Pessac : le projet de parc animalier bouge encore
Tandis que les dinosaures donnent de la voix avec l’Opération Raptors, les politiques affûtent leurs arguments pour ou contre le projet de parc animalier et végétal Save.
Même pas peur ! D'avoir caressé virtuellement un très méchant dinosaure type raptor n'a pas convaincu le nouveau maire Franck Raynal (UMP) de revenir sur sa décision d'arrêter le projet de parc animalier et végétal. En prenant ses fonctions samedi, il avait rappelé sa volonté de « solder le projet Save et lancer un nouveau projet d'aménagement du Bourgailh ». C'était un « point central » de sa campagne. « Je n'ai pas changé et ni Alain Rousset ni moi n'en avons parlé », a-t-il déclaré hier, lors de l'inauguration de l'Opération Raptors.
Si son discours fut bref, celui du député socialiste et président de région, s'est quand même attardé sur le zoo en précisant : « C'est le lieu d'attraction touristique le plus important de l'agglomération. »
Le directeur, Raphaël Dupin, a confirmé : « En entrées payantes. » Environ 100 000 par an.
Après avoir insisté sur l'aspect économique du tourisme, Alain Rousset a souhaité au zoo « le plus bel avenir ». Or depuis 1989, il voit cet avenir sous forme de parc botanique et zoologique. C'est son idée, avec un objectif de 300 000 visiteurs par an.
Même s'il « note que Franck Raynal a redit samedi son intention d'arrêter », il ajoute : « Il faut qu'il comprenne l'intérêt économique pour la ville. Les élus ne doivent plus se positionner comme donneurs de subventions, mais aussi comme investisseurs. »
L'affaire dépasse Pessac : « C'est une opération novatrice qui s'inscrit dans un pacte d'agglomération, avec le Musée des civilisations du vin et le Grand Stade, où intervient aussi la région. » Alain Rousset parle de « devoir républicain ».
La CUB, maintenant, c'est Juppé. Patrick Guillemoteau, encore président pour quelques jours du Syndicat mixte Pôle touristique du Bourgailh veut croire que c'est « un homme d'honneur » : « Il ne peut pas avoir pris l'argent pour le Musée du vin et dire ‘‘Je reviens sur ma parole'' pour Save, projet qu'il a accompagné. Seul Franck Raynal a voté contre. »
D'un autre côté, si c'est la volonté du nouveau maire de Pessac… « J'ai d'autres priorités pour la ville », réaffirme Franck Raynal. « Les équipements sportifs, les écoles. » Et pour lui, pas de problème, on est « en-deçà du point de non-retour. D'après ce que je sais, le montant des dédits n'est pas très important. »
Patrick Guillemoteau, par ailleurs avocat, n'est pas tout à fait d'accord. « Le contrat est signé. Si la Ville le rompt, elle devra payer. » Il estime l'ardoise, « hors recours » entre 2,8 et 3,5 millions. « En outre, 5,5 millions ont déjà été dépensés pour le rachat du zoo, les études et les premiers acomptes. On a dépassé le stade du projet. Ce serait du gaspillage, d'autant que le zoo actuel, aura besoin d'une remise aux normes de 1,5 million, sur un site contraint de 4 hectares qui ne lui appartient pas. »
Mais Franck Raynal avait évoqué la revente à un privé. Une seule chose le ferait reculer : « Que la Région paie ce que doit payer Pessac. » Le président Alain Rousset se dit prêt à « examiner une baisse de la part de Pessac ». Il laisse aussi entendre que Save « pourrait aller à Mérignac (partenaire qui dispose d'une vingtaine d'hectares sur le site) et Pessac n'aura rien ».
Pour lui, ce serait folie de se priver des promesses du projet avec « 140 emplois à la clé ». Un argument qu'il ne manquerait pas de reprendre s'il devait lui-même se lancer dans la course à la mairie… dans six ans. Or, ce serait toujours d'actualité !
Source : Sud-Ouest.