Sharjah Desert Park - Semaine 8

Rapport hebdomadaire de mon stage 2008/2009 au Sharjah Desert Park
4 au 10 janvier 2009 - Semaine 8

Pendant cette semaine de travail, je poursuis l'organisation de la prochaine conférence de conservation de février prochain. Les semaines passent et il faut maintenant penser à terminer la compilation des articles et diverses sources dans le Briefing Book, ouvrage qui servira de référence tout au long des trois jours de la conférence. Dimanche, comme il s'agit encore d'un jour férié suite au décès du dirigeant d'Umm Al Quwain, je profite de la pause de midi pour aller prendre quelques photographies dans l'Arabia's Wildlife Centre. Un couple de vipères du Levant (Macrovipera lebetina) est maintenant présenté dans le vivarium ; le panneau que j'ai rédigé il y a quelques jours est également visible et je suis assez satisfait du résultat. Lundi, il faut capturer un jeune oryx né samedi soir. Il en est ainsi de tous les jeunes ongulés nés au Sharjah Desert Park. Cette première prise en main, effectuée d'habitude une vingtaine d'heures après la naissance, permet d'effectuer un premier contrôle de l'individu, de le peser, de lui faire une prise de sang et de le marquer par l'intermédiaire d'une puce électronique et d'une boucle auriculaire. Le petit est ensuite rapidement rendu à sa mère. Un journal local souhaite publier un calendrier pour l'année 2009 avec des photographies animalières. Chaque membre de l'équipe du BCEAW regroupe donc ses plus beaux clichés et je propose également quelques-uns des miens pris au cours des dernières semaines. Nous y ajoutons quelques lignes d'introduction à propos de chaque espèce photographiée et un texte un peu plus long sur la faune d'Arabie en général.

Lézard Lacerta jayakari
Cobra Naja haje arabica
Vipère du Levant (Macrovipera lebetina)
Gerboise du désert (Jaculus jaculus)
Gecko Asaccus caudivolvulus
Jeune oryx d'Arabie âgé de quelques heures et sa mère

Mercredi 7 janvier 2009, je prends le vol de 9h d'Air Arabia pour Doha. Cette dernière est la capitale du Qatar, petit pays de 11 500 km² avec 725 000 habitants, situé à l'ouest des Émirats Arabes Unis. Son économie est fortement basée sur la production de pétrole et le Qatar tient à son indépendance puisque ses dirigeants ont toujours refusé de s'associer aux Émirats Arabes Unis ou à l'Arabie Saoudite voisine. Dans le monde des zoos et de la conservation, Qatar est surtout connu pour l'Al Wabra Wildlife Preservation (AWWP, http://awwp.alwabra.com), centre de reproduction privé du Sheikh Saoud Bin Mohammed Bin Ali Al Thani. Ancienne ferme créée dans les années 1970 par le père de ce dernier, Al Wabra est géré scientifiquement depuis 2000 et est membre de l'EAZA depuis 2007. Cette institution n'est néanmoins pas ouverte au public et reste la propriété privée du sheikh.

Le vol de Sharjah à Doha dure moins d'une heure et je suis sur le sol qatarien à 9h puisqu'il y a également un décalage horaire d'une heure. L'oryx d'Arabie a été érigé en symbole du Qatar et, dès mes premiers pas dans le pays, je retrouve des représentations de cet animal un peu partout, d'ailleurs aussi utilisé comme logo de Qatar Airways. Un chauffeur d'Al Wabra m'attend à la sortie de l'aéroport et nous prenons la route vers le centre. Celui-ci se trouve à une quarantaine de kilomètres à l'extérieur de la ville, en plein désert, et il nous faut une bonne heure pour l'atteindre. Sur la route, je suis déjà surpris de trouver une forte présence policière, un véhicule de police, voire même deux, se trouvant à quasiment chaque rond-point et tous les deux ou trois kilomètres sur l'autoroute. Les voitures de patrouille sont d'autant plus visibles qu'elles sont rouges !

