Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Philippe » Vendredi 03 Janvier 2020 8:55

Voici le dessin du caricaturiste Pierre Kroll paru dans l'édition de ce jour du quotidien Le Soir :
Image
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Vinch » Vendredi 03 Janvier 2020 9:06

Génial !
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar okapi » Vendredi 03 Janvier 2020 12:53

Top!
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar gibbon » Samedi 04 Janvier 2020 2:04

Excellent, le dessin !
Merci, Philippe, pour ces partages !

Vinch a écrit:Dis-moi, Candlemass, en quoi ce commentaire que tu avais émis plus haut n'est pas une ineptie des plus achétypiques et des plus primaires ?
Ecolo qui parle bien être animal alors qu'ils siutiennent l'abattage rituel ..

Vinch, j'allais me connecter afin d'adresser à Candlemass exactement la même réponse que celle que tu as formulée. Tu m'as devancé ! :)

Candlemass a écrit:L'abattage rituel est à l'opposé du bien être animal. Quand un parti comme ecolo distribue un tract électoral où il dit "ecolo est pour l'autorisation de l'abattage sans étourdissement dans le cadre des rites religieux à Bruxelles" et que ensuite ils ne soutiennent plus les sorties scolaires dans les zoos pour le bien-être animal... ca mérite il me semble d'etre souligné sans être traité de raciste primaire.

Alors, le déjà le mot « raciste » n'est pas très adapté puisque ta critique est envers des (une ?...) religions, et je rappelle que parmi les fidèles des différentes religions que l'on rencontre en Europe, il y a des individus d'origines et de couleurs très diverses, y compris des blonds aux yeux bleus.
Ensuite, concernant l'opposition au bien-être animal : si les abattages rituels sont à l'opposé du bien-être animal, je me demande alors où peuvent bien se situer par rapport à celui-ci des pratiques d'abattage telles que balancer des agneaux vivants les uns sur les autres en leur donnant quelques coups de pieds ou de poing au passage, comme s'il s'agissait de bagages jetés en soute d'avion, attraper des poulets vivants par les pattes et leur fracasser la tête contre des supports solides avec la force qu'on mettrait pour cogner un marteau sur un clou, suspendre des moutons ou des porcs par les pattes et les éviscérer vivants, ou encore flanquer des coups de latte dans la tête de bovins immobilisés par des barrières, que l'on peut voir dans les abattoirs de France et de Navarre au cours d'abattages non rituels ! C'est carrément une autre dimension faudrait inventer pour pouvoir situer ces techniques d'abattages innommables par rapport au bien-être animal. Sans parler de la chasse à courre, qui est, à mon avis, l'une des plus cruelles façons qui soient de tuer un animal. Il ne faut pas se tromper de cible.
Bref, je ne voulais pas "polluer" la discussion avec ça, mais je tenais à répondre à cette ineptie qui est l'une des plus grosses qu'il m'ait été donné de lire sur ce forum.

Eh ben, c'est la soirée des coups de gueule, on dirait :P
« Les oiseaux ne descendent pas des dinosaures, ce sont des dinosaures à proprement parler. »
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Okapia.J » Vendredi 17 Janvier 2020 12:49

Pour justifier leur existence, la plupart des zoos mettent en avant un rôle sociétal et éducatif. Les zoos préserveraient la biodiversité, participent aux programmes internationaux de sauvegarde de la Nature et surtout sensibiliseraient et « éduqueraient » nos enfants.

Les petits Ixellois n’iront plus au zoo avec l’école: le débat sur la captivité est lancé
Comme toujours, les éléments mis en avant par les promoteurs de la captivité reposent sur une réalité complexe dont ils s’approprient l’un ou l’autre aspect pour y rattacher et valoriser leur propre activité. Les zoos qui avaient une vocation – et sans doute une raison d’être au siècle passé – sont devenus anachroniques et obsolètes aujourd’hui. Au XXIe siècle, des collections d’animaux enfermés et mis à la disposition du public ne sont là que pour faire de l’argent, comme le fait tout parc d’attractions. C’est d’ailleurs ce que les plus « emblématiques » d’entre eux deviennent en développant un tourisme de masse dont les impacts sur l’environnement posent question.

