Les zoos argentins à l'heure du choix

Les zoos argentins à l'heure du choix

Messagepar AdrieenCottrel » Lundi 24 Décembre 2018 15:26

Article intéressant sur liberation.fr paru hier, rédigé par Florian Bardou

Fermer ou se métamorphoser, les zoos argentins à l'heure du choix

Longtemps décriés pour les conditions de vie désastreuses de leurs pensionnaires, les parcs zoologiques du pays sud-américain ont pour la plupart été obligés de se reconvertir en «parcs écologiques». Une solution de compromis ?

Jusqu’à sa mort en juillet 2016, dans son enclos du zoo de Mendoza, on le présentait comme «l’ours le plus triste au monde». Dépressif, en très mauvaise santé et accablé chaque année par les chaleurs de l’été austral, Arturo, dernier ours polaire en captivité en Argentine, était alors le symbole des conditions de vie déplorables des animaux dans les parcs zoologiques du pays. Critiqué par les associations de défense animale depuis de nombreuses années, le parc animalier de Mendoza, inauguré en 1941, avait d’ailleurs fermé ses portes au public bien avant le décès de l’ours blanc. En cause : la mort en deux ans de centaines de pensionnaires (des daims, des chèvres, des pumas, un ara, une hippopotame et même une panthère noire) qui vaut désormais à la directrice de l’ex-zoo Mariana Caram une plainte pénale pour maltraitance animale.

En 2019, après rénovation, l’ancien zoo va cependant rouvrir au public. Comme la plupart des parcs zoologiques argentins touchés par des scandales similaires ces dernières années, les autorités provinciales ont en effet décidé de reconvertir le vieux zoo en «écoparc». L’idée : faire de ce lieu pensé au début du XXe siècle sans réel souci des besoins vitaux de chaque espèce en un «parc écologique» destiné à l’éducation à l’environnement et à la protection de la faune et la flore autochtone menacées d’extinction comme le jaguar. En attendant cette métamorphose, les lions ou les éléphants ont été transférés dans des sanctuaires naturels aux Etats-Unis pour jouir d’une vie (un peu) meilleure tandis qu’une grande partie du cheptel comme les lamas ou les oiseaux ont été proposés à l’adoption.

A Buenos Aires, l’ancien zoo d’inspiration victorienne, connaît un destin similaire. Après l’évasion ou la mort de plusieurs animaux emblématiques comme un ours polaire, un girafon de quelques jours ou deux lions de mer, le maire de la capitale argentine Horacio Rodríguez Larreta a annoncé en 2016 la création d’un «bioparc» pour 2023 en lieu et place du jardin zoologique de 25 hectares construit en 1875, un des plus grands du monde à l’époque. «Les enfants pourront venir se divertir et apprendre, a-t-il déclaré au moment d’annoncer la nationalisation du parc, mais autrement, car la façon dont vivent les animaux ici ne transmet pas les valeurs que nous souhaitons.» Ce projet d’envergure doit permettre de réduire la population animale à 300 individus, pour la plupart des animaux autochtones menacés de disparition, sur les 1 500 spécimens que la vieille ménagerie comptait encore il y a trois ans. La création d’un refuge pour les animaux braconnés est également envisagée à côté d’un centre de recherches et d’espaces éducatifs sur l’environnement.

Pourtant cette métamorphose, également décidée pour les zoos de La Plata et de Mar del Plata, ne séduit pas tous les défenseurs des animaux. Le collectif Sin Zoo («sans zoo», en espagnol), particulièrement mobilisé ces dernières années pour exiger la fermeture des parcs zoologiques du pays, estime par exemple que la création de cet «écoparc» ne met en rien fin à l’exhibition d’animaux à des fins de divertissement et aux situations de maltraitance . Pire, depuis la fermeture provisoire du zoo, les derniers pensionnaires, comme la très médiatique femelle orang-outan Sandra, seraient laissés à l’abandon en attendant la concession de parcelles du parc à des sociétés privées. En juillet dernier, la mort inexpliquée d’un rhinocéros blanc puis celle d’une girafe ont d’ailleurs inquiété les protecteurs des animaux. Leur objectif ? La fermeture définitive des zoos provinciaux, comme celui de Córdoba visé par une pétition, et la réintroduction de leurs pensionnaires, si possible, dans leur habitat naturel.

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Arturo, le seul ours polaire d'Argentine, dans son enclos du zoo de Mendoza, le 5 février 2014, deux ans avant sa mort.
AdrieenCottrel
 
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