Que vont devenir les soigneurs animaliers de Marineland ?

[GPN]

Si la captivité de sorques est discutable en terme de gestion sociale, celle des dauphins l'est bien moins. Je suis en minorité sur ce forum concernant ce sujet. Mais je pense que les dauphins ont toute leur place dans les structures zoologiques. Et j'irait même jusqu'à dire que ce sont les animaux dont on a le meilleur suivi et le meilleur soin en Europe occidentale.

[Simon38]

Peux-tu étayer ton avis, s'il te plaît ? Comme tu le dis, il y a davantage d'anti-cétacés en zoos sur le forum donc avoir une opinion à l'opposé du spectre, si je puis dire, est intéressant. Je pense pour ma part que se poser la question de la pertinence ou légitimité de la captivité des orques et des dauphins amène en creux l'interrogation sur n'importe quelle espèce ou groupe zoologique. Pourquoi les dauphins seraient inaptes, plus que les autres, à la captivité ? Ce sont des animaux d'une intelligence et d'une sensibilité folle. Les grands singes aussi. Leurs structures sociales sont complexes et difficiles à reproduire. Combien de parcs ont des lacunes, sur ce point, avec leurs éléphants ? Ils ont des besoins en espaces et en environnement impossibles à satisfaire ? Nombre d'oiseaux migrateurs évoluent sur des centaines voire des milliers de kilomètres chaque année et leur captivité ne semble interroger personne.

[GPN]

Et bien tu viens de donner certains de mes arguments. Si on arrête les cétacés, il va falloir arrêter de nombreuses espèces.

De plus, quelle espèce en France a consacré à ses soins un ration de 10 soigneurs pour 3 animaux ? Les orques de Marineland. Certes, ce n'est pas le seul moyen d'arriver à un bien être animal optimal mais pour certaines espèces qui ont besoin de beaucoup de training, d'enrichissements, de modifications de l'environnement, la ressource humaine est un paramètre important.

Les cétacés en général sont des animaux sur-entraînés. cela stimule leurs capacité cognitives. Ces entraînements permettent certes en premier lieu à faire des spectacles. Mais je n'y vois pas bien d'inconvénient. Les méthodes d'entraînement sont basées sur la coopération et le renforcement positif. Mais ces entraînements permettent aussi une veille médicale importante.

En plus de cela ce sont les meilleurs ambassadeurs du milieu marin auprès du public.

Enfin on en fait beaucoup sur les bassins. Les dauphins passent la plupart de leur temps entre 0 et 3m de profondeur. S'ils font des kilomètres c'est pour trouver leur nourriture.

[Simon38]

Le training ne me dérange pas dans la mesure où il est pratiqué sur de nombreuses espèces et a depuis longtemps prouvé ses vertues médicales et comportementales. En fait, là où ça coince pour moi, justement, c'est cette notion de spectacle. Le concept amène avec lui tout un vocabulaire qui fait très archaïque et à mille lieux des notions de bien-être et d'intimité : scène, entraînement, dressage, chorégraphie, timing, réponse à des stimuli à heures fixes devant une foule, musique... Et les bassins, dans leur conception répondent à cette spectacularisation. C'est une piste avec gradins, fond de scène, avant-scène, etc... Même si les mentalités changent, le visiteur "classique" vient voir un spectacle avec des artistes dont, hélas, le libre-arbitre est sévèrement amputé. Je ne suis pas certain que le public, d'une manière générale, s'attende à autre chose et c'est ce que les Aquaparcs vendent après tout. De plus, si on doit envisager le show comme seul palliatif à l'ennuie des animaux, cela me pose aussi problème. À mon avis, si l'on avancer dans le domaine, il faut amener à modifier le regard du public. Envisager autrement les espaces dévolus à ces espèces, sortir de l'arène de spectacle. Il y a une multitude de choses à imaginer pour révolutionner leurs conditions de captivité : des bassins plus vastes c'est certain mais aussi des différences de niveaux, des changements brutaux et/ou fins de substrats, de la végétation, des simulations des vagues et de marrées, des lâchés de poissons vivants de manière pérenne....

[GPN]

Tous les delphis français datent au moins des années 90. La plupart ont voulu les refaire et attendaient une loi sur les delphis avant de le faire pour avoir des dimensions/profondeurs/systèmes de filtration... demandés par la loi.

Mais les animalistes ntont fait que repousser cette loi, condamnant les cétacés à rester dans les installations moins dapatées que les projets envisagés. En fait on ne connaît que ça car on a laissé survivre que ça.

Je ne vois pas le problème de l'entraînement paliatif. Quand on y réfléchit c'est très similaire à de la chaase. Quand les dauphins pêchent ils doivent développer certaines techniques pour obtenir du poisson ou même du réconfort. La nourriture n'est pas gratuite dans l'océan... Et bien là c'est la même. Mon comportement induit une prise de nourriture.

Enfin certes les spectacles sont à heure fixe mais les entraînements à côté ne le sont pas.

à mille lieux des notions de bien-être et d'intimité : scène, entraînement, dressage, chorégraphie, timing, réponse à des stimuli à heures fixes devant une foule, musique...

Et cette phrase n'est qu'un condensé d'anthropomorphisme. Rapellons nous que les autres espèces n'ont pas les mêmes ressentis et perception du monde. Je ne dit pas qu'ils sont bêtes mais différents. Ils accordent pas ou peu ou plus d'importance à certains paramètre de leur environnement.