Un faux argument
De nombreuses facettes que mettent en avant les responsables de zoos s’inspirent d’activités à part entière. Elles sont légitimes, exercées dans des circonstances qui leur sont propres. Mais la sauvegarde des espèces en voie de disparition, l’hébergement d’animaux abandonnés, ou l’éducation à la Nature ne sont pour les zoos que des prétextes destinés à « blanchir » leur image et attirer le public.

Le plus inacceptable dans ce fatras médiatique est l’argument éducatif.

Quelle éducation ? Pour qui ? Pour quel motif ? Tout simplement parce que l’enfant est le meilleur moyen d’attirer écoles et familles pour faire tourner leur commerce. Tous les parcs d’attractions l’ont compris, les enfants sont une source de profits intarissable. Et les animaux un prétexte idéal pour les faire craquer. D’autant plus lorsqu’on crée un contact direct avec eux…

Des normes établies par l’homme et pour l’homme
La plupart des textes en matière de protection des animaux, que ce soit dans les élevages industriels ou dans les structures accueillant des animaux sauvages reposent sur le respect des conditions physiologiques et éthologiques des espèces concernées, et de normes de détention qui s’y rattachent. Ces normes sont établies par l’homme pour respecter les conditions de vie minimales permettant aux animaux de satisfaire leurs besoins éthologiques (comportementaux) et physiologiques (espaces, nourriture, etc.). Ces normes sont établies par l’homme et dans les faits, malheureusement pour l’homme.


Des besoins physiologiques oubliés
Des besoins physiologiques ? Que font des oiseaux dans une volière lorsqu’on sait les distances qu’ils parcourent dans le ciel, la hauteur à laquelle des prédateurs tels les aigles et les vautours s’élèvent pour trouver leur proie ? Les sensations qu’ils ont à se laisser porter par les courants d’air ? Que font des espèces habituées à traverser de grandes distances, à courir ou galoper, dans des enclos toujours trop étroits ? Que font des espèces habituées au grand froid ou à la chaleur des pays tropicaux dans des pays dont les conditions météorologiques ne respectent en rien leurs mécanismes thermorégulateurs ?

Se déplacer, manger, se reproduire, survivre dans des conditions climatiques opposées aux leurs… Un enfant peut se rendre compte qu’aucun de ces besoins primordiaux n’est respecté en captivité.

Les ours polaires de la discorde à Pairi Daiza
Des liens brisés
Des besoins éthologiques ? Comme si ces espaces artificiels et dramatiquement appauvris pouvaient donner aux animaux l’occasion de développer partie – voire la totalité – de leur bagage comportemental. Quand il s’agit d’espèces sociales, aucune des règles prévalant dans la Nature n’est respectée. Les groupes sont créés et défaits, au rythme des nécessités du zoo. Tant le nombre de participants que leur intégration en tant qu’individu à part entière dans le groupe sont régis par l’homme. Quand on sait que le lien parental est établi à vie dans certaines espèces, comme c’est le cas pour les orques, et que les hommes les brisent systématiquement, séparant sans aucun état d’âme les mères et leur enfant, on mesure combien ces structures sont éloignées des valeurs qu’ils mettent en avant pour justifier leur activité.

Vivre ensemble, vivre en famille, choisir ses partenaires et interagir avec son environnement, apprendre, jouer, découvrir… un enfant peut se rendre compte qu’aucun de ces besoins primordiaux n’est respecté en captivité.

Des espaces artificiels dramatiquement appauvris
Jamais – et ce toutes espèces confondues – jamais l’homme ne pourra créer les causes et conditions d’une existence épanouie pour des animaux jouissant de conscience, d’intelligence, partageant les mêmes émotions que nous, tissant des liens familiaux et sociaux, établissant des relations complexes avec d’autres espèces et leur environnement… dans des espaces artificiels, dramatiquement appauvris, et ne satisfaisant pas leurs besoins physiologiques et éthologiques.