Arrivé à l'Al Wabra Wildlife Preservation, je suis accueilli par Catrin Hammer, la curatrice des mammifères ; j'avais déjà eu l'occasion de la rencontrer lors de la dernière conférence de l'EAZA à Anvers (Belgique). Elle me donne rendez-vous à 13h30 pour une première découverte du centre. La personne en charge de l'administration me guide jusqu'à mon logement, qui est une véritable villa, située aux abords du centre, et faisant partie du complexe où est logé tout le personnel. A midi, un repas particulièrement copieux m'est aussi apporté ! Je me repose encore un peu avant de rejoindre les bureaux à l'heure indiqué. Je rencontre Dr Sven Hammer, directeur de l'Al Wabra Wildlife Preservation, et également en charge des services vétérinaires. Celui-ci m'explique les différentes consignes générales et me fait signer quelques papiers d'assurance. Catrin Hammer m'emmène ensuite découvrir les espèces dont elle s'occupe. En prévision de ma visite, j'avais un peu étudié la liste des animaux présents, mais les voir aujourd'hui en chair et en os reste une surprise mémorable ! Nous nous dirigeons d'ailleurs de suite vers les beiras (Dorcatragus megalotis), magnifique espèce d'antilope africaine, dont la seule population captive connue est maintenue ici. Nous nous approchons à quelques mètres à peine d'une femelle accompagnée de son petit de quelques semaines. Une trentaine de beiras vivent aujourd'hui à Al Wabra et se reproduisent avec un relatif succès. Cela reste tout de même une espèce très délicate, à la fois sur le plan alimentaire, mais aussi sur le plan sanitaire, et la population semble d'ailleurs touchée depuis 2005 par une étrange maladie, dont la cause exacte reste encore inexpliquée. Nous poursuivons la visite et c'est encore l'occasion de découvrir plein d'autres espèces nouvelles pour moi. Le centre de reproduction des ongulés regroupe une centaine d'enclos fonctionnels, reliés par divers couloirs et sas, et hébergent la plupart des groupes d'herbivores du centre. J'y observe des gazelles indiennes (Gazella bennettii fuscifrons), des gérénuks (Litocranius walleri sclateri), de superbes gazelles de Soemmerring (Nanger soemmerringii berberana), des gazelles à front roux (Eudorcas rufifrons), des gazelles à cou roux (Nanger dama ruficollis) et diverses espèces un peu plus courantes, tout au moins dans les zoos du Moyen Orient, telles que des gazelles de Speke (Gazella spekei), des gazelles à goitre des deux sous-espèces, Gazella subgutturosa marica et Gazella subgutturosa subgutturosa, des oryx beisa (Oryx beisa), des oryx d'Arabie (Oryx leucoryx) et des addax (Addax nasomaculatus)... L'Al Wabra Wildlife Preservation héberge également quelques antilopes cervicapres (Antilope cervicapra) totalement blanches ! Nous traversons en voiture un des deux enclos où sont regroupés les mâles en surplus, puis nous dirigeons vers un autre enclos où vivent environ 80 gazelles de Pelzeln (Gazella pelzelni), originaire de Somalie, et quelques gérénuks. La végétation de buissons et d'arbustes évoque fort bien le milieu naturel de ces espèces ! Nous passons encore par les installations des ânes sauvages de Somalie (Equus africanus somalicus), une des espèces favorites de Catrin Hammer. Un groupe reproducteur d'une dizaine d'individus prospère ici. Pour terminer le tour, Catrin m'emmène voir les dernières espèces à sa charge, majoritairement des félins. Les chats des sables (Felis margarita harrisoni) se reproduisent ici avec beaucoup de succès et 22 individus sont aujourd'hui hébergés. Plusieurs animaux sont d'ailleurs fournis chaque année au programme européen d'élevage. Un caracal (Caracal caracal caracal) et deux chats des marais (Felis chaus) se trouvent dans les cages voisines, bien que ces espèces ne soient pas une priorité d'élevage du centre. Les derniers chacals dorés (Canis aureus) ont d'ailleurs été envoyés dans plusieurs zoos, dont certaines européens, il y a quelques mois. Tout à côté, les installations des guépards sont en train d'être améliorées pour pouvoir envisager la reproduction de cette espèce intéressante, plus particulièrement la sous-espèce soemmeringii. Cinq animaux de cette sous-espèce sont déjà présents, ainsi qu'un couple de guépards royaux. Finalement, Catrin Hammer et son équipe s'occupent aussi de quelques reptiles, dont plus d'une centaine de tortues-léopards du Cap (Geochleone pardalis babcocki).

