Sharjah Desert Park - Semaine 2
Rapport hebdomadaire de mon stage 2008/2009 au Sharjah Desert Park
23 au 29 novembre 2008 - Semaine 2
Je prends peu à peu mes marques au courant de cette seconde semaine de stage au Breeding Centre for Endangered Arabian Wildlife (BCEAW) à Sharjah. L'organisation de la prochaine conférence de conservation occupe une grande partie de mes journées et je poursuis avec entrain les recherches bibliographiques. Je regroupe également une série de photographies des espèces concernées, qui permettront d'illustrer les différents documents de la conférence.
En parallèle à cette tâche principale, je commence à suivre un peu le déroulement quotidien des activités du centre de reproduction. Je prends part à plusieurs reprises au tour de nourrissage des ongulés. J'assiste également aux soins donnés à un mara, animal trouvé vagabondant dans les rues de Sharjah. Il est malheureusement en relatives mauvaises conditions physiques et a des problèmes de peau. Un matin, de bonne heure, nous allons tuer deux ânes, qui serviront de nourriture pour les prochains jours aux carnivores du centre. Dans cette région, les ânes féraux sont en effet très courants dans le désert et viennent parfois s'attaquer aux plantations privées et aux cultures. Ils sont alors capturés et ramenés au Sharjah Desert Park, où, après un rapide examen vétérinaire, ils finissent, la plupart du temps, débités en morceaux pour les fauves.
Je profite des Handbooks of the Birds of the World, fantastique ouvrages à propos des oiseaux, présents dans la bibliothèque du BCEAW, pour identifier quelques volatiles vus la semaine passée au Dubai Zoo. Un rapace de couleur noire pose particulièrement problème ! Il semblerait finalement qu'il s'agisse d'un jeune caracara austral (Phalcoboenus australis), aussi surprenant que cela puisse paraître puisque cette espèce est originaire d'Amérique du Sud, mais cela confirme bien ma première impression au vu de la forme de la tête et du bec.
Roland Wirth, président de la ZGAP (Zoologische Gesellschaft für Arten- und Populationsschutz e.V.), est de passage à Dubai sur son chemin pour l'Inde, où il va effectuer un voyage d'observation. Lors de sa visite au Sharjah Desert Park, j'ai la chance de le rencontrer et d'échanger quelques mots lors d'un repas à la cafétéria de l'Arabia's Wildlife Centre. Je prends d'ailleurs régulièrement mes déjeuners dans cette sympathique cafétéria, installée dans une vaste salle vitrée circulaire, qui permet d'observer certains ongulés du centre tout en prenant son repas.
Au courant de cette semaine, j'apprends aussi que le nouveau complexe Atlantis The Palm, d'ailleurs officiellement inauguré en grandes pompes la semaine dernière, a recueilli il y a quelques jours un jeune dugong. Ces animaux sont en effet relativement courants dans les eaux chaudes bordant l'émirat d'Abu Dhabi, à l'ouest de Dubai. Il semblerait que ce jeune animal, tout juste sevré, ait été trouvé justement dans ces eaux. Il a été rapatrié à Atlantis The Palm en hélicoptère et des premiers soins lui ont été fournis. Il est intéressant de noter que ce complexe, comprenant, entre autres, un hôtel de luxe, un grand aquarium, un delphinarium et un parc aquatique, avait déjà fait la une des journaux il y a quelques semaines après la capture d'un requin baleine !
L'Arabia's Wildlife Centre est fermé tous les mardis. Je profite donc de ce mardi 25 novembre pour m'y rendre et y effectuer quelques photographies, ce qui est habituellement interdit pour les visiteurs. La diversité des espèces présentées est vraiment impressionnante, d'autant plus qu'un grand nombre sont encore inconnues pour moi. Paul Vercammen reçoit cette semaine la dernière publication de The Independent Zoo Enthusiasts Society, le Zoo Grapevine d'automne. J'y trouve avec intérêt le rapport de Tim Brown de ses visites dans les zoos polonais au mois de septembre dernier. Cela me rappelle de bons souvenirs, puisque j'avais effectué quasiment le même parcours, Zoohistorica nous regroupant tous à Wroclaw le 5 septembre, et que j'avais croisé Tim à plusieurs reprises dans ces différents zoos.
Le jeudi 27 novembre, dernière journée de travail de la semaine, est particulièrement chargée. Paul Vercammen me propose de compiler, en parallèle à l'organisation de la conférence, deux stud-books pour des espèces de reptiles maintenus au BCEAW. Je vais donc m'y pencher au courant des prochaines semaines. L'après-midi, un gros orage se prépare à l'horizon et le ciel, habituellement si bleu, se couvre bientôt. Les couleurs changent rapidement, pour offrir un paysage maintenant orangé, et le vent se lève ! Deux employés, partis hier pour transférer deux guépards sur l'île de Sir Bani Yas, à l'ouest des Émirats Arabes Unis, où est en train de se mettre en place un vaste projet zoologique, sont heureusement de retour avant la pluie. Nous nous dépêchons d'allumer le vaste feu hebdomadaire, où sont détruits tous les déchets végétalisés des derniers jours. Nous devons aussi récupérer une gazelle à goitre mâle, blessée lors d'un combat avec un congénère. Malgré la superficie de près de dix hectares de l'enclos principal des ongulés, il est très difficile de maintenir plusieurs mâles de la même espèce ensemble, avec le groupe de femelles. Arrivés à maturité sexuelle, les mâles sont habituellement transférés dans un autre enclos du BCEAW, où ils vivent en relative bonne compagnie, sans aucune femelle dans leur entourage. Parfois, certains mâles sont laissés dans l'enclos principal un peu trop longtemps et des combats peuvent alors dégénérer. Le mâle en question aujourd'hui a été encorné et grièvement touché à l'arrière-train. Il s'est couché depuis quelques heures à côté d'un tronc mort de palmier dans le vaste enclos. Il s'agit maintenant de le récupérer sans aggraver ses souffrances. Et c'est là qu'interviennent le professionnalisme et l'expérience de l'équipe animalière ! Tel un fauve à l'affût, un des soigneurs sri-lankais s'approche pas à pas, dans le sens contraire du vent. En rampant sur les derniers mètres, il arrive finalement à l'arrière de l'animal, maintenant à portée de main, et le capture en douceur par les cornes. Après un rapide examen vétérinaire, il s'avère que la gazelle est trop profondément touchée et il faut finalement l'euthanasier. La pluie tombe, mais légèrement, et l'orage passe.
Je profite de mes journées de congé pour me promener dans le BCEAW et faire quelques photographies supplémentaires. Les tahrs d'Arabie, ou encore la bonne vingtaine de léopards d'Arabie et la quasi-quarantaine de guépards de la sous-espèce soemmeringii, sont vraiment impressionnants ! Je réfléchis aussi à mes possibilités de visites et de découvertes pour les prochains week-ends. Il reste tant encore à découvrir !