Un choix éducatif contestable
Il n’y a donc aucune éducation à montrer ces « formes » vides de vie à des enfants. Il existe une multitude d’alternatives technologiques (documentaires, musées des sciences, etc.) ou d’excursions dans la nature (parcs naturels tels le Zwin…) où les enfants découvrent, s’émerveillent et apprennent réellement à respecter le monde vivant. Dans ces circonstances, les écoles jouent leur rôle éducatif. Emmener les enfants dans des zoos en leur montrant la suprématie de l’espèce humaine sur toute autre forme de vie, son droit à l’enfermer et à la traiter comme une marchandise est au contraire « contre » éducatif. Si des parents n’ont pas cette forme de conscience ou la refusent, le choix d’aller dans un zoo demeure un choix personnel et familial. Mais il ne devrait en aucun cas être avalisé comme choix éducatif par une école.

Source : https://plus.lesoir.be/272518/article/2 ... tes-contre
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Okapia.J » Vendredi 17 Janvier 2020 12:51

Réponse de l'EAZA à cette carte blanche :

Dès ses premiers mots, l’article d’Yvan Beck s’avère incorrect et démontre que son auteur n’a aucune compréhension de la conservation des espèces sauvages, de l’éducation et de la recherche dans les parcs zoologiques. Du reste, il n’y a en effet aucune raison pour que les vétérinaires soient nécessairement des experts en ces matières, à moins d’avoir acquis personnellement de l’expérience en travaillant dans des zoos modernes.

Yvan Beck accuse les zoos d’être dépassés. Sans doute n’a-t-il pas remarqué que les espèces sauvages s’éteignent à un rythme 1.000 fois supérieur à celui auquel s’attendrait la communauté scientifique en l’absence de l’homme. Et que pour de nombreuses espèces, parmi lesquelles des animaux connus de tous comme d’autres moins visibles, leurs habitats sont détruits à une vitesse jamais atteinte jusqu’ici. Quel que soit le point de vue éthique sur la détention d’animaux, il s’agit là de faits marquants du XXIe siècle. Ce qui est dépassé, c’est précisément d’ignorer, aujourd’hui, toute méthode qui participe à la lutte contre cette extinction de masse.

Un terrain privilégié d’études sur la conservation
Yvan Beck conteste la bonne foi des zoos et qualifie leurs arguments en matière de conservation et d’éducation de prétextes destinés à faire de l’argent. Yvan Beck se garde bien de dire à ses lecteurs qu’un nombre considérable de zoos et d’aquariums membres du réseau EAZA (l’Association européenne des zoos et aquariums), et plus largement également, sont des institutions caritatives sans but lucratif. Il se refuse aussi à informer ses lecteurs du fait que les zoos et aquariums du réseau EAZA emploient un nombre considérable d’experts en conservation ; de même qu’il ne s’interroge pas sur les motivations qui poussent ces scientifiques hautement qualifiés à travailler dans les zoos et aquariums plutôt qu’ailleurs. Manifestement, ses propres certitudes morales balaient de tels questionnements et considérations. C’est ce même mépris pour l’objectivité qui conduit certains gouvernements ou dirigeants de haut niveau à continuer à préférer dire à la population « ce qu’elle veut entendre » plutôt que « ce qu’elle a besoin d’entendre » ; une attitude qui est directement responsable de la destruction des habitats naturels et d’un dérèglement bientôt incontrôlable du climat. Asséner ses certitudes morales en totale méconnaissance de cause est rarement le bon ingrédient dans la recherche d’une solution aux problèmes les plus dramatiques que connaît le monde. La crise de la biodiversité mérite une réflexion autrement moins simpliste.

