entretien avec le coordinateur de la campagne EAZA rhino

entretien avec le coordinateur de la campagne EAZA rhino

Messagepar chenapan » Vendredi 08 Décembre 2006 10:26

source : http://www.linternaute.com/nature-anima ... onis.shtml

juin 2006

"Les rhinocéros sont sauvés... pour l'instant"

Renaud Fulconis coordonne la campagne de l'Association européenne des zoos (EAZA), qui a choisi cette année le rhinocéros, animal emblématique de la vie sauvage. Il nous explique l'importance de cet outil de sensibilisation.

Pourquoi les rhinocéros sont-ils menacés aujourd’hui ?
Il y a plusieurs raisons, et qui concernent l'ensemble des espèces de rhinocéros : la destruction de leur habitat mais surtout la chasse pour leur corne. En effet, si celle-ci n'est composée que de kératine, comme nos ongles et nos cheveux, elle est utilisée dans la médecine traditionnelle orientale, et plus particulièrement en Chine pour guérir bien des maux sans que son efficacité n'ait jamais pu être prouvée. Elle fut aussi longuement utilisée dans la fabrication des poignards au Yémen. Cependant, si les rhinocéros sont toujours menacés, la situation est bien moins noire qu'elle ne le fut dans les années 1980.

Les effectifs des rhinocéros noirs ont chuté de près de 65 000 individus en 1970, à moins de 10 000 une dizaine d'années plus tard et 3 100 aujourd’hui. Les rhinocéros blancs pour leur part ont failli totalement disparaître à la fin du XIXe siècle puisqu'il ne restait plus qu'une cinquantaine d'individus. Grâce à des efforts intenses, ils ont pu être sauvés d'une disparition annoncée et représentent aujourd'hui l'espèce la plus importante avec plus de 11 000 individus. Chez les rhinocéros asiatiques, le rhinocéros indien, qui ne possède qu'une corne et une impressionnante carapace est le mieux représenté avec une population supérieure à 2 400 individus mais de nombreux cas de braconnage récents rendent cette population fragile tout comme celles des rhinocéros de Sumatra et de Java, qui ne comptent respectivement que 300 et 60 individus. Si dans l'ensemble ils sont aujourd'hui bien protégés par des équipes veillant sur eux et gérant leur populations, les effectifs sont encore trop faibles et la pression du braconnage encore trop importante pour les savoir tirés d'affaire.

Pour quelles raisons, après les tigres et les tortues, les rhinocéros ont-ils été retenus par l’Association européenne des zoos (EAZA) ?
Le premier facteur important est bien entendu la menace qui pèse sur l’animal. Il faut aussi que celui-ci soit bien représenté dans les parcs zoologiques européens (86 d’entre eux possèdent au moins l’une des espèces de rhinocéros, sur les trois présentes en captivité en Europe : blancs, noirs et indiens). Enfin, il est important de prendre en compte l’intérêt que le public porte à l’espèce en question et le succès que peux remporter cette campagne. Outre la sensibilisation, la "campagne rhino" a pour objectif de recueillir des fonds (350 000 euros) destinés à financer 13 projets de conservation sélectionnés, ce qui ne peut se faire qu’en fonction de l’image qu’a l’espèce aux yeux des visiteurs. En protégeant le rhinocéros, on protège aussi d’autres espèces plus petites, moins emblématiques et souvent peu connues du public, qui partagent le même environnement. La prochaine campagne, qui débutera en octobre prochain, aura pour sujet Madagascar et s’intéressera à son écosystème dans son ensemble et aux animaux et plantes qu’il abrite.

Comment les zoos français ont-ils décidé de réagir face à ce constat ?
Les rhinocéros ont remporté un franc succès puisque 18 zoos français et 110 au total en Europe se sont inscrits à la campagne et développent depuis Pâques pour certains, diverses activités de sensibilisation auprès de leurs visiteurs. Afin de joindre leurs forces, les zoos français ont décidé de se mobiliser tous ensemble pendant la semaine du 8 au 16 juillet. Au programme : jeux, animations, mise en place de panneaux d’information, vente d’objets "rhinos" et récolte de fonds pour les projets de terrain. Mais pour de nombreux parcs zoologiques, les activités se prolongeront bien au-delà de cette date.

Existe-t-il des programmes de réintroduction pour des rhinocéros élevés en captivité ?
Aujourd’hui, les espèces menacées appartiennent à des plans d’élevage dont l’objectif est de gérer au mieux la population en captivité, afin notamment d’éviter la consanguinité lors des échanges d’un zoo à un autre. Cependant, une bonne gestion de la population ne signifie pas pour autant qu'il faut le plus de petits que possible car se pose ensuite la question de la place disponible. Si la réintroduction s’est déjà effectuée avec des rhinocéros noirs retournés en Afrique par exemple, c’est une opération extrêmement coûteuse, risquée et pas toujours intéressante. Si les rhinocéros blancs sont les plus présents en parcs zoologiques, ils sont aussi aujourd’hui assez nombreux dans la nature, en particulier en Afrique du Sud, et l’ajout de nouveaux individus n’est pas toujours souhaité. Dans la nature, les populations sont aussi gérées à une échelle réduite, celle d’un parc ou d’un pays.

Vous êtes également un membre très actif de l’association Awely, qui par ses actions tente de faciliter les liens entre hommes et animaux sauvages dans la nature. Quelle a été votre réaction lorsque l’UICN a publié sa nouvelle liste rouge, qui compte cette année 16 119 espèces menacées ?
Chaque année malheureusement, la liste rouge de l’IUCN nous rappelle combien les espèces animales et végétales qui partagent la même planète ont à souffrir de nos activités et de notre consommation effrénée des ressources naturelles. L’élément le plus notable est sans doute qu’apparaissent encore des espèces menacées par le réchauffement climatique. Soit d’une manière directe, comme l’ours polaire qui souffre de la diminution de son territoire, soit d’une manière indirecte, comme de nombreuses espèces de papillons, de petits mammifères, d’oiseaux qui sont obligés de déplacer les leurs pour y trouver des conditions plus favorables en terme de température ou de nourriture disponible. Les modifications du climat rendent aussi certaines espèces plus vulnérables aux infections comme c’est le cas par exemple de nombreuses grenouilles au Costa Rica. Alors que l’on ne connaît encore qu’une petite partie des espèces qui composent la biodiversité, il est douloureux de penser que bon nombre d’entre elles disparaissent avant même d’avoir été découvertes. Enfin, et c’est ce sur quoi nous travaillons au sein d’Awely, le grossissement constant de la population humaine amène les animaux à des contacts de plus en plus directs avec l’homme qui empiète sur leurs territoires. Il convient alors d’accorder beaucoup d’importance à ce problème croissant afin d’envisager l’avenir des hommes et des animaux qui partagent le même environnement sous des jours meilleurs. Il est plus que temps que la prise de conscience devienne une priorité internationale et qu’elle conditionne, d’une certaine manière, les gestes que nous faisons tous au quotidien afin que le maximum d’entre eux soient des gestes responsables et que les générations futures puissent elles aussi profiter des merveilles que la terre nous offre encore.

:wink:
chenapan
 
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