La délégation de service public pour la gestion du parc botanique et animalier du Bourgailh a été confiée à la société qui gère actuellement le zoo. Ouverture prévue en 2017. L’idée du parc, lancée par Alain Rousset en 1989, n’a pas été un long fleuve tranquille.
Sur le site du futur bar des girafes, on se pince et on se gratte. Il y a des moustiques. Au milieu de la forêt du Bourgailh, tables avec nappes blanches ont été dressées hier, en fin d’après-midi, pour une signature « qui n’est pas un aboutissement mais un commencement », sourit Patrick Guillemoteau, président du syndicat mixte pôle touristique du Bourgailh (SMPTB).
C’est désormais officiel. La délégation de service public du futur parc animalier et végétal Save, qui sera construit sur 18 hectares, est attribuée à la SEML (société d’économie mixte locale) zoo de Bordeaux-Pessac, société qui gère le zoo actuel à quelques centaines de mètres.
Trois porteurs de projet ont fait acte de candidature à l’appel d’offres en janvier dernier. Deux ont finalement rendu une offre complète : la SEML et la Lyonnaise des eaux, associée au zoo de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire).
La part belle au ludique
La SEML (composée de collectivités, Caisse d’épargne, Caisse des dépôts et la Saur, spécialisée dans la gestion de l’eau) a convaincu par son projet « vivant, innovant et d’agglomération », relève Patrick Guillemoteau.
Le parc imaginé par les gestionnaires du zoo actuel, avec l’aide de l’ancien zoologue de la Tête-d’Or à Lyon, Éric Plouzeau, des cabinets d’architectes bordelais et parisiens, va faire la part belle au ludique et aux familles. « On a voulu imaginer un endroit où on prenne son temps et où on s’amuse », explique Raphaël Dupin, directeur général de la SEML zoo de Bordeaux-Pessac.
Jouer sur une aire de jeux à côté des primates ? Ce sera possible, comme regarder les animaux depuis un hamac collectif installé en hauteur, ou dormir sur place face à une serre où vivent des animaux nocturnes ou devant un aquarium géant. Le public se baladera sur un parcours de 4,5 kilomètres dans quatre espaces différents : forestier, humide, ouvert et urbain. Dans ce dernier, l’écosystème de la ville, avec ses rats, ses chouettes, ses blattes, sera reconstitué.
Espèces locales privilégiées
Le futur parc ne fera pas la course au nombre d’espèces animales exotiques. Il privilégiera les animaux qu’on trouve dans le milieu aquitain. Un euro sera prélevé sur chaque ticket d’entrée pour alimenter une fondation qui œuvrera pour la conservation des espèces.
« Ça va marcher, lance Alain Rousset, président du Conseil régional. Les enfants viendront avec l’école et voudront amener leurs parents. Les 300 kilomètres de côtes en Aquitaine ne suffisent pas. Il faut aussi investir dans le tourisme urbain. » Un credo auquel croit également la CUB, partenaire de ce projet au même titre qu’elle le fait pour la cité des civilisations du vin à Bordeaux ou les Cascades à Lormont.
Le zoo de Pessac est aujourd’hui, avec ses 90 000 à 100 000 visiteurs annuels, le site payant le plus fréquenté de l’agglomération. 300 000 sont attendus quand il aura déménagé dans ses habits tout neufs. À titre de comparaison, La Palmyre à côté de Royan, en accueille 700 000 par an. « Ne sous-estimons pas les futures retombées économiques, estime Jean-Jacques Benoît, maire de Pessac, ville elle aussi partenaire du projet. Il y a aura 40 emplois. Le site va devenir un pôle phare du tourisme familial. »
La SEML envisage une ouverture mi-2017. Il faudra au préalable passer les étapes de la concertation, des autorisations, du permis de construire. Les travaux ne devraient pas démarrer avant 2015. La route est encore longue.
41 : c’est en millions d’euros le coût global du projet. La CUB, la Ville de Pessac et la Région apporteront chacune un soutien financier de 7 millions d’euros. La SEML du zoo Bordeaux-Pessac financera les 20 millions d’euros restant sur fonds propres et emprunts.
300 000 : c’est le nombre de visiteurs annuels attendus, soit 4 000 par jour en été, 7 000 les jours de pic d’affluence.
Un quart de siècle de pourparlers
« Opiniâtreté ». « Acharnement ». Et même « utopie » au départ. Entre les lignes, les différents élus et partenaires du projet ont rappelé hier la route longue et sinueuse que ce projet suit depuis vingt-quatre ans. Sur le site du Bourgailh, la commune a la triste réputation, à la fin des années 1980, d’héberger la plus grosse décharge publique de l’agglomération. En 1989, fraîchement élu maire, Alain Rousset décide de la faire fermer, dit stop à « l’urbanisation galopante » dans cet immense espace vert et lance l’idée d’un lieu dédié aux animaux. Ce sera d’abord une cité de l’oiseau, puis germe au fil des ans le projet d’un parc animalier et botanique.
En 2006, le syndicat mixte pôle touristique du Bourgailh, réunissant la CUB, les Villes de Mérignac et Pessac, est lancé. Un premier appel d’offres en 2010 s’avère infructueux.
L’association WWF entre ensuite dans la danse avec le projet Save (Symbiose animale, végétale et environnementale). Participation aujourd’hui « entre parenthèses, précise le président du syndicat mixte Patrick Guillemoteau. On trouvera un autre nom au zoo. »
La droite pessacaise, elle, n’a jamais cru à cette aventure, dénonçant les « dizaines de milliers d’euros engloutis en études juridiques et marketing » depuis des années. Franck Raynal, son chef de file, estime que le projet « n’est pas viable » et craint que la facture ne retombe au final « sur les collectivités publiques ».
Pour le candidat de la droite et du centre aux prochaines municipales, la décision est déjà prise : « Nous stopperons le projet purement et simplement si nous sommes élus en 2014. »
Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/20/le-fu ... 6-2780.php