Des espèces sauvées de l’extinction
La conservation des espèces est la mission principale des zoos et aquariums modernes, et nous la menons à bien tant sur le terrain que dans nos institutions. Les zoos et aquariums du réseau EAZA contribuent chaque année à hauteur de millions d’euros au financement de projets menés en milieux naturels. La communauté des zoos est l’un des tout gros contributeurs aux programmes de conservation. Yvan Beck se refuse à faire la moindre référence à cet aspect de notre travail, tout comme il ne suggère rien quant à la façon dont les programmes de conservation financés par les zoos et aquariums pourraient subsister sans eux. Est-il favorable à une levée d’impôts pour remplacer ces revenus si essentiels aux projets de conservation sur le terrain ? Comment imagine-t-il que les institutions, qui sont les seules à pouvoir maintenir en vie certaines espèces comme le saola (un bovidé vivant à la frontière entre le Vietnam et le Laos, dont il subsiste au plus quelques centaines d’individus), pourraient continuer à acquérir une expertise si sa mouvance licencie tous les experts scientifiques capables de l’apporter ? A moins que l’extinction d’espèces ne soit pour lui le prix à payer pour satisfaire sa certitude morale ? Si tel était le cas, nous aurions alors déjà perdu définitivement l’oryx d’Arabie, les condors de Californie, le bison d’Europe et une multitude d’autres espèces sauvées par les zoos.

Un travail de conservation
Les zoos et aquariums du réseau EAZA maintiennent aussi en vie des populations d’animaux menacés pour garantir que, quoi qu’il se passe demain dans la nature, elles soient démographiquement et génétiquement suffisamment diversifiées pour assurer la survie de l’espèce. Là où c’est possible, les zoos et aquariums du réseau EAZA contribuent également à la réintroduction d’animaux dans la nature, tels que les cinq rhinocéros noirs envoyés au Rwanda en juin de l’année dernière. Curieusement, Yvan Beck ne fait aucune mention de ce travail de conservation.

Rappelons qu’Yvan Beck accuse les zoos d’invoquer l’éducation comme prétexte pour gagner de l’argent. Pourtant, il ne fournit pas le moindre début de preuve pour étayer son propos. De leur côté, les zoos et aquariums du réseau EAZA ont sous contrat des milliers de professionnels de l’éducation et évaluent en permanence l’efficacité de leurs programmes et outils pédagogiques. Si Yvan Beck disait vrai, il n’y aurait aucune raison d’agir de la sorte.

L’EAZA croit (et s’efforce de le prouver) que les petits Ixellois seront plus susceptibles de s’inquiéter du sort réservé aux tigres, par exemple, et de faire quelque chose pour les sauver, si leur expérience est plus directe et plus forte que la simple lecture de livres de Sciences naturelles. Ou, pire encore, de livres d’Histoire.

Des normes très strictes pour le bien-être animal
Yvan Beck attaque enfin les zoos sur la question du bien-être animal. Mais ici, pas plus qu’ailleurs, il ne fait preuve d’aucune compétence scientifique, en réduisant le bien-être à la seule notion d’espace, une équation sans valeur objective. Le groupe de travail « Bien-être animal » de l’EAZA, qui analyse les contributions d’experts scientifiques du monde entier, identifie au contraire plusieurs aspects fondamentaux du bien-être animal ; un modèle qui garantit aux animaux pris en charge le droit et la possibilité de vivre en bonne santé physique, avec des stimuli environnementaux adaptés, une nutrition adéquate et d’exprimer l’éventail le plus complet possible de leurs comportements naturels. Ce sont ces aspects qui assurent la bonne santé mentale d’un animal. Les animaux dans les zoos et aquariums de l’EAZA sont maintenus en groupes répondant à leurs besoins sociaux, et nous inspectons régulièrement nos institutions-membres pour nous assurer qu’elles répondent à nos normes, considérablement plus élevées que celles imposées par la loi.

Contribuer à la survie, une priorité
Les affirmations d’Yvan Beck sont donc grossièrement fausses, et c’est sur la base de ces contre-vérités que des petits belges pourraient se voir refuser le droit de voir des animaux et d’apprendre comment contribuer à leur survie. Mais il ne se soucie peut-être pas de cette survie, au contraire des milliers de zoologistes, éducateurs, pédagogues, éthologues, chercheurs, scientifiques du bien-être animal, experts de la conservation qui ont choisi de travailler dans les zoos et aquariums de l’EAZA. En ces temps de crise de la biodiversité, nous ne devons pas nous dédouaner de nos responsabilités envers la survie des espèces au motif qu’elles mettraient mal à l’aise des activistes radicaux. Au contraire, nous devons utiliser notre expertise professionnelle pour garantir une information objective au public, et l’aider à sauver les populations d’animaux, où qu’elles se trouvent.

