Les parcs zoologiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes se cherchent un avenir
Le Parc de la Tête d'Or, le Pal ou encore le parc Animalier d'Auvergne se lancent dans de grandes rénovations et innovations, des expériences immersives et des hébergements insolites: les zoos veulent conquérir de nouveaux visiteurs, et surtout chouchouter les fidèles.
" Les parcs qui n'auraient pas investi ces 20 dernières années seraient sortis du marché ", clame d'emblée Arnaud Bennet, PDG du parc animalier et d'attraction du Pal (Allier).
Investir ou mourir, les zoos dans une course effrénée à l'innovation
Face à l'évolution des mentalités, les zoos ont fait peau neuve. Fini les cages à l'ancienne : fauves, girafes et autres primates vivent désormais dans des enclos plus vastes, plus végétalisés, et le béton se fait plus discret. " Aujourd'hui on a changé de philosophie. Le but est de tendre vers le bien-être animal. C'est même devenu incontournable ", souligne Cécile Erny, directrice de l'Association française des parcs zoologiques (AFdPZ).
Changement de discours, aussi. Les responsables de parcs mettent désormais en avant leur " rôle actif " dans la " sauvegarde de la biodiversité " via des programmes de conservation à travers le monde.
Un argument qui fait grincer des dents les anti-zoos. " C'est une goutte d'eau dans l'océan ", estime Franck Schrafstetter, président de l'association Code animal. " Les vitres ont remplacé les barreaux mais les animaux restent toujours captifs dans des surfaces ridicules qui ne correspondent par à leurs besoins primaires. Une espèce hors de son espace n'est que l'ombre d'elle-même. "
" Remettre en liberté des animaux nés en parcs, hors cadre de protocole de réintroduction, serait les condamner à mort dans les 48 heures ", rétorque Cécile Erny.
Une fréquentation record
" Que les mauvais zoos disparaissent est une bonne chose ! Les autres restent légitimes du fait de leur mission de conservation. Leur intérêt pédagogique est bien réel ", fait valoir la porte-parole de l'AFdPZ qui rassemble 95 structures. Et de souligner leur participation à des programmes de réintroduction de certaines espèces (ibis chauve, tamarin lion doré) ou à des plans nationaux d'action (cistude et loutre d'Europe, gypaète barbu...), les efforts entrepris pour que les animaux retrouvent leurs comportements naturels.
Avec 20 millions de visiteurs par an en France, 280 millions en Europe, l'intérêt pour les zoos reste intact.
Bientôt une forêt asiatique à Lyon
Faute de pouvoir repousser leurs murs, les zoos citadins misent sur la mixité des plus petites espèces. Après avoir créé en 2006 une "plaine africaine" sur près de trois hectares, le Parc de la Tête d'Or à Lyon prévoit ainsi pour 2020 une forêt d'Asie qui plongera les visiteurs au milieu des tapirs, gibbons et autres pythons verts. Animaux et végétaux seront originaires de Birmanie, du Laos, de Thaïlande, du Cambodge, du Vietnam, de la Chine et de l’Inde. Budget estimé: 3,6 millions d’euros. Le zoo de la Tête d’Or accueille chaque année près de 2 millions de visiteurs.
Diversifier les offres
La tendance est à la " scénarisation " et aux " sensations fortes ", détaille le PDG du Pal, qui a installé l'an dernier 22 alligators dans un espace simulant un parc abandonné après le passage d'un ouragan dans le bayou du Mississippi.
Soigneurs d'un jour, festival de musique, semi-marathon, tyrolienne au-dessus des lions: autant d'activités, parfois " immersives ", qui allongent la durée de la visite et favorisent le développement d'hôtels et d'hébergements insolites au coeur même des parcs. On peut ainsi dormir sur une passerelle au-dessus des panthères des neiges à Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme).
Des structures transformées en véritables "parcs d'attractions", selon le cabinet spécialisé Protourisme. " En concurrence avec Disneyland, le Puy du Fou et le Futuroscope ", elles se doivent aussi d'investir " massivement " dans l'innovation et la diversification, explique son président Didier Arino. Au point d'être sous perfusion bancaire: les zoos sont aujourd'hui endettés " entre 50 et 100% " de leur chiffre d'affaires, selon M. Arino.
Source : France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.