La réserve zoologique de Sauvage, à Emancé, ne présente pas de perspective de réouverture
La fermeture annuelle de la mi-novembre se prolonge indéfiniment. À l’entrée, « parc fermé définitivement » annonce un écriteau manuscrit.
Les habitants d'Emancé, qui avaient le privilège d'y accéder gratuitement, sont les premiers à le regretter, mais les espoirs de réouverture du parc de Sauvage semblent vains.
Après avoir fait son possible pour adapter le site aux conditions exigées pour un parc animalier ouvert au public, Gabrielle Berhnardt a bel et bien jeté l'éponge. Sans rien perdre de sa courtoisie, la propriétaire des lieux paraissait bien lasse, dimanche, quand elle a décroché le combiné. « On a demandé partout, ça n'intéresse pas tellement. Pour le moment la fermeture est définitive. ». Et les animaux ? « Les animaux vont rester là. Pour le moment. »
« Le château n'est pas à vendre »
Sans le dire explicitement, notre interlocutrice s'est épuisée à courir après de nouvelles ressources pour répondre aux normes de 2017. La fermeture annuelle du 15 novembre a été indéfiniment prolongée. L'une des dernières injonctions de la préfecture demandait, sous la forme d'une mise en demeure, la création d'un enclos pour les animaux malades, d'une chambre froide post mortem et la mise en relation avec un vétérinaire.
Quelques semaines plus tard, fin 2016, le parc fermait ses portes laissant les 300 flamants roses, et autres pélicans, cygnes noirs, antilopes, wallabies, sans contact avec d'autres humains que les soigneurs. Pourtant d'importants travaux de modernisation avaient été menés après le décès, en 2015, du Dr Jamous, fondateur du parc, dans le but de moderniser le parc sans perdre son âme. Des sanitaires avaient été ouverts pour le public, une aire de pique-nique avait été aménagée, une brochure d'information était disponible pour les visiteurs. Une nouvelle signalétique comprenant des panneaux pédagogiques avait été mise en place pour donner au site une dimension pédagogique. Une boutique proposant des produits dérivés était même annoncée pour la fin 2017.
Autant d'initiatives ou perspectives qui laissent aujourd'hui un goût d'inachevé. Avec le poids de l'âge et faute de pouvoir s'appuyer sur des membres de sa famille désireux de relever le défi, Gabrielle Bernhardt a cédé à la tentation du cadenas. Une rumeur fait même état de la mise en vente du domaine. « Le château n'est pas à vendre », corrige la maîtresse de maison.
Le parc du château de Sauvage recevait chaque année environ 20.000 visiteurs, lesquels assistaient à la déambulation en toute liberté d'animaux de différentes espèces dans un parc de 40 ha, agrémenté d'arbres centenaires. L'entrée coûtait 9,50 euros pour les adultes et de 7 euros pour les enfants.
Présentée à l'époque comme "l'Institut européen d'ornithologie", la réserve zoologique de Sauvage avait été inaugurée le 6 juin 1973 par Mme Pierre Messmer, épouse du Premier ministre. Des oiseaux de 80 espèces peuplaient le lieu parmi lesquels, colverts d'Hawaï, sarcelle de Lagsan, cygne trompette, faisan d'Edwards, et autres espèces en voie de disparition. Les émeus faisaient également partie du décor.
Fondateur du parc, René Jamous était ornithologue et membre de la société ornithologique de France. Partie prenante de l'aventure, l'institut européen d'ornithologie avait décidé de s'essayer à l'élevage en s'appuyant sur la reproduction de certaines espèces en situation de semi-liberté.
Le parc du château de Sauvage comprend des arbres centenaires, parmi lesquels de beaux chênes, des cèdres, des hêtres, des cyprès chauves originaires de Louisiane, et des séquoias d'Amérique du Nord. Le site est classé depuis 1982.
Le parc du château de Sauvage, à Emancé, est clos depuis la mi-novembre 2016.
Source : L'Echo républicain.