A 16h30, Catrin me présente à Ryan Watson, en charge de l'élevage des aras bleus. Je l'accompagne pour la sortie quotidienne de trois jeunes aras hyacinthes (Anodorhynchus hyacinthinus). Cette espèce se reproduit depuis peu à Al Wabra ; les premiers petits furent élevés à la main, ce qui ne fait habituellement pas partie des protocoles d'élevage à Al Wabra, puisque le but recherché est une population viable d'individus ayant des comportements naturels. Néanmoins, l'élevage à la main est parfois utilisé pour permettre d'augmenter rapidement une population en faible effectif ou pour pallier à des problèmes d'élevage des parents. Trois des jeunes aras hyacinthes ont été entraînés pour pouvoir être sortis chaque jour et avoir ainsi une séance de vol libre de plusieurs dizaines de minutes. C'est un réel plaisir de les voir ce soir évoluer librement entre les palmiers du parc, se poser dans les arbres puis revenir vers nous pour quémander un peu de nourriture. Avant de rentrer aux bureaux et de terminer la journée, Ryan me montre encore rapidement quelques jeunes aras de Lear (Anodorhynchus leari) nés à Al Wabra. Les couples originels ont été prêtés par le gouvernement brésilien et Al Wabra Wildlife Preservation participe de façon très active à la préservation de cette espèce dans la nature. De retour dans mon logement, je prends quelques notes suite à toutes mes observations de la journée. Je suis invité chez les Hammer pour le dîner et la soirée est riche de discussions passionnées !

Logo de Qatar Airways
En route vers Al Wabra Wildlife Preservation
Mon logement à l'Al Wabra Wildlife Preservation
Premier repas au Qatar
Beiras (Dorcatragus megalotis)
Beira (Dorcatragus megalotis)
Enclos des gazelles de Pelzeln
Gazelle de Pelzeln (Gazella pelzelni)
Âne sauvage de Somalie (Equus africanus somalicus)
Enclos principal des ânes sauvages de Somalie
Aras hyacinthes (Anodorhynchus hyacinthinus)
Ara de Lear (Anodorhynchus leari)
Coucher de soleil sur le désert de Qatar
Prise de notes après une journée riche en découvertes

