Florence et Johanne au chevet des animaux de l’ancien zoo de Pont-ScorffFlorence Ollivet-Courtois est une pointure dans sa spécialité : la médecine des animaux sauvages. Chargée, depuis cinq mois, de superviser la restructuration de l’ancien zoo de Pont-Scorff (56) et de former Johanne Ferri-Pisani, 26 ans, la nouvelle vétérinaire des Terres de Nataé. Deux générations de soignantes et militantes du bien-être animal.Qui mieux qu’un grand ponte de la médecine vétérinaire, spécialiste de la faune sauvage, pour accompagner le projet de restructuration de l’ancien zoo de Pont-Scorff (56), repris, en mai dernier, par Sébastien Musset ? Depuis cinq mois, à la demande du patron des Terres de Nataé, Florence Ollivet-Courtois travaille au côté de Johanne Ferri-Pisani, la nouvelle vétérinaire en titre du parc animalier.
Une chance incroyable et un sacré défi
Deux pointures.
« Deux pépites surtout », confirme l’entrepreneur qui, au culot, est allé démarcher la première. Cette médecin de renom a décliné le poste mais a recommandé une de ses (très) jeunes consœurs.
« À mon âge, je suis plutôt dans la transmission. » Et de citer son mentor de l’époque, Lucy Spelman (directrice du zoo de Washington) :
« Plus il y aura de vétos bien formés, mieux les animaux se porteront ».
Les deux femmes se sont rencontrées en 2017.
« Un parc zoologique m’avait signalé une hécatombe de petits singes victimes de la toxoplasmose », raconte le docteur Ollivet-Courtois. Une infection parasitaire qui devient le sujet de thèse de Johanne, alors étudiante en 2e année.
Deux générations de vétérinaires
Fin mai 2021, après une 5e année à Toulouse et sans même terminer son internat au Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire), voilà la Rennaise débauchée et embarquée dans l’aventure des Terres de Nataé, un endroit qu’elle avait visité toute petite.
« Une chance incroyable et un sacré défi », lance la vétérinaire de 26 ans, qui peut compter sur la bienveillance et l’expérience de son aînée, caution scientifique du parc, missionnée, le temps qu’il faudra, pour achever la formation de sa collègue et accompagner le parc
« dans sa renaissance ».
Deux générations de soignants (25 ans d’écart) sur la même longueur d’onde pour réinventer ces 14 hectares dédiés aux soins, à la protection, à la préservation et à la découverte d’espèces menacées. Deux expertes qui partagent le même niveau d’exigence. À commencer par le bien-être animal. Leur priorité à toutes les deux.
« Dans un système où la nature est très abîmée, le système d’autorégulation est fragilisé. » C’est là que, d’après la scientifique tout-terrain, les parcs zoologiques pour la conservation des espèces menacées ont du sens.
« L’espèce humaine protège ce qu’elle connaît. C’est pour ça qu’on ne doit surtout pas déconnecter l’homme de l’animal. »C’est un petit Ehpad. Notre devoir est d’assurer à tous ces petits vieux une retraite paisibleDepuis l’arrivée du binôme à Pont-Scorff, 95 % des animaux du parc animalier ont été examinés. Diagnostic ?
« C’est un petit Ehpad », sourit affectueusement Johanne.
« Notre devoir, poursuit Florence, est d’assurer à tous ces petits vieux une retraite paisible. » Sur place, parce qu’ils ne supporteraient pas un transfert, qu’ils sont très bien ici, ou bien en sanctuaire, comme pour Gandhi, l’éléphant.
Généraliste, dentiste, anesthésiste, nutritionniste…Suivi vaccinal, médecine préventive, gestion de la reproduction, organisation des transferts… Ce
« métier de super généraliste » exige aussi
« un sens aigu du bricolage », plaisante Florence, en souvenir de ce tuyau en PVC transformé en speculum pour examiner une autruche.
« On est aussi dentiste, anesthésiste, nutritionniste… », insiste la jeune soignante, formée récemment au medical training.
« Les phoques, entraînés à se faire soigner volontairement, en redemandent, les zèbres adorent. C’est comme un jeu. »L’avantage, quand on a tout à reconstruire, c’est d’imaginer les futurs enclos en fonction des animaux à accueillirForcément, les deux vétos auront leur mot à dire dans le choix des espèces du programme de conservation des Terres de Nataé. Un travail de longue haleine, qui ne s’improvise pas.
« Sachant que 80 % des animaux remis en liberté survivent moins d’un an, préviennent-elles. Mais l’avantage, quand on a tout à reconstruire, c’est de pouvoir répondre aux besoins, d’imaginer les futurs enclos en fonction des animaux à accueillir ». Comme, par exemple, deux Langur de François, petits primats extrêmement menacés, qui vont bientôt s’établir à Pont-Scorff.
Sébastien Musset se dit ravi, même comblé, de travailler avec des femmes.
« Florence est vraiment une très belle personne. » Elle continuera sa mission jusqu’à la réouverture du site, à l’été prochain. Johanne ?
« Une main de fer dans un gant de velours, capable de sortir les griffes quand on touche à son intégrité ou face à des négligences répétées. » Dotée, conclut le responsable, d’une qualité de leadership :
« Elle a été incroyable pour l’autopsie de l’éléphant mort quelques jours après notre arrivée. Elle n’avait pourtant jamais fait ça ».