Source : https://plus.lesoir.be/273348/article/2 ... -aquariums

Excellente réponse de l'EAZA !
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar okapi » Vendredi 17 Janvier 2020 14:08

Question de point de vue!
Je doute que le bourgmestre d'Ixelles soit un "activiste radical"! Il faut quand même accepter l'idée que le libre arbitre fait partie de nos démocraties et comprendre que tout le monde n'a pas forcément envie de valoriser les mêmes enjeux ou objectifs. La réponse de l'EAZA est circonstanciée, communautaire et partiale. On pourrait aussi la considérer, selon le point de vue, comme appropriée, raisonnée et argumentée. Ou, d'un autre point de vue, totalement subjective, orientée et activiste!
Des milliers de zoologistes, éducateurs, pédagogues, ethnologues, chercheurs, scientifiques? Pas dans les parcs français! Voilà un magnifique sujet d'étude: combien y a t'il de zoologistes, d'éducateurs, de pédagogues, d'éthologues, de chercheurs et de scientifiques directement salariés par les parcs aujourd'hui en France? De vrais emplois, à temps plein, avec, pour les chercheurs, les publications de leurs travaux?
Je trouve pour ma part le texte du contradicteur plutôt bien écrit et l'EAZA devrait vraiment se méfier des emballements de ses communiquants: tenter de victimiser les zoos en s'attaquant à des remises en question d'ordre éthique, c'est toujours dangereux, surtout en ces temps d'embrasement facile de la société civile...
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar furylion » Vendredi 17 Janvier 2020 15:00

Étant donné que la pédagogie, fait partie d'un de mes métiers, je peux me permettre de répondre à cette partie.
Rappelons qu’Yvan Beck accuse les zoos d’invoquer l’éducation comme prétexte pour gagner de l’argent. Pourtant, il ne fournit pas le moindre début de preuve pour étayer son propos. De leur côté, les zoos et aquariums du réseau EAZA ont sous contrat des milliers de professionnels de l’éducation et évaluent en permanence l’efficacité de leurs programmes et outils pédagogiques. Si Yvan Beck disait vrai, il n’y aurait aucune raison d’agir de la sorte.

De quels "professionnels de l'éducation" s'agit-il ?
En France, le Parc des Félins demande à ses animateur un diplôme de "médiateur scientifique". Un diplôme que ne demande pas le Museum National d'Histoire naturelle, par exemple.
Ensuite, la "pédagogie" des zoos est basée sur l'écoute. (j'entends par là sans payer en plus pour un atelier). Hors, environ 60% de la population serait "visuelle", en d'autre termes, environ 60% de la population comprendra et mémorisera que ce quelle voit( ce qui est différent de ce qu'elle lit). Donc, en écoutant un animateur de zoo parler, quelle proportion du public aura compris et retenu quelque chose ? Uniquement les "auditifs", donc moins de 40% (l'autre catégorie est les "kinesthésiques", qui comprennent en manipulant).
Une vraie pédagogie devraient donc au moins être adressée à l'ensemble des publics (auditifs, visuels et kinesthésiques) pour être efficace.
Attention : pour les kinesthésiques, manipuler un animal est-il pédagogique ? Je ne pense pas. Manipuler un animal procure des sensations, voir des émotions (qu'on soit kinesthésique ou non), mais qu'apprend-t-on en manipulant un serpent, par exemple ?
Que c'est "chaud" ? (sensation)
Que c'est "gentil" ? (jugement de valeur)
Que ça a des écailles ? (on a besoin de le toucher pour ça ?)
Ce que ça mange ? (a moins que le public ne serve de goûter à un anaconda...)
Que c'est tellement doux qu'on en veut un à la maison ? (au risque de me répéter, quel poids auront les paroles de l'animateur par rapport à la sensation du toucher dans la mémoire d'un individu ?)
La pédagogie, à mon sens devrait commencer dès la conception d'un enclos, notamment lors du mélange des animaux. Prenons le cas des plaines africaines de la Boissière du dorée : pourquoi ce choix d'animaux et pas d'autres ? Par exemple, rhinocéros, zèbres et antilopes. Parce qu'ils vivent sur le même continent ? Sauf que certains vivent en Afrique du Nord et d'autres en Afrique du Sud. Quel est donc le message que l'on cherche à faire passer ?