Jeudi matin, je me réveille de bonne heure et suis dans les cuisines de l'Al Wabra Wildlife Preservation à 5h30. J'assiste à la préparation des portions alimentaires pour tous les oiseaux du centre. En effet, en sus de l'importante collection de mammifères que j'ai pu découvrir hier, l'AWWP maintient et reproduit avec succès de nombreuses espèces d'oiseaux. Chacune a ses habitudes alimentaires bien particulières et je suis surpris de la rapidité des soigneurs à préparer ce matin tous ces plats si divers et variés. J'accompagne ensuite le curateur des oiseaux pour découvrir le service qu'il a à charge. Les installations des oiseaux sont constituées de nombreux bâtiments d'élevage fonctionnels, où une hygiène rigoureuse est observée. Chaque structure intérieure correspond à une spacieuse volière extérieure abondamment plantée. En sus, une grande volière de contact d'environ 2000 m² est le lieu de vie de plusieurs espèces et de certains animaux en surplus. Dans un coin du centre de reproduction des antilopes, un couple d'autruches à cou rouge (Struthio camelus camelus) et leurs rejetons sont également élevés ; cette sous-espèce est particulièrement impressionnante par sa taille et par le cou rouge des mâles adultes. Quelques volières secondaires sont parsemées dans le parc et abritent diverses espèces, comme des ibis, des spatules, des flamants ou des pintades. Des pintades vulturines, quelques flamants, des jabirus d'Afrique et une colonie de marabouts d'Afrique, qui se reproduit avec succès, sont également laissés libres dans les allées. Un seul bec-en-sabot du Nil (Balaeniceps rex) vit à Al Wabra et il est actuellement envisagé de le transférer dans un zoo européen pour un prêt d'élevage. Six espèces de paradisiers, étranges et rares animaux originaires de Nouvelle-Guinée, vivent également à l'AWWP et forment une des plus importantes collections de ces oiseaux au monde. Cinq d'entre elles sont reproduites avec succès et une est même représentée par les deux sous-espèces connues. Nous observons donc successivement des paradisiers grand-émeraude (Paradisaea apoda apoda & Paradisaea apoda novaeguineae), des paradisiers petit-émeraude (Paradisaea minor), des paradisiers rouges (Paradisaea rubra), des paradisiers multifils (Seleucidis melanoleucus), des paradisiers royaux (Cicinnurus regius) et un paradisier magnifique (Diphyllodes magnificus). Plusieurs couples de jardiniers du Prince d'Orange (Sericulus ardens) vivent également à Al Wabra. Vers 8h, alors que le soleil commence à inonder de lumière les différentes volières, je passe quelques dizaines de minutes dans la grande volière de contact pour observer et photographier les espèces qu'elle contient. J'ai la chance d'assister à la parade nuptiale des paradisiers grand-émeraude, dont plusieurs mâles vivent ensemble ici. A 9h, je remercie le curateur des oiseaux pour le temps qu'il m'a consacré ce matin et toutes les explications qu'il m'a fournies. Je prends un copieux petit-déjeuner puis rejoins les bureaux où un chauffeur m'attend pour m'emmener au Doha Zoo, le parc zoologique municipal de la capitale. Celui-ci est installé sur une quinzaine d'hectares à l'ouest de la ville. La collection animale y est assez banale, surtout comparée à ce que j'ai pu voir les dernières heures à Al Wabra, et les installations très basiques voire même plutôt inadaptées pour certaines. A peine ai-je parcouru quelques pas au Doha Zoo que je tombe sur une cage où vivent deux chimpanzés ; ils sont de relative petite taille et assez fins et sont incorrectement présentés comme des bonobos ! Je retrouverai d'ailleurs de nombreuses autres identifications hasardeuses ou erronées tout au long de ma visite. Un groupe reproducteur de girafes réticulées (Giraffa camelopardalis reticulata) comprend plusieurs mâles adultes qui semblent vivre ensemble en relative bonne harmonie. Parmi les divers ongulés présents au Doha Zoo, j'observe un important groupe d'une quinzaine de cerfs-cochons (Axis porcinus) qui cohabitent avec des gazelles indiennes (Gazella bennettii). Autour du bâtiment de l'administration, quelques volières sont installées sur la pelouse et l'une d'entre elles abrite un superbe touraco masqué (Corythaixoides personatus). Le petit nocturama et le vivarium, tout deux installés dans le complexe central du Doha Zoo, sont de piètre qualité ; plusieurs gros serpents, dont un cobra et un crotale, ainsi qu'un gigantesque lézard Uromastyx y sont présentés. Je passe encore un peu de temps auprès de l'éléphante asiatique du Doha Zoo ; j'apprends que le mâle, imposant par sa taille et porteur de belles défenses, est malheureusement décédé il y a quelques mois. J'essaie d'échanger quelques mots avec le soigneur de l'éléphante et du rhinocéros blanc, mais celui-ci ne parle pas très bien Anglais et mon Arabe est encore très limité...

Vers 16h, j'attrape un taxi à la sortie du Doha Zoo et me dirige vers la côte. Le Qatar National Museum, inauguré en 1975, est en effet situé sur la corniche ; il contient également depuis 1977 un aquarium que je suis curieux de découvrir aujourd'hui. En arrivant sur place, j'apprends que le musée est fermé depuis quelques semaines suite à l'inauguration du nouveau Museum of Islamic Art. J'avais en effet entendu dire que le Qatar National Museum était dans un état relativement déplorable depuis quelques années ; l'ouverture du nouveau musée d'art en décembre 2008 a probablement précipité la fermeture du Qatar National Museum, qui pourrait être rénové au courant des années à venir. Je me promène encore sur la corniche et visite le Museum of Islamic Art, assez impressionnant par ses collections et son architecture. A la fin de ma visite, il fait déjà nuit et je continue ma balade face à la ville illuminée. Je cherche ensuite un taxi pour rejoindre mon point de rendez-vous avec les Hammer. Malheureusement, le nombre de taxis est très réduit au Qatar et seule une compagnie gouvernementale est autorisée. Après plus de quarantaine minutes de vaine recherches, je décide de me rendre à l'hôtel Mercure voisin pour leur demander d'appeler un taxi. Ils me proposent finalement les services d'un de leurs chauffeurs, ce qui me revient un peu plus cher qu'un taxi officiel, mais me permet enfin de rejoindre Sven Hammer. Je l'accompagne pour faire quelques courses, dont trois kilogrammes de canneberges fraîches, fruits particulièrement intéressants pour stimuler la fonction rénale et régulièrement donnés aux beiras de l'AWWP. Le soir, je suis invité à dîner dans un restaurant thaïlandais avec Sven et Catrin Hammer ainsi que quelques membres de l'équipe.

