L'animal a été aperçu pour la première fois début mai dans une boucle de la Seine, à hauteur de Duclair (Seine-Maritime), juste en aval de Rouen. "D'après les descriptions que nous faisaient les gens, nous avons d'abord cru qu'il s'agissait d'un phoque veau marin, une espèce rencontrée très souvent dans la région", témoigne Alain Beaufils, responsable du CHENE, une "clinique" pour animaux sauvages installée à Allouville (Seine-Maritime).
Mais en se rendant sur place, Alain Beaufils doit se rendre à l'évidence: cet animal est un phoque barbu, une espèce que l'on a plus l'habitude de croiser sur la banquise du Grand Nord. "Depuis deux siècles, c'est la seconde fois qu'un phoque de cette espèce reconnaissable à ses longues moustaches est signalé en France et encore la première fois il était mort", dit-il.
L'animal semble en bonne santé et se satisfaire du régime alimentaire de la Seine où il trouve poissons, coquillages et crustacés à volonté. "C'est un jeune de deux ans qui doit peser déjà 150 kg et qui a pris du poids depuis son arrivée si l'on en juge par les photos", assure-t-il. Il passe une partie de son temps sous l'eau pour dormir ou chercher sa nourriture dans le lit du fleuve. Sinon il se dore au soleil sur la cale d'accostage d'un bac transbordeur ou sur la pente d'une digue de protection du fleuve.
Le mammifère semble cantonner ses évolutions dans les premières boucles de la Seine, en aval de Rouen, où il a été observé à La Mailleraye, au Landin, à Aizier ou encore à Anneville-Ambourville (Seine-Maritime). Mais il ne dédaigne pas non plus les escapades. Au début de l'été, il est ainsi parti durant trois semaines.
Les animateurs du CHENE ont pu reconstituer son périple. Vers la fin juin, il commence à remonter le fleuve, traverse incognito Rouen et se retrouve à la première écluse sur la Seine, à Poses ((Eure). Là , il est aperçu par un éclusier qui tente de le dissuader de passer. En vain.
Le phoque continue son voyage, passe une seconde écluse et franchit les limites de la Normandie. Le 9 juillet, ses longues moustaches sont signalées par des promeneurs à La Roche-Guyon, dans le Val d'Oise. Le 14, il est de nouveau aperçu par les éclusiers de Poses mais cette fois dans le sens de la descente. Il passe une nouvelle fois sans encombre l'obstacle et retrouve la partie maritime du fleuve.
Alain Beaufils estime que l'animal qui s'est vraisemblablement égaré peut survivre en Seine. "Il doit avoir chaud, surtout en ce moment, mais il ne cherche manifestement pas à repartir vers le nord", observe-t-il, en rappelant que des manchots de la banquise du pôle sud vivent dans des zoos du midi de la France "sans qu'on leur donne des glaçons pour s'asseoir".
Source : Orange.