L’EAZA croit (et s’efforce de le prouver) que les petits Ixellois seront plus susceptibles de s’inquiéter du sort réservé aux tigres, par exemple, et de faire quelque chose pour les sauver, si leur expérience est plus directe et plus forte que la simple lecture de livres de Sciences naturelles. Ou, pire encore, de livres d’Histoire.

La vision d'un tigre procure émotions et sensations (différentes du toucher, il est vrai, mais allez tripoter un tigre...). Néanmoins, la vision seule d'un animal, peut-elle faire prendre conscience de la destruction de son habitat, du braconnage, de la compétition avec d'autres espèces animales... Pour ça un reportage in-situ est plus efficace.
Sinon, on pourrait le voir dans une petite cage, un chapiteau, même une boîte, et on serait "sensible à leur sort" ?
Et donc, la lecture de livres est une expérience moins "directe" et moins "forte" que la vision de l'animal ?
Elles sont complémentaires ! Un livre peut être très pédagogique. Avec des illustrations, montrant les raisons de la disparition d'un animal, ou en mettant en valeur des animaux minuscules ou absents des zoos, voir même en détaillant des écosystèmes de façon plus complète.
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Thibaut » Vendredi 17 Janvier 2020 15:49

Yvan Beck relève pas mal de vérités dérangeantes notamment sur les besoins et je trouve que la réponse de l'EAZA sonne un peu fausse. Après Rewild, les attaques vont surement fuser et il va falloir trouver de meilleurs arguments. Peut-être davantage d'investissements pour les animaux ? Quand on voit les investissements d'aujourd'hui les 3/4 c'est hôtels ou attractions.

Un choix éducatif contestable
Il n’y a donc aucune éducation à montrer ces « formes » vides de vie à des enfants. Il existe une multitude d’alternatives technologiques (documentaires, musées des sciences, etc.) ou d’excursions dans la nature (parcs naturels tels le Zwin…) où les enfants découvrent, s’émerveillent et apprennent réellement à respecter le monde vivant. Dans ces circonstances, les écoles jouent leur rôle éducatif. Emmener les enfants dans des zoos en leur montrant la suprématie de l’espèce humaine sur toute autre forme de vie, son droit à l’enfermer et à la traiter comme une marchandise est au contraire « contre » éducatif. Si des parents n’ont pas cette forme de conscience ou la refusent, le choix d’aller dans un zoo demeure un choix personnel et familial. Mais il ne devrait en aucun cas être avalisé comme choix éducatif par une école.


Pour répondre à l'affirmatif à cette question, ce monsieur n'a jamais du avoir à faire de la pédagogie.
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Okapia.J » Vendredi 17 Janvier 2020 16:06

okapi a écrit:Question de point de vue!
Je doute que le bourgmestre d'Ixelles soit un "activiste radical"! Il faut quand même accepter l'idée que le libre arbitre fait partie de nos démocraties et comprendre que tout le monde n'a pas forcément envie de valoriser les mêmes enjeux ou objectifs. La réponse de l'EAZA est circonstanciée, communautaire et partiale. On pourrait aussi la considérer, selon le point de vue, comme appropriée, raisonnée et argumentée. Ou, d'un autre point de vue, totalement subjective, orientée et activiste!
Des milliers de zoologistes, éducateurs, pédagogues, ethnologues, chercheurs, scientifiques? Pas dans les parcs français! Voilà un magnifique sujet d'étude: combien y a t'il de zoologistes, d'éducateurs, de pédagogues, d'éthologues, de chercheurs et de scientifiques directement salariés par les parcs aujourd'hui en France? De vrais emplois, à temps plein, avec, pour les chercheurs, les publications de leurs travaux?
Je trouve pour ma part le texte du contradicteur plutôt bien écrit et l'EAZA devrait vraiment se méfier des emballements de ses communiquants: tenter de victimiser les zoos en s'attaquant à des remises en question d'ordre éthique, c'est toujours dangereux, surtout en ces temps d'embrasement facile de la société civile...


