Trois enclos à poissons seront posés, dans les prochaines semaines, le long du front de mer, dans la marina de Papeete (Tahiti). Dès juin, un prestataire sera chargé de la capture des carangues et para pehue, mais aussi des mollusques et des coraux qui vivent déjà dans la rade de la capitale. Vantée comme une “première mondiale”, l’opération n’est, à ce stade, encore qu’“expérimentale”.
Mais que devient le fameux projet de parc à poissons à la marina de Papeete ? Attendu depuis l’inauguration des pontons il y a plus d’un an, le bassin éclairé en soirée le long de la promenade devrait finalement se remplir, dans les semaines à venir.
Deux cages métalliques d’environ 19 m3, ainsi qu’un filet de 40 mètres de long seront posés d’ici à mai dans la ligne d’eau qui sépare le front de mer de la première plateforme d’amarrage.
Puis, dès le début de juin, un prestataire sera chargé du bouturage du corail, de la capture des poissons et des mollusques qui peupleront le parc animalier, ainsi que de les soigner aux petits oignons pendant la mise en service du projet : six mois, selon l’appel d’offres que vient d’émettre le Port autonome.
Sous l’œil du Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement (Criobe), consulté en amont sur la faisabilité du projet, le prestataire retenu (une entreprise ou un groupement d’entreprises “du secteur de l’aquaculture tropicale justifiant de compétences en pisciculture marine et en bouturage corallien”) deviendra donc la cheville ouvrière de ce qui est vanté comme une “première mondiale”.
“ C’est quelque chose de totalement nouveau dans un vrai port de plaisance comme celui-ci ”, affirme ainsi Quentin Donier, directeur adjoint technique du Port autonome. “ Pour l’heure, on ne sait pas où ça va nous mener… C’est un projet qui va évoluer en fonction des observations. Tant que l’appel d’offres est en cours, on ne sait même pas combien ça va nous coûter ! ”
Un projet “expérimental”*
Au-delà de la période de rodage de six mois, le prestataire sera chargé de la maintenance du parc aquatique pendant un an renouvelable… ou pas. “ Il devra s’assurer que les poissons vont bien, voir comment les nourrir et s’occuper du nettoyage des cages et du filet, notamment en cas de biosalissures par des algues, précise Quentin Donier. Au final, si on a des bancs de caranges qui se déplacent sur 40 mètres, ça devrait être sympa à regarder ! Mais on n’en sait encore trop rien… “
Le responsable insiste sur la nature expérimentale du projet. “ C’est quasiment une étude scientifique, précise-t-il. Peut-être que seules quelques espèces vont survivre, que ce sera un fiasco... Mais je ne pense pas. Les tests de faisabilité ont en tout cas montré que ça ne devrait pas être le cas. ”
L’eau de la rade de Papeete se renouvellerait rapidement, ce qui écarterait les “ gros problèmes ” de pollution. “ Ce que l’on craint plus, explique en revanche le directeur adjoint technique, c’est la sédimentation sur les sols. Donc on va faire du curage. ”
Le cahier des charges indique également que le prestataire devra surveiller de près la météo, “ notamment en saison des pluies, en période de grands vents et de fortes houles, afin de réagir sur les actions de protection ”.
Lors des dernières fortes pluies, des plongeurs n’avaient plus de visibilité à 30 centimètres. “ En cas de dépression, on pourra déplacer les cages métalliques, mais il faudra peut-être ouvrir le filet pour libérer les poissons, prévient Quentin Donier. On ne va pas laisser les laisser enfermés… ”
Autre risque : les passants et les touristes, tentés d’offrir leur pain rassis aux nageurs, s’ils ne décident pas au contraire de s’en faire une poêlée… La pêche et le “nourrissage parasite” devront donc être évités grâce à “ une signalétique adaptée ”. À terme, des panneaux d’information pourraient aussi être installés le long de la promenade, dans un but “ instructif ”.
Des poissons et coraux issus de la rade de Papeete
“ Le Criobe avait fait beaucoup de propositions. Finalement, il n’y aura ni requins, ni tortues dans le parc à poissons ”, annonce Quentin Donier, directeur adjoint technique du Port autonome de Papeete. “ Ça aurait été un beau point d’intérêt, mais il y a tellement de polémique sur la surpêche des requins qu’on ne va pas s’amuser à les mettre en cage ”, précise-t-il.
Quant aux tortues blessées, auxquelles il avait été question d’offrir un bassin, “ on ne va pas le faire au début ”, indique le responsable.
Les “petits” poissons, les mollusques et les coraux seront donc les premiers pensionnaires de la marina, installés prochainement dans le bassin éclairé qui sépare la promenade piétonne du ponton parallèle.
Des carangues ou des para pehue pourront ainsi se retrouver sous le feu des projecteurs. “ On ne va capturer que des espèces qui vivent déjà dans la rade, qui sont résistantes et habituées à ses eaux, explique Quentin Donier. Puis on verra ce qui est le plus attractif, en termes de variétés et de couleurs.”
Le prestataire sera bientôt sélectionné pour leur capture dans la zone portuaire, à partir de nasses, et la mise en service du parc devra maintenir “ une densité en poissons supérieure à 5 kg/m3 ” et “ une richesse spécifique en espèce de poissons supérieure ou égale à 10 ” dans tous les enclos.
Le cahier des charges précise aussi que “ la filière d’importation de poissons des îles Sous-le-Vent et Tuamotu […] ne devra être envisagée qu’en dernier recours ”.
Idem pour les coraux et les mollusques : ils seront eux aussi issus “ du gisement sur zone “, “ estimé en quantité suffisante dans l’étude de faisabilité ”.
Source :
La Dépêche de Tahiti.