Cuisine de l'AWWP
Portions alimentaires du matin pour quelques oiseaux
Jabirus d'Afrique (Ephippiorhynchus senegalensis) en liberté dans le parc
Pintade de Numidie (Numida meleagris somaliensis)
Paradisier rouge (Paradisaea rubra)
Jardinier du Prince d'Orange (Sericulus ardens)
Grande volière de contact
Cacatoès banksien (Calyptorhynchus banksii)
Paradisier multifil (Seleucidis melanoleucus)
Paradisier grand-émeraude (Paradisaea apoda apoda)
En route vers Doha Zoo
Entrée du Doha Zoo
Nourrissage des chimpanzés par les visiteurs
Chimpanzé identifié comme un bonobo
Une des girafes réticulées mâles du Doha Zoo
Complexe central du Doha Zoo
Famille de cerfs-cochons (Axis porcinus)
Gazelles indiennes (Gazella bennettii)
Gazelle indienne (Gazella bennettii) mâle
Zèbre de plaine (Equus quagga)
Mise en garde à l'entrée de la salle pédagogique
Choucador pourpré (Lamprotornis purpureus)
Perroquet jaco (Psittacus erithacus erithacus)
Touraco masqué (Corythaixoides personatus)
Lézard Uromastyx ornatus
Renard volant d'Inde (Pteropus giganteus)
Éléphante asiatique et son soigneur
Enclos de l'éléphant asiatique au Doha Zoo
Qatar National Museum
Bâtiments en construction non loin de la corniche de Doha
Zones en travaux à Doha
Bus scolaire à Doha
Coucher de soleil sur la corniche de Doha
Coucher de soleil sur la corniche de Doha
Museum of Islamic Art
Museum of Islamic Art
Museum of Islamic Art
Museum of Islamic Art
Museum of Islamic Art
Museum of Islamic Art
Doha de nuit vue de la corniche
Représentation d'une huître géante sur la corniche de Doha

Vendredi 9 janvier, je me réveille vers 6h pour profiter encore pleinement de ma dernière journée à l'Al Wabra Wildlife Preservation. Je vais me promener dans le parc pour apprécier l'ambiance matinale. Les pintades courant dans la brume me rappellent fortement l'ambiance africaine. La lumière du matin est très propice à la prise de photographies et j'approche avec discrétion les différents groupes de gazelles. A 8h30, je retrouve l'assistante curatrice des mammifères ; elle travaillait au Singapore Zoo avant son arrivée au Qatar. Je l'accompagne dans sa tournée matinale des différents secteurs durant laquelle elle prend des nouvelles de chaque soigneur et des animaux à leur charge. C'est l'occasion de découvrir encore quelques espèces que je n'avais pas vues jusqu'à présent, comme ces deux gazelles d'Arabie mâles (Gazella gazella erlangeri), sous-espèce au pelage particulièrement foncée. J'observe aussi quelques uns des diks-diks de Salt (Madoqua saltiana phillipsi), qui se reproduisent avec grand succès à Al Wabra. A 11h30, Sven Hammer fait une présentation générale de l'Al Wabra Wildlife Preservation à mon intention et à celle de deux étudiantes vétérinaires, arrivées il y a peu au Qatar. J'en apprends encore plus sur les programmes de conservation initiés grâce à l'AWWP et sur les divers succès de reproduction ex situ. De nombreuses recherches scientifiques, à propos de sujets très divers, sont poursuivies au sein du centre. Après un court repas et la rapide préparation de mes affaires, je retrouve Ryan Watson qui m'emmène enfin découvrir les aras de Spix (Cyanopsitta spixii), peut-être une des espèces les plus emblématiques de l'AWWP. Suite à l'extinction dans la nature de cette espèce en 2000, le Sheikh Saoud Bin Mohammed Bin Ali Al Thani décida de regrouper une population captive reproductrice, en acquérant les divers individus parsemés dans plusieurs collections privés, majoritairement en Suisse et aux Philippines. En étudiant précisément la biologie de cette espèce, les premières reproductions purent être obtenues en 2004. Actuellement, une cinquantaine d'aras de Spix vivent à Al Wabra, dont une quinzaine sont nés en captivité. La prochaine étape est, bien sûr, la réintroduction dans le milieu naturel et, dans ce but, de grandes propriétés brésiliennes ont été acquises récemment par le sheikh. Une sensibilisation de la population locale et une préparation du terrain sont actuellement déjà en cours. Une étape prochaine pourrait être le rapatriement de quelques aras au Brésil sur ce domaine et le démarrage d'un programme de reproduction sur place, qui pourrait voir les futurs rejetons relâchés dans la nature. Néanmoins, la faible diversité génétique des individus captifs et diverses maladies sont toujours une menace importante pour cette espèce. A 15h, alors que je reprends la route vers l'aéroport international de Doha, je croise rapidement le Sheikh Saoud Bin Mohammed Bin Ali Al Thani venu aujourd'hui dans les bureaux pour assister à la présentation annuelle de toute l'équipe de l'AWWP. Je me balade encore dans l'aéroport en attendant le vol d'Air Arabia de 18h35 qui me ramène vers Sharjah et le BCEAW. Ces trois journées à l'Al Wabra Wildlife Preservation furent très marquantes et riches en découvertes et apprentissages. C'est vraiment un lieu unique où les concepts de "reproduction en captivité", "recherches scientifiques" et "conservation" prennent tout leur sens.

