Oise : un félin détenu illégalement près de Noyon, la justice saisie
La gendarmerie et les services de l’Etat ont rendu visite, lundi 3 février 2020, à une famille propriétaire d’un serval, un animal sauvage qu’elle détient sans autorisation. La justice devra décider si l’animal doit leur être enlevé.
Ataï devra-t-il déménager ? Pourra-t-il rester chez son maître ? La décision sera prise d'ici quelques semaines. Ce lundi matin, dans un village du Noyonnais, les gendarmes du poste à cheval de Compiègne et les services de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) sont intervenus chez Arnaud*. Depuis plus d'un an, ce dernier vit avec sa femme, ses enfants, ses chats et… un serval.
Cet animal sauvage, un félin de taille respectable - 85 à 112 cm de long pour 54 à 66 au garrot - appartient à une espèce dangereuse et protégée. Deux raisons qui font qu'il est interdit d'en posséder un sans autorisation préfectorale. Dans le cas d'Arnaud, l'amour des félins l'a conduit à passer outre.
« Je le promène en laisse sur mon grand terrain »
« Il me suit partout. Je le promène en laisse sur mon grand terrain. Quand je l'ai eu, il avait 6 mois. Il vivait dans la maison avec nous, montait sur le canapé. On l'adore », confie le maître. Un secret bien gardé jusqu'en août 2019 : le petit fauve, rusé, s'échappe par une fenêtre après avoir actionné le bouton relevant les volets.
Une disparition inquiétante, pour Arnaud, qui publie un avis de recherche sur Facebook, indiquant avoir perdu un savannah, soit un chat issu d'un croisement avec un serval. Les gendarmes sont rapidement alertés et, pas dupes, mènent l'enquête, en partenariat avec l'Office national de la chasse et de la faune sauve (ONCFS).
Acheté 8.000 € à Verdun
Dès octobre, en attendant les suites, « l'animal a fait l'objet d'une saisie conservatoire sur site », indique la maréchale des logis-chef Typhaine Pons, gendarme au poste à cheval. Impossible, en effet, de placer l'animal. « Les structures accueillantes sont rares, les personnes en capacité de les détenir, tout autant », poursuit la militaire.
La DDPP est maintenant chargée d'éclaircir la situation, qui est complexe. Arnaud a acheté le fauve 8.000 €, à Verdun, à une vendeuse russe qui l'a acquis dans un refuge en Allemagne… Les papiers ne sont pas en règle et Arnaud, n'ayant pas fait le stage ad hoc, n'est pas habilité à détenir un animal sauvage.
« On doit avoir une dizaine de demandes de stage par an pour des reptiles, des insectes ou des oiseaux exotiques comme certains perroquets, explique Nathalie Haudebourt, de la DDPP. Avec nos forêts, d'autres animaux sauvages arrivent dans les maisons, comme les renards ou les sangliers. Les gens trouvent un marcassin dans la nature et le ramènent chez eux. Petit, c'est mignon, six mois plus tard, ils défoncent des portes ! Je rappelle que c'est interdit. »
« Je ne veux pas qu'il aille dans un zoo »
Pour Ataï le serval, l'affaire remontera au procureur de la République, afin de déterminer si Arnaud est autorisé à s'inscrire au stage pratique et théorique de 70 heures. Si oui, il passera devant une commission, au ministère de la Transition écologique et solidaire.
« Je vais faire mon maximum pour le garder, je ne veux pas qu'il aille dans un zoo, assure Arnaud. J'ai construit un grand enclos, il a même sa petite chambre à la cave, avec un hamac que je lui ai fabriqué. »