311 spécimens saisis car vendus illégalement au Reptile Day
Dimanche 4 novembre 2018, le Reptile Day, 18e salon international de terrariophilie, se déroulait à Artois Expo, à Saint-Laurent-Blangy, près d’Arras. L’événement, très couru, a été le théâtre d’une opération conjointe menée par la police, les douanes et des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Objectif : lutter contre les dérives du secteur.
On peut sentir une certaine irritation chez ce passionné de tortues. Alors qu’il s’apprête à repartir avec un joli spécimen, des agents de l’ONCFS, spécialisés dans la lutte contre les trafics et la réglementation en matière de reptiles et autres bêtes à sang froid, font irruption. « Désolé monsieur, vous ne pourrez pas acheter cette tortue. » Désabusé, l’homme s’éloigne, laissant les vendeurs discuter avec les agents de l’ONCFS.
Avec l’essor du secteur des nouveaux animaux de compagnie (NAC), la réglementation a dû évoluer face aux dérives. Les conditions de détention de certains serpents, nécessitant des installations particulières, étaient parfois rustiques ; des espèces invasives (comme certaines grenouilles) ont été introduites en France puis relâchées, provoquant une prolifération ; des espèces rares font même l’objet de trafics, comme la tortue d’Hermann, protégée car en voie de disparition.
Cet été, cinquante-six de ces tortues ont été volées dans un parc animalier en Corse. Plus près de chez nous, en janvier, deux tortues d’Hermann avaient été volées chez un particulier près de Valenciennes.
Adopter un reptile, ce n’est pas si facile !
Dimanche, seize agents de l’ONCFS ont sillonné les allées de Reptile Day, en lien avec la police et les douanes, présentes dès le rond-point à l’entrée d’Artois Expo. Et la pêche aux contrevenants s’est révélée très fructueuse. Stéphane Cathelain (ONCFS) indique que 311 spécimens ont été saisis, soit quarante espèces ! Certaines tellement rares que leur valeur est inconnue. Des serpents, des caméléons, des tortues, des araignées ont été saisis car non autorisés à la vente.
Des procédures judiciaires ont été initiées et des amendes dressées. Six procédures d’ampleur ont été engagées pour défaut de certificat de capacité et défaut d’autorisation d’ouverture d’établissement. Les contrevenants étaient tous étrangers : Belges, Hongrois, Hollandais et Anglais.
Quelles sont les espèces scrutées par l’ONCFS ?
« Le monde de la détention animale s’est beaucoup développé, il faut que ce soit encadré. Nous, on vient vérifier que des espèces interdites à la vente ne sont pas vendues », décrypte Ismaël Costa, chef des brigades CITES en France (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction).
Selon lui, la priorité est actuellement la lutte contre les espèces invasives, comme les tortues d’eau de type Floride. L’ONCFS porte une attention particulière aux espèces dangereuses, évidemment, comme certains serpents. Il cite le python réticulé, serpent agressif qui atteint les trois mètres une fois adulte. Dans ce cas, il faut une autorisation spéciale. Des amphibiens, comme certaines grenouilles, produisent aussi des substances venimeuses, voire hallucinogènes, diffusées par la peau !
« Je vais devoir licencier si ça continue, je ne vends quasiment plus de tortues »
Des évolutions récentes de la réglementation ont révolutionné les règles de détention. Il faut dire qu’elles n’avaient pas évolué depuis 2004. Ainsi, depuis août, les espèces doivent être pucées ou baguées pour être enregistrées dans un fichier national. C’est le vétérinaire qui puce (il existe différentes tailles de puces). Si l’espèce est trop petite, une photo peut s’avérer suffisante. Objectif : sécuriser et tracer la détention. Dimanche, l’ONCFS se baladait ainsi avec un détecteur de puces. Ses agents recherchaient l’origine des animaux et vérifiaient que les documents étaient en ordre. Selon la technicité, la rareté ou la dangerosité, il faut une autorisation.
« Je ne suis pas trop d’accord avec le puçage, siffle un passionné. Ok pour l’iguane mais pour les petites espèces banales, c’est trop. Sinon oui, ces contrôles sont nécessaires, vis-à-vis des étrangers surtout. »
Depuis le 8 octobre, l’acheteur de certaines espèces doit en déclarer la détention et s’engage à ce que sa démarche ne soit pas lucrative. Pour certaines espèces, il faut même produire des autorisations de détention délivrées par la préfecture (dossier instruit par la direction départementale de protection des populations)... Un vendeur s’agace : « Je vais devoir licencier si ça continue, je ne vends quasiment plus de tortues ! » Des vendeurs indiquent que l’identification est aux frais de l’acheteur.
Source : La Voix du Nord.