Des oiseaux multicolores et farceurs, de paisibles crocodiles, des poissons géants, des kangourous, des chauves-souris... Près de 130 espèces d’animaux cohabitent dans la serre et le zoo de Biotropica, à Val-de-Reuil (Eure). Un rendez-vous incontournable pour les vacanciers et surtout pour les familles.
D’avril à fin août, cinq saisonniers assurent les visites guidées, les ateliers et les animations. Ils sont gérés par Laëtitia Lassalle, 35 ans, responsable pédagogique.
Les stars du zoo
Parmi les animaux préférés des visiteurs figurent les fennecs, ces petits canidés des déserts arrivés l’année dernière. « Avant même qu’ils soient présentés au public, les peluches à leur effigie que nous avions commandées étaient en rupture de stock », assure Laëtitia Lassalle. Les facétieuses loutres rencontrent également un certain succès. En revanche, les insectes, les serpents et les amphibiens peinent à séduire. « Nous abritons pourtant des grenouilles parmi les plus venimeuses du monde. Les Indiens s’en servent pour empoisonner leurs flèches », précise la responsable pédagogique, qui ne manque pas d’anecdotes à raconter aux curieux.
Les animaux gravés dans la peau
Les animaux, Laëtitia Lassalle les a dans la peau. Une chauve-souris et un tigre ornent ses poignets. « Je me suis également fait tatouer une tête de chat ainsi qu’un gibbon car j’ai travaillé avec une association visant à les protéger, en Indonésie », explique-t-elle.
La trentenaire aimerait ajouter un petit paresseux, un animal sur lequel elle est intarissable. Elle en élève un au biberon dans la serre, abandonné par sa mère. « Il s’agit d’un des premiers mammifères apparus sur Terre. Il a l’air très lent mais il est capable de faire fuir un jaguar à grands coups de griffes en tournant sa colonne vertébrale à 180°», rappelle la Charentaise d’origine.
Un poisson-chaton ?
Les questions innocentes des enfants font craquer Laëtitia Lassalle. « Le bébé d’un poisson-chat, c’est un poisson-chaton ? », cite-t-elle par exemple. De manière générale, la responsable pédagogique constate un intérêt plus fort chez les petits que chez les grands. « Ils savent souvent plus de choses que leurs parents ou leurs grands-parents », illustre-t-elle.
« S’attendre à tout »
Au contact du public, « il faut s’attendre à tout. Les visiteurs arrivent toujours à nous surprendre avec leurs questions variées, parfois très précises, ou leurs réactions. Comme cette personne qui s’approche des ouistitis pygmées, aussi lourds qu’un pot de yaourt, et qui s’écrit ‘‘Oh regarde le chimpanzé !’’ Ces derniers pèsent tout de même une centaine de kilos », s’amuse Laëtitia Lassalle.
La richesse des crocodiles
Si les crocodiles et les alligators conservaient tout ce qui tombe dans leur enclos, ils seraient les plus riches de la serre ! « Une quantité incroyable de doudous, de tétines, de petites voitures, d’appareils photo et de téléphones portables chutent car les gens se penchent au-dessus de la vitre pour contempler les reptiles », observe la trentenaire. Heureusement, les soigneurs passent par là et récupèrent les objets en contrebas.
En revanche, les pièces de monnaie jetées chez les crocos ou les carpes koï par des visiteurs visiblement superstitieux restent au fond de l’eau, elles !
Une journée à Biotropica
La journée de Laëtitia Lassalle commence à 8 h par « le moment le plus sympa : le nourrissage et le pesage du bébé paresseux né en novembre ».
La trentenaire consacre sa matinée aux courriels, à la page Facebook et au site Internet de Biotropica. Elle tient également à jour les registres des animaux en fonction des naissances, des départs, des décès...
L’après-midi, il faut organiser les goûters, modifier ou installer des panneaux informatifs, assurer les visites guidées (sur réservation)... jusqu’à la fermeture du zoo, à 19 h. Les journées ne se ressemblent pas !
Pic de fréquentation
Biotropica emploie une vingtaine de salariés à l’année et jusqu’à une quarantaine en saison. Elle a besoin de renforts pour les animations, la caisse, le restaurant, l’entretien paysager...
Ouverte toute l’année, la serre connaît un pic de fréquentation entre le 15 juillet et le 15 août : elle accueille entre 1.000 et 2.300 visiteurs par jour en été et jusqu’à 200.000 par an.
Du côté des animaux, entre 1.200 et 1.300 spécimens se côtoient, dans la serre tropicale ou en extérieur.
Formation
Sa vocation, Laëtitia Lassalle l’a découverte très jeune. « À l’âge de 4 ou 5 ans, je disais à mes parents que je voulais être docteur pour les gros chats en Afrique. C’était ça et pas autre chose », se souvient-elle. Mais « plus j’avançais, plus je comprenais que vétérinaire n’était pas le métier qui me convenait. Il intervient en cas de maladie mais il ne fait pas de soin au quotidien. »
Après un bac S et un Deug de biologie, la jeune femme a suivi l’une des quelques formations de soigneur animalier en France. Elle a passé neuf mois en alternance à Gramat, dans le Lot.
Les places sont chères dans ce domaine. Faute de trouver un poste de soigneur, Laëtitia Lassalle a d’abord travaillé trois saisons en tant qu’animatrice à Cerza, dans le Calvados. Elle a également officié au zoo de Guyane, avant d’entrer à Biotropica comme soigneuse. C’était le 3 septembre 2012, jour de l’inauguration de la serre. Six mois après, elle est devenue responsable pédagogique.
Source : Paris-Normandie.