« A quoi ça sert un zoo au XXIe siècle ? On peut se poser la question. » Par ce propos un brin provocateur, Luc Gomel, codirecteur du parc zoologique municipal de Lunaret, à Montpellier (281.600 hab.), veut évoquer le travail réalisé dans les zoos, publics en particulier, pour en faire «[u] un outil intelligent mis au service de la préservation de la biodiversité ». Les ménageries d’autrefois sont devenues des lieux de conservation, de recherche et de sensibilisation du public.[/u]
Les 92 établissements qui adhèrent à l’Association française des parcs zoologiques (AFDPZ) – dont près d’un quart sont publics, en majorité municipaux – attirent chaque année 20 millions de visiteurs. « Les zoos sont potentiellement des catalyseurs culturels », note David Gomis, vétérinaire et codirecteur du zoo montpelliérain, qui abrite 150 espèces et 1.300 animaux. « Des personnes venues pour se divertir repartiront avec des messages sur la défense d’une biodiversité fragilisée. » En se reconnectant avec le vivant.
Des zoos ont commencé à travailler concrètement à la conservation de la biodiversité dans les années 1980, avec le lancement des Programmes européens pour les espèces menacées (PEE). Ces derniers « permettent des transferts d’animaux et une reproduction concertée entre les zoos », indique David Gomis. « Les animaux sont répertoriés dans des studbooks destinés à préserver, voire enrichir, en évitant les consanguinités, le patrimoine génétique de l’espèce captive, menacée ou en voie de disparition. »
Espèces en danger
Le parc zoologique de Mulhouse, qui a fêté ses 150 ans en 2018, a été le premier à y participer en France. Aujourd’hui géré par la communauté d’agglo, il a par exemple aidé à réintroduire dans leur environnement des animaux à l’effectif très réduit, tels que l’ibis chauve, en Espagne, le vari noir et blanc, à Madagascar, l’addax, au Maroc, ou le vautour moine, dans les Baronnies (France). « Notre cœur de métier, c’est la conservation des espèces », rappelle Brice Lefaux, le directeur.
A Lyon (513.300 hab.) aussi, dont la collection abrite 65 espèces, plus de la moitié participe à des EEP. « Près de 60 % sont inscrites sur la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature », note Xavier Vaillant, directeur du parc zoologique municipal. Ce travail de conservation est complété par deux autres missions tout aussi essentielles : la recherche et, surtout, l’éducation à la conservation dans les zoos. « Cette mission est devenue obligatoire, au même titre que les deux autres, depuis qu’une directive européenne (1999/22/CE) a été traduite en droit français par un arrêté ministériel de 2004 qui sert de guide », rappelle Christine Morrier, directrice du zoo d’Amiens métropole (39 communes, 180.000 hab.). Objectif : inciter le public à s’intéresser et à comprendre les animaux et les menaces auxquels ils peuvent être confrontés dans la nature en lui faisant connaître, notamment, le rôle des zoos dans la protection de cette nature. Rôle que l’Etat a lui-même reconnu par un amendement à la loi sur la biodiversité, en 2016. De son côté, l’AFDPZ a rédigé une charte pédagogique qui s’appuie sur les standards établis par l’Association européenne des parcs zoologiques à laquelle elle adhère. Et elle a mis en place une commission pédagogique pour accompagner les zoos dans leur mission éducative, nombre de ceux publics étant de fait dotés d’un service pédagogique.
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