Planète Crocodiles, refuge des tortues mal-aimées

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Le parc zoologique de Civaux vient d’être agréé pour l’accueil de tortues invasives, comme les tortues hargneuses qui défraient régulièrement la chronique.

Il y a quelques semaines, l’apparition d’une tortue hargneuse a suscité l’émoi à Ramonville, près de Toulouse : les gendarmes ont même été appelés pour capturer l’animal, long de 40 cm, visiblement peu commode, avec son bec acéré.
Commercialisée pendant quelques années dans les animaleries, cette espèce, aussi appelée serpentine, est désormais classée invasive en France. Des particuliers, dépassés par la taille et l’agressivité de leurs animaux, s’en débarrassent dans des étangs ou des cours d’eau, où ces prédateurs éliminent la faune locale.

À Civaux, Planète Crocodiles récupère, depuis plusieurs années, divers reptiles saisis par l’administration, capturés ou découverts par hasard : iguanes, serpents, y compris des boas. Le parc zoologique a obtenu cette année l’agrément pour l’accueil des tortues invasives, capables de survivre aux hivers, voire de se reproduire.
La plus connue est la tortue de Floride, avec ses joues rouges, largement commercialisée dans les années 90. « Nous en avons 70 dans un bassin avec les caïmans », indique Johann Doray, capacitaire animalier. « La cohabitation surprend parfois les visiteurs. Les crocodiles n’y touchent pas ! Ce sont les tortues qui font la loi en fait. On doit même veiller à ce qu’elles ne prennent pas toute la nourriture, elles sont bien plus voraces. »
Les tortues hargneuses, en revanche, sont à part, « pour la sécurité de nos crocodiles, elles pourraient leur sectionner des doigts. Deux de ces tortues ont été trouvées dans un bassin : les propriétaires s’étonnaient de la disparition des poissons. Ils ont vidé le plan d’eau et les tortues étaient au fond. Personne n’a jamais su comment elles étaient arrivées là. »
Très discrète, la tortue hargneuse vit essentiellement sous l’eau et peut atteindre 80 cm. Les femelles montent sur les berges pour pondre. « Elles sont alors très agressives. Cette espèce possède un cou très long qu’elle déploie très vite, elle peut causer des morsures sérieuses. »
Planète Crocodiles fait le choix, « même si cela nous prend du temps et de la place », d’accueillir ces animaux impopulaires, afin de limiter leur prolifération et de leur éviter l’euthanasie : « C’est notre rôle en tant que parc zoologique de protéger des animaux. Ces tortues n’ont rien demandé. »
Cinq grosses tortues serpentines sont présentées au public : « Chaque jour nous parlons de ces tortues aux visiteurs. » Pour leur rappeler que l’achat d’un animal, en particulier de cette espèce, engage de grandes responsabilités.


Source : https://www.lanouvellerepublique.fr/vie ... mal-aimees