À la Montagne des Singes, les magots sont rois. Pas de cage ni de spectacle, les macaques de Barbarie vivent en semi-liberté dans ce parc de 24 hectares. L’occasion pour les touristes de venir les voir de près tout en protégeant cette espèce menacée.
« Ça y est, on y est ! », s’exclame avec beaucoup d’enthousiasme une maman à sa fille. Ce ne sont pas quelques nuages qui ont démoralisé les touristes venus voir les 240 singes de la montagne de Kintzheim. À l’entrée, les visiteurs sont impatients de découvrir ce parc peuplé de magots. Et une fois le chemin entamé, l’émerveillement commence.
Curieux, assis dans les arbres ou sur la clôture le long du chemin, les singes regardent les gens passer. C’est à se demander qui est venu observer qui. Mais nul doute, c’est bien eux qui règnent sur ce territoire. Ils sont partout. Certains sont assoupis sur une branche d’arbre ou en train de jouer dans l’herbe, pendant que d’autres mendient quelques friandises à des passants. Les visiteurs tendent leurs mains pour offrir des popcorns aux Magots, qui les prennent sans hésitation pour ensuite les dévorer à toute vitesse.
Le magot, une espèce menacée
Leur moindre mouvement est scruté par les passants. Un singe tape de toute force un panneau avec ses pieds et la petite scène devient un spectacle. Les enfants rigolent et les adultes laissent paraitre un sourire. Il suffit de très peu pour que les visiteurs s’arrêtent admirer les bêtises faîtes par les singes.
Venue l’heure du manger pour les magots, une foule se créer autour des animaux. C’est également le moment pour de petites explications à propos de ces macaques de Barbarie. Le guide commence à raconter au public l’histoire de l’espèce, leurs caractéristiques et l’importance de les avoir en semi-liberté dans cette montagne.
« La déforestation, le surpâturage et la vente illégale de petits magots font des macaques de Barbarie une population en danger », explique Marièle Colas, responsable communication de la Montagne des Singes. Ici, les magots (Macaca sylvanus) sont protégés de toute menace tout en pouvant vivre librement.
Et en tant qu’animal dit « menacé », la Montagne des Singes permet non seulement de protéger l’espèce, mais de pouvoir l’étudier. Depuis 1972, des chercheurs utilisent le parc comme terrain de recherches et observent les macaques de Barbarie. L’étude du comportement social et du système de communication des magots permet de mieux comprendre l’espèce pour mieux la protéger.
Sept naissances cette année
Sept naissances ont eu lieu dans le parc cette année. Et quand une maman apparait avec son nouveau-né dans les bras, les visiteurs sortent vite les appareils photos. Les bébés magots se retrouvent également souvent dans les bras des mâles. Les mâles portent, protègent et épouillent les nouveau-nés sans même savoir si c’est leur enfants. « Ils utilisent les bébés comme intermédiaire pour rentrer en contact amical avec d’autres mâles de leur groupe , souligne Marièle Colas. Ils tissent et renforcent des liens amicaux pour essayer de créer de puissantes alliances. »
Car, comme nous les humains, le magot est un animal social. Il ne peut pas vivre sans son groupe. Dans le parc, quatre clans se sont formés et chacun occupe un espace vital différent où il trouve de l’eau et de la nourriture. Dans chaque groupe de singes, une hiérarchie sociale existe et est respectée par tous. « Chez les mâles, le système est dynamique, explique Marièle Colas, le chef peut changer et le statut social de chacun peut évoluer. » Pour cela, les mâles essayent de créer un bon réseau d’alliés qui les aidera à grimper au sommet de l’échelle sociale.
Le chef d’un groupe est toujours un mâle âgé de 10 à 15 ans, qui a réussi à créer de bonnes relations avec les autres mâles pour acquérir ce statut social. Par ailleurs, les femelles héritent leur rang social de leur mère et ne peuvent pas changer de statut au cours de leur vie.
Depuis leur arrivée au parc en 1969, les magots, originaires de l’Afrique du Nord, ont réussi à s’adapter à l’environnement et au climat de la région alsacienne. Dans deux ans, la Montagne des Singes fêtera ses 50 ans et les magots ne semblent pas vouloir quitter leur royaume de sitôt.
Source : L'Alsace.