Soleil matinal à l'AWWP
Un des enclos des oryx d'Arabie
Lever du soleil sur Al Wabra
Traces animales et humaines mêlées dans le sable
Centre de reproduction des ongulés
Mouflons du Laristan (Ovis orientalis laristanica)
Chèvre bédouine (Capra aegagrus)
Gazelles à front roux (Eudorcas rufifrons)
Gazelles indiennes (Gazella bennettii fuscifrons)
Dik-dik de Salt (Madoqua saltiana phillipsi)
Gazelle de Soemmerring (Nanger soemmerringii berberana)
Gazelles de Soemmerring (Nanger soemmerringii berberana)
Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)
Retour à Sharjah

De retour à Sharjah, il me reste encore une journée de repos avant de reprendre le travail dimanche matin. Je parcours rapidement mes messages électroniques des derniers jours, ainsi que les nouveaux sujets sur le forum. A 10h30, je me rends aux bureaux du BCEAW pour emprunter un des véhicules de service, une Nissan Patrol. Je me dirige à nouveau vers la côte est et traverse les montagnes. Après un peu plus d'une heure de route, j'atteins Kalba et me gare devant le Sadra Park, parc municipal qui contiendrait également quelques animaux. Une fois sur place, j'apprends que ce parc n'est qu'ouvert aux femmes et aux enfants, et aucun homme n'y est accepté. Heureusement, Sadra Park est fermé au public ce matin et les allées sont donc complètement vides. Avec un peu d'insistance auprès du garde et après avoir tenté d'expliquer ma passion pour les animaux dans un mélange d'Anglais, d'Arabe et de gestes divers, celui-ci me laisse entrer et je me dirige rapidement vers les quelques cages situées au centre du parc et organisées autour d'un bassin où vivent quelques canards. Les cages sont occupées par quelques daims communs, une autruche, des perroquets jacos et quelques faisans, des perdrix choukar (Alectoris chukar) et enfin trois macaques rhésus obèses. Je ne m'attarde pas et file vers la plage voisine de Khor Kalba. J'avais déjà eu l'occasion de venir ici fin décembre, mais l'endroit est bien plus calme aujourd'hui. Je pars à la recherche du martin-chasseur à collier blanc (Todiramphus chloris kalbaensis). Les mangroves de Kalba semblent être le dernier endroit au monde où cette sous-espèce subsiste. Je n'aurais malheureusement pas la chance de voir ces animaux aujourd'hui, mais mes observations sont tout de même nombreuses et variées, avec quelques flamants roses (Phoenicopterus roseus), de grandes aigrettes (Ardea alba), des aigrettes garzettes (Egretta garzetta), des hérons striés (Butorides striatus), des courlis cendrés (Numenius arquata), des pluviers de Leschenault (Charadrius leschenaultii), des cochevis huppés (Galerida cristata)... Je m'attarde aussi sur la plage pour observer le travail des pêcheurs. Comme j'ai rendez-vous cet après-midi de l'autre côte des montagnes, il faut tout de même penser à reprendre la route. J'arrive un peu en retard à l'Al Bustan Zoological Center, près d'Al Dhaid, où je suis très bien accueilli. Il s'agit encore une fois d'une collection privée d'une personnalité locale, habituellement non ouverte au public. Je suis surpris de trouver tout de même de nombreux enclos soignés et un réel souci d'esthétique et de présentation. La collection animale regroupe aussi de très nombreuses raretés et plusieurs espèces se reproduisent avec beaucoup de succès, comme les guépards (Acinonyx jubatus jubatus) ou les panthères nébuleuses (Neofelis nebulosa nebulosa). Plus d'une soixantaine de guépards se trouvent actuellement à Al Bustan, dont plusieurs guépards royaux, et une vingtaine de jeunes sont produits chaque année ; les panthères nébuleuses sont actuellement une dizaine et se reproduisent aussi avec grand succès. Le propriétaire des lieux est d'ailleurs particulièrement passionné par les félins et une bonne quinzaine d'espèces et de sous-espèces sont collectionnées, dont certaines très rares en captivité ! Il est en de même pour les faisans et l'Al Bustan Zoological Center se vante d'avoir une des plus grandes collections au monde avec 36 espèces. Je ne peux pas et ne veux pas m'attarder ici sur les tenants et les aboutissants de cet espace zoologique, mais tiens à remercier l'équipe pour son accueil et la rapide visite des installations.