Un avis contraire de votre part aurait été étonnant ! :roll: Vous n'avez pourtant guère fait preuve de démocratie sur ce forum au cours des dernières années.
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar okapi » Vendredi 17 Janvier 2020 16:18

Allons bon! Même si j'ai souvent rêvé d'enfermer quelques aimables membres de ce Forum dans la cage des ratons laveurs de la Ménagerie (mais je crois que je ne suis pas le seul...), je pense néanmoins être, au sens grec du terme, plus que soucieux du respect de la démocratie... Avez-vous la moindre idée de ce que totalitarisme signifie?
C'est un forum de débat, d'analyse et de réflexion: la contestation et la possibilité de réfuter un argument sont des fondements du droit d'expression. Au fait, en quoi ma réponse est-elle un déni de démocratie?
Quand j'ai enseigné il y a quelques années en Belgique, j'ai du signer une déclaration d'allégeance au roi... Je dis ça...
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Antoine » Vendredi 17 Janvier 2020 16:58

Okapia.J, c'est quoi le problème ?
Je ne suis pas souvent d'accord avec Okapi et parfois il m'énerve mais, franchement, ce forum n'est pas un lieu de règlement de compte. Si vous n'êtes pas capable de vous restreindre, vous n'avez rien à faire ici. Merci d'avance.
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar okapi » Samedi 18 Janvier 2020 9:41

Ah mince! Antoine, je pensais que nous étions d'accord sur tout, ou presque!
Thibaut, je ne comprends pas ta réaction à propos de la pédagogie: tu penses qu'un singe dans une cage permet de faire prendre conscience de la fragilité du monde aussi bien, ou mieux, qu'un documentaire qui le montre en liberté?
J'ai plusieurs enfants dans mon entourage qui n'aiment pas aller au zoo pour y voir des animaux enfermés. Doit-on les y contraindre?
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Philippe » Samedi 18 Janvier 2020 10:30

Okapi, une sortie scolaire, même au zoo, est-elle une contrainte " sans intérêt" si elle est travaillée en amont ? Justement l'occasion pour les élèves n'appréciant pas la vue d'animaux en cage de défendre leur point de vue, d'expliquer leur position. Et, au retour de la dite sortie, de voir si les explications obtenues sur place ont fait évoluer, ou pas, leur point de vue aussi légitime que celui de leurs camarades heureux à la perspective d'une telle sortie.
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Re: Belgique : les écoliers d'Ixelles n'iront plus au zoo

Messagepar Thibaut » Samedi 18 Janvier 2020 11:43

Thibaut, je ne comprends pas ta réaction à propos de la pédagogie: tu penses qu'un singe dans une cage permet de faire prendre conscience de la fragilité du monde aussi bien, ou mieux, qu'un documentaire qui le montre en liberté?


Le numérique ne remplacera jamais le vivant pour moi. Voir un animal simplement dans une cage non, mais si la visite est préparée en amont elle peut être intéressante. Si tu travailles avec un documentaire en amont, des activités sur son habitat, le voir en vrai c'est le point final. Je l'ai déjà vécu avec de nombreux groupes d'enfants.

Et, au retour de la dite sortie, de voir si les explications obtenues sur place ont fait évoluer, ou pas, leur point de vue aussi légitime que celui de leurs camarades heureux à la perspective d'une telle sortie.

Absolument d'accord avec Philippe, personnellement lorsque j'emmène les enfants au zoo j'ai une discussion avant avec eux? que ça soit sur les règles (courir, faire du bruit déranger les animaux) mais aussi sur la captivité en général, souvent sous forme de débat. Je peux te garantir que les enfants qui s'y connaissent en animaux sont ceux qui visitent les zoos, c'est également en général les plus attentifs. Je fais souvent des activités pédagogiques a travers des livres et reportages et sincèrement ils retiennent mieux et sont plus intéressés au zoo. Après c'est que des expériences personnelles, pas d'études.
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