Descriptif 2006
A Almería, où nous retrouvons la côte et la mer Méditerranée, nous avons quelques difficultés pour trouver le Parque de Rescate de Fauna Sahariana (Parc de Conservation de Faune Saharienne), centre de reproduction fermé au public situé dans les quartiers pauvres d'Almería et dominé par la forteresse L'Alcazaba. Il est une entité de Estación Experimental de Zonas Áridas (EEZA, Station Expérimentale de Zones Arides), créée en 1947 comme Institut d'Acclimatation d'Almería ayant pour but de mener des recherches et des études à propos des ongulés nord-africains. Le parc de conservation fut, quant à lui, aménagé en 1971, avec l'arrivée des premières gazelles en janvier.
Nous avons rendez-vous avec Gerardo Espeso Pajares, directeur du centre et coordinateur de l'EEP Gazella dama mohrr. Il nous explique un peu son travail et les buts de l'élevage installé dans le Parque de Rescate de Fauna Sahariana où prospèrent environ 400 animaux appartenant à quatre espèces : gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri), gazelle dorcas (Gazella dorcas neglecta), gazelle de Mohrr (Gazella dama mohrr) et mouflon à manchettes (Ammotragus lervia sahariensis). Les très nombreux enclos de tailles très diverses permettent une flexibilité nécessaire à un tel élevage, la création de groupes, l'isolement de certains animaux, l'élevage des jeunes... Nous nous promenons dans les allées sableuses en observant calmement ces espèces et sous-espèces rares en captivité. Le cadre, dominé par L'Alcazaba et quelques falaises rocheuses, est superbe ; l'air de la mer, toute proche, apporte également son dépaysement.
Lire le descriptif complet
La gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri) est une gazelle de dimensions moyennes, qui peut peser jusqu'à 35 kilogrammes. Elle porte une robe foncée caractérisée par une bande noire séparant le dos brun et le ventre blanc ; une tache noire ovale tout à fait unique et facilement reconnaissable se trouve au milieu du chanfrein de l'animal. Jusqu'au milieu du vingtième siècle, la gazelle de Cuvier occupait une vaste aire de répartition dans les montagnes du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, d'où son appellation courante de gazelle de montagne ou gazelle de l'Atlas. La pression cynégétique et la dégradation de son habitat ont peu à peu mené à une diminution des effectifs et à une fragmentation de la population. Actuellement, l'espèce est considérée comme endangered par l'IUCN et on considère qu'elle ne survit plus que dans de petits noyaux isolés, avec une population totale comportant moins de 800 individus. Une centaine de gazelles de Cuvier vivent et se reproduisent à Almería, où est géré un stud-book, et sont parmi les seules représentantes de leur espèce en captivité.
La gazelle dorcas (Gazella dorcas) est de plus petite taille, atteignant rarement les 20 kilogrammes. Son pelage est d'un beige clair, offrant un camouflage idéal dans les zones désertiques où elle vit. Son aire de répartition est relativement vaste, englobant tout le nord de l'Afrique, de l'océan Atlantique jusqu'aux côtes de la mer Rouge. Cinq sous-espèces ont été décrites. Son déclin est surtout dû à une forte pression cynégétique et elle est aujourd'hui classée comme vulnerable. La population présente à Almería appartient à la sous-espèce neglecta, originaire de l'extrémité occidentale du désert du Sahara, et oscille autour de 80 individus. Un stud-book est géré par l'équipe du centre et a mené à la création d'un EEP en 2002. Plusieurs nouveaux groupes d'animaux ont été formés depuis, dans quelques zoos espagnols et européens.
La gazelle dama est la plus grande des trois espèces de gazelles qui vivent au centre. Les mâles sont plus grands que les femelles, pouvant atteindre jusqu'à 75 kilogrammes. Trois ou quatre sous-espèces sont décrites selon les auteurs. Les individus présentés à Almería appartiennent tous à la sous-espèce de Mohrr (Gazella dama mohrr). L'espèce a connu un déclin considérable au cours des dernières années et elle est aujourd'hui considérée comme fortement menacée, certaines populations étant même éteintes dans le milieu naturel. Le Parque de Rescate de Fauna Sahariana possède plus d'une centaine d'individus et a fortement développé le programme d'élevage depuis 1989. Plus d'une dizaine de parcs zoologiques européens y participent aujourd'hui et la population captive mondiale comprend 300 individus. Des programmes de réintroduction ont été entrepris dans plusieurs pays africains.
Finalemant, le Parque de Rescate de Fauna Sahariana possède également une cinquantaine de mouflons à manchettes (Ammotragus lervia sahariensis), appartenant à une des sept sous-espèces décrites. Le statut taxonomique de celle-ci est assujetti à révision et ses populations naturelles sont considérées éteintes.
En conclusion, le Parque de Rescate de Fauna Sahariana est un centre d'élevage fort intéressant où vivent quatre espèces d'ongulés peu courantes. De nombreuses études et recherches y sont menées et le pool animalier permet de peupler d'autres espaces zoologiques et d'organiser de nécessaires réintroductions dans le milieu naturel.