La meute de loups de Menez Meur...tranche de vie.

La meute de loups de Menez Meur...tranche de vie.

Messagepar maxime » Jeudi 04 Mai 2006 13:34

A travers le haut grillage de leur enclos, les loups de Menez Meur restent distants, inaccessibles, au mieux indifférents aux curieux qui s’exclament, au pire sur leurs gardes. Ils n’ont quasiment aucun contact avec l’homme et ne tolèrent sa présence que lors de la distribution des repas. Pas d’agressivité, mais une retraite tranquillisante au fond des tanières aménagées ou...dans les coins les plus éloignés de l’enclos.

Ils se nomment Croc-Noir, Waloo, Tarek, Vilale, Urika et Raïka. Ils forment la meute de Menez Meur.

Nous sommes en Finistère, sur les contreforts ouest des Monts d’Arrée. Menez Meur est un parc animalier, propriété du Conseil Général et géré par le Parc Naturel Régional d’Armorique. Niché au milieu des bois et des landes, il surplombe la rade de Plougastel et par beau temps, on peut voir la mer...et Brest. Ce jour là, le 16 janvier 2006, c’est le regroupement général devant l’enclos des loups. Un jour d’hiver en Finistère, pluvieux et froid...La meute est nerveuse, elle se cache, se faufile.

Le directeur du parc, Patrick Miossec, donne ses dernières instructions au personnel et bénévoles présents. C’est le jour « J » par lequel les 6 loups de Menez Meur vont être officiellement intégrés au registre national et par lequel le parc va satisfaire aux normes françaises concernant la détention d’espèces de la faune sauvage.

Un groupe pénètre dans l’enclos, qui pour l’occasion a été quelque peu modifié quelques jours auparavant ; un autre groupe se tient prêt à agir près des boxes de contention individuels attenants à l’enclos. Imaginer devoir les capturer un à un, les manipuler, leur prodiguer des soins et les « marquer » n’a pas été sans poser des problèmes tactiques, sécuritaires et sanitaires, alors même que les gestionnaires du parc n’étaient pas formés pour. Cette opération délicate se déroule donc sous les conseils avisés de Catherine Wardzynski, vétérinaire au zoo de Pont-Scorff (Morbihan), contactée pour l’occasion et qui fera preuve d’une disponibilité très appréciée.

Le rabattage commence ; la tension des loups est palpable, ils ne témoignent d’aucune agressivité mais retrouvent leur instinct de fuite devant l’homme.

5 loups seront tout de même poussés dans leur course à pénétrer dans les boxes individuels ; le dernier attendra son tour du fond de la tanière dans laquelle il a trouvé refuge.

Un par un, les animaux sont anesthésiés à l’aide de fléchettes tirées par un fusil à air comprimé. La substance, un anesthésiant « doux », nécessite de préserver le calme autour des animaux de manière à ce qu’ils s’endorment progressivement sans être dérangés par des stimulii. Néanmoins, l’anesthésie de Croc-Noir, le loup alpha, est quelque peu mouvementée et s’il fallait une preuve que la meute de Menez Meur restait réactive et instinctive, elle est fournie ce jour là.

Une fois endormi, chaque loup est équipé d’une pince spéciale destinée à leur maintenir la gueule ouverte et à l’empêcher de mordre ; impressionnante mais indolore, cette technique vise à assurer la sécurité lors des manipulations, au cas où l’anesthésiant s’affaiblirait. La vétérinaire contrôle la respiration, le pouls...tout se passe bien, à l’exception de Tarek qui donnera quelques signes de faiblesse : un antidote administré rapidement et quelques massages respiratoires permettront à son état de se stabiliser...Rassurant.

Il est temps maintenant de procéder à l’introduction de la puce électronique, en sous-cutanée au niveau de la jugulaire gauche. Chaque puce émet désormais un signal codé différent, qui sert de numéro d’identification personnel au registre national. Catherine Wardzynski profite de l’occasion pour effectuer également un traitement antiparasitaire préventif et une prise de sang, de manière à établir un bilan de la santé de chaque loup (dont les résultats sont d’ailleurs très positifs).

Les réveils sont progressifs et sans complication. Quelques heures après, les 6 loups de Menez-Meur peuvent s’abreuver (l’anesthésie a le même effet que sur les hommes : elle donne soif) et le lendemain, ils ont de nouveau la possibilité de se nourrir.

Le puçage de la meute de Menez Meur a été une expérience formatrice autant qu’impressionnante. Elle ne se reproduira pas de sitôt, ce qui permettra à la meute de garder quelque distance vis-à-vis de l’homme. Néanmoins, elle nous aura marqués ; rien à voir avec de simples chiens. Le regard de ces loups, même emprisonnés, gardait toute leur profondeur, leur insondable force. Etre près d’eux, les soigner, veiller sur leur sommeil et leur réveil a déridé mêmes les techniciens les plus endurcis ou les plus indifférents. Respect.

Source : http://www.loup.org
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