"Depuis sa création, très peu d'abris et de cages ont été fabriqués, menaçant la vie des animaux exposés aux intempéries", déplore le directeur de l'établissement, le Dr. Ayekoué Yapo.
Autrefois situé en périphérie ouest de la capitale économique ivoirienne, le zoo se trouve désormais dans Abidjan intra-muros, cerné par des centaines d'habitations, en raison de l'urbanisation sauvage de ces dernières années.
Dans un pays en pleine crise politico-militaire, le zoo n'a évidemment plus aujourd'hui les moyens de moderniser des installations délabrées datant de l'époque coloniale.
Eléphants, lions, chimpanzés et crocodiles vivent dans des installations et bâtiments vétustes, construits pour la plupart en 1930. Le mur d'enceinte et sa clôture, en ruine, menacent de s'écrouler, sans compter les pannes quotidiennes de l'unique voiture chargée d'aller collecter à 50 kilomètres à la ronde l'alimention des animaux.
Faute de financements et de soins appropriés, une centaine d'animaux sont morts en trois ans, déplore le Dr. Yapo, même si l'établissement tente de se maintenir avec un budget misérable de 50.000 euros annuels, "insuffisant" pour nourrir, soigner et protéger les pensionnaires.
Pour redonner vie à son zoo, et parer au plus pressé, M. Yapo entend établir un "véritable pont" avec un zoo de Pretoria, et redynamiser son "vieux projet" grâce à un soutien financier sud-africain: un programme de réhabilitation d'un montant de 150.000 euros, lancé en 2001 par le gouvernement mais jamais mis en oeuvre à cause du début de la guerre un an plus tard.
"Impressionnée" après un précédent passage en août 2004 de deux vétérinaires sud-africains, la direction du zoo d'Abidjan souhaite ardemment une telle collaboration.
Ces deux spécialistes, en mission d'assistance, avaient soigné de nombreux animaux, dont les lions, Léa, Simba et Loulou, ainsi que les chimpanzés Judith et Bras long, stoppant une inexorable vague de décès ayant fait descendre le cheptel de 320 têtes en 2002 à 231 en 2005.
L'appui sud-africain tant attendu devrait permettre cette fois l'aménagement dans ce zoo de 20 hectares de zones spéciales pour y accueillir, dans de meilleures conditions, certains spécimens rares, comme une tortue de 100 ans et pesant plus d'une centaine de kilogrammes.
Les experts sud-africains travailleront également à augmenter le nombre de pensionnaires, et obtenir la reproduction en captivité de plusieurs espèces, comme Taya, Azagny et Canne, les trois éléphants, véritables stars de l'établissement, et les hippopotames. Toutes des femelles, elles se verront présenter un beau mâle reproducteur, amené spécialement pour l'occasion en Côte d'Ivoire.
Même chose pour l'unique singe à nuque blanche (
), une espèce en voie de disparition, dont une guenon est activement "recherchée" pour la reproduction. "La mort de ce singe constituerait une grande perte pour le zoo d'Abidjan" s'inquiète Julien Irié, qui prend soin des animaux.
Malgré ses attentes, le carnet rose du zoo d'Abidjan a été garni en 2005, avec la naissance d'un petit buffle le 22 décembre, baptisé Noël, d'un nouveau singe et d'une biche. Et pour cette année, le zoo attend l'arrivée d'un autre bufflon.
Un bébé chimpanzé, baptisé Fanta, recueilli dans le parc national de Taï (ouest, à la frontière du Liberia), est venu augmenter le nombre de pensionnaires, qui attire chaque mois près de 4.000 visiteurs, dont les plus assidus sont les élèves et les enfants.
Source : http://www.jeuneafrique.com
