Qui a dit que les jaguars n’aimaient pas l’eau ? Certainement pas Mathieu Dorval, directeur du zoo de Bordeaux Pessac. « Le jaguar est souvent représenté dans un enclos avec des petits bassins, voire pas de bassin. Ici, Catalina et Mato disposent d’un bassin de 100 m3 d’eau. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce grand prédateur chasse beaucoup dans l’eau. »
De quoi surprendre le visiteur tout en respectant les comportements et les rythmes de vie de l’animal. « Notre partie pris est de créer les conditions pour que l’animal fasse quelque chose auquel on ne s’attendait pas mais qui est pourtant naturel », explique Mathieu Dorval pour qui la rencontre entre le visiteur et l’animal est essentielle.
Les liens entre l’homme et l’animal
Ainsi, certains passent jusqu’à deux heures avec les loriquets, ces oiseaux de la famille des perroquets, qu’il est possible de nourrir en proposant un nectar préparé par les soigneurs. Une expérience olfactive, visuelle et tactile. « L’idée est de créer un moment de rencontre avec chaque espèce sans pour autant que cela soit redondant », explique Mathieu Dorval. Dernier exemple, le zoo propose, depuis cette année, le labyrinthe des lémuriens, un dédale en bois dans lequel s’engouffre le visiteur. « Ce sont les lémuriens qui viennent au contact de l’humain et vont et viennent à leur gré. Cette expérience permet d’avoir une réflexion poussée sur l’homme et l’animal. Qui est en cage ? Ici, c’est plutôt l’homme. »
« Nous n’oublions pas, pour autant, notre rôle de distraction. Nous organisons des animations thématiques, à l’occasion d’Halloween par exemple, explique Mathieu Dorval. Le zoo est un parc d’attraction avec une éthique liée au respect de l’animal. On ne s’interdit rien. En revanche, il n’y a aucun intérêt, par exemple, à montrer un perroquet sur un vélo. » Un spectacle d’oiseaux en vol libre est ainsi proposé au public. « On diminue la part de petits numéros. En faisant voler un oiseau, on montre les capacités de l’animal. »
Cela fait 3 ans que Mathieu Dorval dirige ce zoo et 3 ans qu’il propose des évolutions allant dans ce sens. Inutile donc de demander le nombre d’espèces présentes à Pessac. « Cela n’a aucune importance. Je ne souhaite pas que l’on compare tel ou tel zoo en fonction de la grandeur du parc ou du nombre d’animaux. On veut ici toucher à l’émotionnel. On ne garantit pas les résultats mais on promet que si le visiteur prend le temps d’observer, il va se passer des choses et il repartira avec des souvenirs », explique Mathieu Dorval qui le reconnait : « On prend le contrepied des autres parcs animaliers. »
Changement de propriétaire
Dans quelques semaines ou quelques mois, Mathieu Dorval dévoilera officiellement son projet en tant que nouveau propriétaire du zoo. « La mairie de Pessac avait annoncé vouloir se désengager du zoo, ce sera bien le cas. C’est d’ailleurs dans cette optique, que je suis arrivé ici. J’ai été soigneur animalier pendant de longues années. J’ai gravi marche après marche avec pour objectif de diriger un établissement comme celui là, et ainsi m’exprimer à travers cet outil. Je concrétise 25 ans d’activité dans ce métier. » Fini donc le projet de grand parc animalier Save, abandonné lors du changement de municipalité en 2014.
Le zoo de Bordeaux Pessac, qui fait travailler 21 personnes, fait partie des attractions phares de la métropole, précise l’Office de tourisme de Bordeaux Métropole. Avec plus de 130.000 visiteurs en 2017, il se situe au 4e rang des sites métropolitains les plus fréquentés. « Il y a notamment beaucoup de scolaires qui font parfois jusqu’à deux heures de car », assure Mathieu Dorval. Le zoo a connu des années difficiles, des hauts et des bas. « Aujourd’hui, il va bien. En l’occurrence, dans le choix des nouveautés, on ne s’est pas trompé. »
Les pandas roux, Maurice et Mauricette, à l'heure du repas.
Source :
www.bordeaux7.com