dans son box. Dans le nord des Yvelines, la neige n'a pas encore disparu du paysage et le vent fait descendre la température ressentie au-dessous de zéro. Ce n'est pas un temps à mettre un rhinocéros dehors. Pas question de prévoir une journée complète à se dégourdir les pattes.
La première sortie du nouveau pensionnaire du parc s'est limitée à deux heures, hier. Juste le temps de se rassasier de foin, et de faire plus ample connaissance avec Gracie, une femelle de 37 ans et demi et Bruno, un jeune mâle de 5 ans. Surtout olfactifs et visuels, les premiers échanges ont révélé un Unesco sociable et joueur.

Sécurité renforcée

« Il a eu ses premiers contacts avec Gracie sans que l'on perçoive une quelconque agressivité. On a vu aussi que Bruno était heureux de se trouver en relation avec un autre jeune mâle », observe Christophe, curateur.

Unesco ne s'est pas contenté de renifler ses congénères. Il s'est amusé à courir après les grues couronnées qui venaient se poser dans l'enclos. Le retour au box s'est fait sans difficulté. Depuis le choc causé par la mort de Vince, tué et privé de sa corne par des braconniers sans scrupule, la sécurité a été sensiblement renforcée dans et autour des abris des rhinocéros. Le Parc n'entre pas dans les détails mais ne se prive pas de le faire savoir.

L'enquête menée par la gendarmerie et les douanes se poursuit dans la discrétion.

La mort de Vince, le rhinocéros blanc tué dans son box du parc de Thoiry, est intervenue dans la nuit du 6 au 7 mars 2017. Dès le 8 mars, les enquêteurs procédaient à une autopsie du corps de l'animal. Trois balles de calibre 12 furent extraites de sa tête. Il s'agit d'un calibre courant pour les armes de chasse. Les premiers constats ont conduit les enquêteurs à retenir que les auteurs avaient agi à plusieurs et que le fait relevait de la criminalité organisée. D'une longueur de 20 cm, constituée de kératine, comme les ongles, la corne de Vince avait une valeur estimée entre 30.000 et 40.000 €.
Les gendarmes ont effectué les visites caractéristiques d'une enquête de voisinage sans que rien ne filtre. Les auteurs avaient très certainement effectué des repérages et pris des photos pour préparer la vente…

Une première en Europe

Dans le petit monde des parcs zoologiques, l'information de la mort de Vince a eu l'effet d'une bombe. Un tel acte constituait une première dans un zoo en Europe. Depuis, les parcs ont tous accentué leurs mesures de sécurité. Renforcement des rondes humaines, caméras de surveillance, détecteurs de mouvements font partie des dispositifs éprouvés. Après un moment d'abattement, le personnel de Thoiry s'est remis à l'ouvrage. La venue d'Unesco ne vient pas seulement combler un box vide. Elle s'inscrit dans un programme de mouvements permettant reproduction de rhinocéros blancs en captivité. Quand il en aura l'âge, le nouveau venu deviendra à son tour reproducteur. Mais pas nécessairement à Thoiry.

Image
Le parc de Thoiry a sorti son nouveau pensionnaire avec ses deux congénères
Le contact entre Unesco, à droite, Gracie, à gauche et Bruno, au centre, est pacifique.
Source : Les Echos.
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Re: Un rhinocéros tué à Thoiry

Messagepar Philippe » Mardi 30 Juillet 2019 20:21

Rhinocéros abattu à Thoiry : une pomme, dernière chance pour identifier les tueurs

Une empreinte ADN a été relevée sur une pomme dans l’enclos où l’animal a été tué de trois coups de fusil et sa corne découpée à la tronçonneuse.

Deux ans après la mort de Vince, le rhinocéros , âgé de 4 ans, abattu par des braconniers au zoo de Thoiry (Yvelines), les derniers espoirs des gendarmes reposent aujourd'hui sur une empreinte génétique extraite d'une pomme retrouvée dans l'enclos du mammifère.

C'est le matin du 7 mars 2017, vers 9h30, que les soigneurs découvrent l'animal, abattu de trois balles dans la tête et la corne découpée à la tronçonneuse. Durant la nuit, ses tueurs avaient emprunté un chemin de terre, situé à l'arrière de la réserve africaine. Ils ont ensuite forcé un portail avant de pénétrer dans le bâtiment où vivaient trois rhinocéros. L'autopsie de la tête de l'animal a permis d'extraire trois balles de calibre 12. Des munitions envoyées à l'époque à l'institut d'expertise criminelle de la gendarmerie.

La brigade des recherches de Mantes et les douanes judiciaires, saisies des investigations, ont aussi exploité les prélèvements réalisés sur la scène de crime. C'est ce travail qui a permis d'isoler un ADN sur une pomme. « Cette empreinte est la dernière chance qui reste pour résoudre ce dossier », confie une source proche de l'affaire. Mais pour l'instant, cette « signature génétique » est inconnue du fichier national.

55.000 euros le kilo au marché noir


Peu après les faits, les gendarmes avaient suivi une piste les conduisant vers un clan de gens du voyage sédentarisés du côté de Bois-d'Arcy. Une perquisition avait été menée, avec pour seul résultat la saisie de quelques carabines détenues illégalement et des objets en faux ivoire.

D'autres hommes ont également été surveillés sur Paris. Les douanes judiciaires ont placé tous ces suspects sous surveillance. L'hypothèse d'une commande passée par un client asiatique n'a jamais pu être confirmée. En Chine et au Viêt Nam notamment, la poudre de corne de rhinocéros est connue pour être aphrodisiaque et pour posséder des vertus médicinales. Au marché noir en Chine, le kilo de corne de rhino se vend à 55;000 euros.

« De mauvais amateurs »

Ces investigations n'ont apporté aucun résultat et l'affaire est en passe d'être classée par le juge d'instruction en charge du dossier. « C'est un crève-cœur, souligne une autre source. Cette affaire me tenait à cœur. Le spectacle de cette pauvre bête tuée et découpée comme ça m'a beaucoup ému. » « Les vrais braconniers en Afrique tuent les animaux à coups de Kalachnikov et savent découper les cornes jusqu'à l'os, souligne le fondateur du zoo Paul de La Panouse. J'ai toujours pensé que les tueurs de Vince étaient de mauvais amateurs et qu'ils n'ont sans doute même pas cherché à revendre leur trophée. »

Au zoo le souvenir de Vince et de ce crime reste encore très vif. « La relation entre les animaux et les soigneurs qui les élèvent est très forte, explique Paul de La Panouse. Les visiteurs nous en parlent encore car cet événement unique dans un parc zoologique européen a beaucoup ému les gens. Heureusement d'ailleurs qu'aucune autre attaque n'a été perpétrée ailleurs. »

L'an dernier, le zoo a accueilli un nouveau petit rhinocéros ce qui a permis de reconstituer le trio initial. Et à la suite du drame, les mesures de sécurité ont été renforcées dans et autour des installations.

Image
En 2017, Vince, un rhinocéros blanc, a été abattu dans son enclos de trois balles dans la tête. Et sa corne découpée à la tronçonneuse…
Source : Le Parisien.
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