[Simon38]

Attendre qu'une loi impose des conditions de vie meilleures de captivité me semble davantage un prétexte pour maintenir le statuquo. Si aucun parc n'a envisagé mieux que des arènes pendant toutes ces années, c'est aussi parce que cette situation convenait aux exploitants de ces structures. Il me semble que Doué n'a pas attendu l'interdiction de la mutilation des oiseaux ou le rehaussement légiféré des plafonds des volières (que l'on attend toujours!) pour proposer une carrière d'un hectare et de 18 mètres de haut pour ses bandes de aras. De plus, sans le "blocage" de cette loi par les animalistes, on peut parier qu'on serait reparti pour des décennies de captivité des cétacés.

Il n'est pas difficile d'imaginer qu'un animal se repérant essentiellement par le son est impacté par la musique d'un spectacle, les fréquences d'un micro qui peut se dérégler (l'effet larsen par exemple) et les exaltations d'une foule enthousiaste surplombante. Si l'on défend le droit à l'absence des animaux dans un espace de captivité, il y a une contradiction fondamentale à les exhiber lors de spectacles timés et vendus comme tels. Donnez un vaste lagon à des dauphins et je doute qu'ils auront des envies de bonds entres des cerceaux, dans une eau traitée chimiquement, et d'échouades sur des plages bétonnées...

Et la comparaison avec la chasse... Désolé, mais je la trouve à côté de la plaque. Comment peut-on comparer un animal qui mobilise son corps, ses sens, sa mémoire et ses savoirs pour traquer des proies mobiles dans un environnement en perpétuel changement, et un autre qui reçoit une friandise en échange d'une action commandée ?

[alex2000]

La nouvelle loi n'interdit pas complètement la détention des orques ou dauphins par les zoos et aquariums. Elle aménage la possibilité de présentations pédagogiques sur dérogation du Ministère de l'Environnement, dans la cadre de programmes scientifiques dont le contenu reste à définir par les décrets d'application.
Aussi, le Marineland d'Antibes est suspecté par les associations animalistes de préparer le transfert de ses orques vers le parc aquatique japonais afin d'échapper à l'enquête ordonnée par la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence sur l'état de santé et les conditions de vie des cétacés. D'autant plus depuis qu'une jeune orque de douze ans est morte à l'automne dernier.


Questions connexes :

1. Ne vaut-il pas le coup de sacrifier la liberté de quelques animaux pour les faire connaître de près et aimer du grand public ? D'autant que ce relatif sacrifice doit être mis en rapport avec les aléas et infortunes tout aussi sacrificiels de la vie sauvage : morts précoces, maladies, asphyxies dans les filets de pêche, pollutions, prédations, hécatombes naturelles ou artificielles...

2. La présentation d'animaux bien vivants n'est-elle pas plus efficace pour la cause animale que la méthode Sea Shepherd d'exhibition de dauphins morts et mutilés sur les quais de ports de pêche ou le parvis du Trocadéro ?


N'oublions pas que la loi sur les delphinariums, établie au nom de la lutte contre la maltraitance animale, est également une question d'affichage et de lâcheté politique.
En parant au plus facile, se préoccuper du destin d'une poignée de cétacés entretenus par une poignée de soigneurs et parcs animaliers, le politique trouve par la même le moyen d'ignorer le sort et de ne rien faire pour ces millions de bêtes entassées dans les élevages industriels ou le massacre des innocents en pleine nature. Telle la vénerie sous terre et ces centaines de milliers de renards ou blaireaux tués chaque année à coups de pinces, pioches, pelles ou jetés à la curée des chiens.
Tout ce qui réclamerait un peu de courage pour affronter les lobbies de l'agriculture ou de la chasse.

[GPN]

Si aucun parc n'a envisagé mieux que des arènes pendant toutes ces années, c'est aussi parce que cette situation convenait aux exploitants de ces structures.

Pourtant le parc astérix avait des plans, Planète était prêt à modifier ses installations. Marineland aurait sans doute suivi.

Il n'est pas difficile d'imaginer qu'un animal se repérant essentiellement par le son est impacté par la musique d'un spectacle, les fréquences d'un micro qui peut se dérégler

Je n'aime pas trop l'utilisation de ce mot dans une discussion où des faits scientifiques sont exposés... Quand au reste de ce paragraphe les études sont disponibles sur internet. Je trouves que tu te mets beaucoup à la place du dauphins. Ces animaux sont nés en captivité

Et la comparaison avec la chasse... Désolé, mais je la trouve à côté de la plaque. Comment peut-on comparer un animal qui mobilise son corps, ses sens, sa mémoire et ses savoirs pour traquer des proies mobiles dans un environnement en perpétuel changement, et un autre qui reçoit une friandise en échange d'une action commandée ?

Ce paragraphe montre que c'est toi qui est à côté de la plaque concernant l'entraînement car poru l'apprentissage (potentiellement infini) d'un comportment il faut que l'animal utilise sa mémoire, ses savoirs, et son corps pour attendre différents objectifs qui lui amènent ensuite une récompense. Demander un saut à un dauphin n'est pas si facile qu'il n'y paraît

La nouvelle loi n'interdit pas complètement la détention des orques ou dauphins par les zoos et aquariums.

Je crois qu'il y a une échéance pour les orques non ? Pour les dauphins ce n'est en effet plus le cas. Car le décret de 2017, abrogé quelques temps après, prévoyait l'interdiction d'importation (d'autres delphis) et de reproduction des cétacés en captivité sur le territoire français.

[alex2000]

Je ne vois pas dans la loi du 30 novembre 2021 de distinction particulière entre orques et dauphins mais une qualification générale de "cétacés ". Pour lesquels la présentation d animaux captifs resterait possible à condition d'exclure les "spectacles ". Un peu de vernissage scientifique et le tour est joué. Show must go on !