Un bébé tigre blanc, des serpents et des marsupiaux saisis chez un Mosellan
Alors que le trafic d’animaux sauvages inquiète les autorités, les gendarmes ont retrouvé mercredi 1er ai 2019 un bébé tigre blanc, neuf serpents, dont deux pythons, et quatre phalangers volants chez un homme condamné pour escroquerie.
Il ressemble à une adorable peluche blanche rayée de noir. Mais il s’agit en réalité d’une espèce rare et protégée. Un bébé tigre blanc a été découvert par les gendarmes lors d’une perquisition menée mercredi dans un appartement près de Brignoles (Var). Répondant au nom d’Hermès, le fauve, âgé d’un mois et nourri au biberon, était détenu illégalement par son propriétaire. Au domicile du même homme, cette fois en Moselle, et chez la mère de celui-ci, ont également été retrouvés neuf serpents, dont deux pythons, et quatre phalangers volants, des marsupiaux originaires d’Australie capables d’effectuer des vols planés.
Voilà près d’un an que les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) multiplient les saisies de fauves et de primates chez les particuliers, dans des jardins ou des appartements. Autant d’animaux exotiques protégés par la Convention de Washington qu’il est strictement interdit de posséder sans être titulaire d’une capacité à l’instar des zoos ou des cirques.
Mais ces bêtes, qui peuvent coûter jusqu’à 15.000 euros, représentent une manne financière pour les escrocs. Les gendarmes observent notamment une explosion des « selfies » monnayés. Le phénomène remonte à environ cinq ans et vient des Émirats où de riches dignitaires adorent s’afficher avec des animaux sauvages.
Aux États-Unis, certains rappeurs se sont également immortalisés en compagnie de fauves. Mode suivie en France avec des photos postées sur Instagram par le footballeur Karim Benzema ou le chanteur Matt Pokora.
Aujourd’hui, la vente d’animaux sauvages arrive en 3e position dans les trafics en France après les stupéfiants et les armes. Avec l’appui de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), les gendarmes de l’Oclaeps ont saisi depuis un an plus d’une douzaine de lionceaux. Mais, il s’agit du premier tigre, a fortiori blanc -un pelage lié à une anomalie génétique.
« On a souvent affaire à des gens inconscients »
L’affaire débute récemment lorsque les enquêteurs sont intrigués par le site internet d’un auto-entrepreneur de 34 ans, spécialisé dans la vente d’animaux exotiques. Le marchand y propose granulés, graines, jouets, cages, volières mais aussi toute sorte de perroquets : cacatoès, gris du Gabon, ara… Sur le site, on peut lire les commentaires désobligeants de clients se plaignant de ne jamais avoir reçu leurs volatiles. Les enquêteurs ont appris qu’une commande de Lémuriens n’aurait pas été honorée.
Le 26 avril, une enquête préliminaire est ouverte pour « escroquerie » et « trafic d’espèce animale protégée » au parquet de Metz. Le 1er mai, les enquêteurs lancent trois perquisitions et découvrent la ménagerie ainsi que des selfies du propriétaire du tigre blanc avec son animal dans les bras, sur son téléphone. L’auto-entrepreneur affirme aux gendarmes avoir acquis la fausse peluche pour 5.000 euros et vouloir la conserver comme un animal domestique.
« On a souvent affaire à des gens inconscients, qui ne se rendent pas compte que ces bêtes deviennent rapidement imposantes et non maîtrisables, observe un proche de l’enquête. Le drame, c’est que ces bêtes sont détenues dans des conditions déplorables ou sont ensuite abandonnées. » En novembre 2018, un lionceau baptisé Poutine avait été découvert dans une Lamborghini remontant les Champs-Élysées. L’animal, loué avec le bolide, avait une queue sectionnée, une faiblesse à une patte et était déshydraté.
L’auto-entrepreneur était déjà recherché
Les gendarmes de l’Oclaesp cherchent désormais à savoir dans quelles conditions le trafiquant mosellan a acquis le tigre blanc et les autres animaux et à quel sort ils étaient destinés. Une certitude : les enquêteurs pensent que le fauve est né en France clandestinement. « Ces bêtes se reproduisent très facilement en captivité, et certains naissent en France dans les cirques ou les zoos sans être déclarés », indique un spécialiste.
Déjà recherché pour purger une peine de huit mois de prison pour escroquerie, l’auto-entrepreneur a été immédiatement incarcéré. En ce qui concerne le trafic d’espèce animale protégée, l’escroc doit être convoqué ultérieurement par le parquet de Metz. Il risque deux ans de prison et 150.000 euros d’amende. Hermès, le tigre blanc, lui, a été recueilli par le zoo Le Barben dans les Bouches-du-Rhône.
Source : Le Parisien.