Comme il fait encore bien jour à ma sortie d'Al Bustan, je décide d'aller encore profiter des dernières heures de la journée pour aller découvrir le Sharjah National Park. Paul m'a en effet informé que ce parc municipal contient quelques animaux exotiques, dont des gazelles et des tortues. Une fois sur place, je me renseigne à l'entrée pour connaître l'emplacement des présentations animales dans le parc, mais le garde m'affirme qu'il n'y a aucun animal et me renvois vers le Sharjah Desert Park, qui n'est en effet pas très loin. Je décide néanmoins de faire le tour du parc, qui englobe de larges pelouses où viennent se reposer les familles habitant à Sharjah. J'ai la chance d'observer un couple sauvage de jolis écureuils palmistes du Nord (Funambulus pennantii). Finalement, dans un coin reculé du parc, je trouve quelques enclos où vivent des zébus nains et une grosse tortue sillonnée (Geochelone sulcata). Un bassin est également le lieu de vie de quelques canards. Je rentre au BCEAW pour 18h après cette longue journée pleine de nouvelles découvertes. La lune est ce soir à son périgée et est perçue comme la plus grosse pleine lune de l'année 2009 ; elle illumine le sentier qui me ramène des bureaux vers mon logement.

Traversée des montagnes en direction de la côte est
Quelques cages du Sadra Park à Kalba
Enclos des daims communs au Sadra Park
Bassin des canards au Sadra Park
Perdrix choukar (Alectoris chukar)
Mangrove de Khor Kalba
Pluvier de Leschenault (Charadrius leschenaultii) dans les mangroves
Cochevis huppé (Galerida cristata)
Plage de Khor Kalba
Pêcheurs sur la plage de Khor Kalba
Courlis cendré (Numenius arquata)
Pêcheurs sur la plage de Khor Kalba
Fruit de la pêche quotidienne
Courlis cendré (Numenius arquata)
Pêcheurs sur la plage de Khor Kalba
Couple de chats marbrés (Pardofelis marmorata)
Chats-léopards (Prionailurus bengalensis bengalensis)
Antilope musquée (Neotragus moschatus zuluensis)
Impalas noirs (Aepyceros melampus)
Entrée du Sharjah National Park
Une des allées du Sharjah National Park
Écureuil palmiste du Nord (Funambulus pennantii) au Sharjah National Park
Bassin des canards au Sharjah National Park
Enclos de la tortue sillonnée au Sharjah National Park
Jeune zébu nain au Sharjah National Park