Rôle des zoos modernes
L'attraction que les zoos exercent sur le public
découle de nombreuses raisons : but de promenade, divertissement, amour
des animaux, contact avec la vie sauvage...
Cependant la principale raison d'exister des parcs zoologiques est qu'ils
tiennent un des premiers rôles dans la conservation des espèces animales
et la protection de la nature, à l'heure où des centaines d'espèces
animales disparaissent. Certains détracteurs des zoos vont parfois jusqu'à dire qu'ils
préfèrent la disparition d'un animal à sa vie dans une "prison
animalière". Le problème est qu'il ne s'agit plus de quelques
espèces mais de centaines qui sont condamnées dans un avenir proche. De
plus, ces disparitions sont dues à la raréfaction, voire la destruction
totale des écosystèmes par l'homme et à des tueries à des fins
commerciales (peaux de serpents, de crocodiles, becs de toucans et plumes
d'aras, ivoire, crânes et mains de singes... toutes choses destinées à
un tourisme irresponsable).
Disparitions d'espèces causées par l'homme... Pouvons-nous réellement ne rien vouloir faire ?
Bien avant que l'écologie ne soit à la mode, certains espaces zoologiques responsables s'organisaient et prenaient les moyens d'assurer la reproduction des espèces les plus menacées : création de larges enclos paysagés (le plus important n'est d'ailleurs pas tant la taille de l'enclos que son aménagement en fonction de chaque espèce et l'impression donnée à l'animal qu'il s'agit de son territoire), zones interdites au public, études du comportement, études génétiques, associations mondiales...
De nombreuses espèces ont déjà pu être sauvées grâce à l'action des espaces zoologiques.
Ainsi, le cheval de Przewalski (Equus przewalskii) est sans doute éteint en Sibérie. Les zoos en ont réussi la reproduction et mettent sur pied des programmes de réintroduction dans la nature en Mongolie. Le cerf du Père David (Elaphurus davidianus), l'oryx d'Arabie (Oryx leucoryx) ont été sauvés par l'attention que leur ont porté les parcs. Il resterait encore trop de noms à citer...
Cependant, l'espace vital des espèces continue à se rétrécir. Les forêts asiatiques des gibbons et des orangs-outans sont rasées, il n'existe plus qu'environ 200 tigres de Sibérie dans la nature pour un millier en parcs zoologiques. Finalement, les espèces auxquelles les zoos s'intéressent sont les plus chanceuses.
Devons-nous rebaptiser les parcs zoologiques pour les appeler Arches de Noé ?
Les programmes d'élevage ont été mis au point par les parcs zoologiques afin de réguler et d'optimiser la reproduction au niveau international. En 1982, l'Europe sous l'impulsion des Allemands et des Hollandais mit sur pied les EEP (Europäiches Erhaltungszuchtprogramm, Programme Européen d'Élevage), dont le symbole est un rhinocéros avec son petit.
Au niveau international, chaque individu d'une espèce est enregistré dans un stud-book. Le premier stud-book fut créé pour le bison d'Europe dès 1924. L'ensemble du programme est confié à un spécialiste de l'espèce qui devient le coordinateur. Celui-ci va se charger de réunir les données biologiques et d'établir un programme d'élevage (gestion, reproduction, transferts satisfaisants aux conditions génétiques et démographiques) et de répartir les jeunes dans le monde entier, le plus souvent sous la forme de prêt d'élevage ou bien sous forme d'échange ; de plus en plus rarement contre une somme d'argent (déontologiquement, les zoos ne veulent pas donner une valeur monétaire aux espèces menacées ; entre parcs zoologiques, les animaux circulent par dons ou échanges). D'autres méthodes sont actuellement à l'étude, comme la fécondation in vitro, qui pourrait être appliquée au panda géant, une des espèces les plus menacées.
L'éducation est une autre des plus importantes tâches que les zoos ont à remplir. De plus en plus d'établissements mettent à la disposition de leurs visiteurs, outre des pancartes expliquant le mode de vie et l'habitat de l'animal, des fiches pédagogiques destinées aux classes scolaires ainsi que des textes informant du danger croissant qui menace les animaux et de la disparition d'écosystèmes viables.
Pour beaucoup, une visite au zoo est l'unique prise de contact avec le monde animal et donc l'unique lieu où ils peuvent prendre conscience de son extinction...
Chaque animal devient ainsi l'ambassadeur de son écosystème tout entier.
La survie et l'avenir de nombreuses espèces
menacées dans leur milieu naturel passe par les zoos et une gestion de
ces espèces.
Les espaces zoologiques... une moderne Arche de Noé ?
Dès maintenant, les espaces zoologiques sont bien plus qu'un simple
but de promenade, bien plus qu'un lieu de collection
d'animaux, bien plus qu'un simple spectacle...
En fait, les espaces zoologiques pourraient bien détenir une part du futur de notre
planète.
Jonas Livet - septembre 2001