Autant je suis souvent d'accord avec toi okapi, autant là ton raisonnement me semble un peu étonnant.
okapi a écrit: Il en aurait fait des choses en matière de conservation in situ avec 600 000€ le fondateur de Calviac ! Il aurait pu créer une structure opérative, engager une équipe pour lever des fonds, investir dans des programmes existants, en développer de nouveaux…
Sauf que les 600 000 € investis pour la création de la Réserve sont, sauf erreur de ma part (Raphaël pourra peut-être confirmer ou infirmer cette affirmation), un emprunt. Tu sais bien, et je suis le premier à le déplorer, qu'une banque n'accepterait jamais de prêter une telle somme pour un projet de conservation in situ, qui n'est, par définition, pas rentable. En clair, cet argent n'aurait pas pu être, comme cela, dédié à un projet de conservation in situ directement. Emmanuel Mouton voulait évidemment créer son zoo, c'était un rêve, mais cela n'empêche pas qu'il a voulu créer un zoo "utile", qui puisse participer à des programmes de conservation.
okapi a écrit:Lorsqu'ils ont décidé de s'investir dans des programmes de conservation, des personnalités aussi différentes et aussi convaincues que Chanee et Thomas Kaplan n'ont pas vraiment cherché à créer des zoos !
Pour le premier, Kalaweit n'existerait pas ou plus sans l'appui financier et technique de pas mal de parcs zoologiques français. Le second est un homme d'affaires et philanthrope richissime, qui est plus que milliardaire. C'est de plus quelqu'un de très influent, travaillant avec de nombreuses grosses entreprises privées et avec des organismes publics. Il n'avait effectivement pas besoin de créer un zoo pour récolter de l'argent pour sa fondation.
okapi a écrit:
Je pense que quelques parcs français, sinon européens, vont apprécier le fait que les espèces présentées à Calviac sont peu prises en compte par eux!
L'équipe de Calviac est la première à saluer les parcs qui décident de s'engager dans l'élevage de ces espèces menacées. Quand Calviac a ouvert ses portes en 2008, c'était le seul parc en France à accueillir des gloutons. Aujourd'hui, 4 autres parcs le font, et l'équipe de Calviac s'en félicite réellement, crois-moi !
Mais certaines espèces élevées par Calviac sont effectivement peu courantes en captivité en France et en Europe: fossa, hapalémur du lac Alaotra, vison d'Europe... Tu es habituellement le premier à regretter le fait que trop peu de parcs ne s'engagent pas suffisamment dans l'élevage de ces petites espèces menacées.
okapi a écrit:Les actions de conservation représentent 6% du budget global de la Réserve. Les frais de fonctionnement de Panthera représentent entre 15 et 18% du budget global de l'ONG: 94% du budget servent à faire fonctionner un parc dont LA raison d'être est la conservation quand une ONG dédie 85% de son budget au même objectif: j'avoue que j'ai toujours du mal à apprécier cette fameuse équation zoo versus conservation...
Ça peut paraître peu, mais 6% du budget, surtout pour un parc aussi petit que Calviac, c'est en réalité beaucoup. Et on parle bien uniquement des actions de conservation in situ, et non des programmes d'élevage et du travail pédagogique. Je serais curieux de savoir la part du budget de chaque parc consacrée aux programmes de conservation in situ.
Et il faut bien garder à l'esprit qu'un zoo c'est avant tout une entreprise, qui a des dépenses assez importantes: personnel, alimentation des animaux, construction des infrastructures, communication... La conservation est une mission fondamentale des zoos, et ils ne s'investissent selon moi pas assez dedans pour un bon nombre d'entre eux, mais ils ne peuvent raisonnablement pas dédier 50% de leur budget aux actions de conservation sous peine de disparaître.
On ne peut pas comparer un zoo et une ONG: ce sont deux entités complètement différentes, avec des objectifs un peu différents ou très différents, et surtout des sources de financement et des modes de fonctionnement différents. Une ONG a besoin de dons, de mécénat, pour continuer son travail, et est dédiée à 100% à des actions de protection de l'environnement si l'ONG agit dans ce domaine, par exemple. Un zoo en revanche n'existe pas pour ça au départ, et a plusieurs missions et surtout beaucoup de charges. La conservation devrait être une priorité pour tous les parcs zoologiques, et ils peuvent être des acteurs importants, mais ils ne peuvent y dédier qu'une part de leur budget. Ce n'est pas très vrai pour les très grosses ONGs, mais beaucoup de petites ONGs fonctionnent en grande partie grâce aux dons financiers de parcs zoologiques partout dans le monde (qui représentent plusieurs centaines de millions d'euros par an, au total): Awely connaît par exemple quelques difficultés, depuis que l'un de ses mécènes principaux, Amnéville, a dû réduire sa participation en raison de ses problèmes financiers. De plus, les zoos peuvent apporter une expertise technique, une aide logistique, peuvent réaliser des recherches de financements, apporter des animaux pour les réintroductions, et peuvent jouer le rôle de médiateurs entre le public et le terrain, etc.
Des parcs que tu adores (et moi aussi!) et qui sont régulièrement salués pour leur travail non négligeable en terme de conservation, comme Doué par exemple, fonctionnent exactement sur ce mode-là.
Alors, évidemment, seule, la Réserve Zoologique de Calviac ne servirait pas à grand-chose. Mais Calviac apporte, modestement, sa pierre à l'édifice, en participant aux programmes d'élevage, à la sensibilisation des visiteurs et en apportant 6% de ses fonds propres (de l'argent qui n'aurait pas été dédié à la conservation si Calviac n'existait pas) à des actions de conservation in situ.