La Ménagerie du Jardin des Plantes eut très tôt un caractère national. Elle fut mise en chantier par la Révolution française afin de se substituer à la "Ménagerie royale de Versailles construite pour le faste et l'orgueil des tyrans". Le démarrage fut difficile. Les professeurs du Muséum mirent à profit la réquisition, à la fin de l'année 1793, par le Préfet de Paris des animaux des forains, puis des quelques pensionnaires de la Ménagerie de Versailles et de celle du Duc d'Orléans, pour constituer l'ébauche d'une ménagerie, dite provisoire, au Jardin des Plantes.
En décembre 1794, six ans après la mort de Buffon qui avait tant rêvé de cette création, un décret officialisa sa fondation. Mais les difficultés financières, sanitaires, alimentaires, architecturales furent immenses et les débuts chaotiques.
Napoléon donna le vrai coup d'envoi en commandant successivement un grand bâtiment en 1804, la Rotonde, et les fosses à ours en 1805. La Rotonde fut construite sur le plan de la légion d'honneur et terminée en 1812. Trois bâtiments construits ensuite, la première fauverie (1821), les maisons des rapaces (1825) et la singerie (1837), furent par la suite détruits. Mais plusieurs édifices de la même période existent toujours actuellement ; il s'agit de la faisanderie semi-circulaire (1827), de la galerie des reptiles (1870) et de la nouvelle faisanderie (1881). L'apothéose fut atteinte en 1888 avec la construction d'une magnifique volière, encore utilisée à notre époque.
Le début du XXe siècle reste une période faste où furent construits un bâtiment d'hivernage (1905), une petite singerie (1928) actuellement transformée en nurserie, un vivarium (1929), une nouvelle singerie (1934) et une fauverie (1937).
Après cet essor, un demi-siècle s'écoula sans autre innovation, hormis la restauration des fosses à ours et divers aménagements techniques (décloisonnement des parcs, allègement des grilles, etc.). Il fallut attendre 1983 pour voir s'élever de nouveaux logements pour les rapaces. Diverses rénovations furent effectuées et achevées au cours des années 1980, telles que celles de la Rotonde, de la grande volière ou de la galerie des reptiles. La totalité du Jardin des Plantes et de ses bâtiments fut classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 24 mars 1993.
Soucieuse du bien être de ses pensionnaires, la ménagerie, petit zoo urbain, se spécialisa peu à peu dans les espèces de faible taille. Durant la décennie 1990, d'autres rénovations furent entreprises et un travail important d'enrichissement eut également lieu et permit d'améliorer grandement les conditions de vie des animaux. A l'aube du XXIe siècle, la rénovation de la nouvelle faisanderie, bâtiment datant de 1881, a prouvé la capacité et la volonté d'évolution de la Ménagerie du Jardin des Plantes. De nombreux projets et rénovations sont actuellement en cours de réflexion et seront bientôt mis en oeuvre.
Créée en 1794, la Ménagerie du Jardin des Plantes reste à l'heure actuelle le plus vieux zoo au monde encore existant. Ses portes furent très tôt ouvertes au grand public à l'inverse d'autres ménageries comme celle de Schönbrunn créée en 1752 mais qui resta longtemps privé.
La Ménagerie du Jardin des Plantes possède trois entrées : entrée reptiles, entrée charretière et entrée quai St-Bernard. La visite peut donc débuter à un de ces trois points mais nous allons la décrire à partir de l'entrée charretière.
Passé l'entrée, le visiteur peut se diriger vers la droite en longeant le petit restaurant de la ménagerie. L'enclos des yacks (Bos grunniens) se trouve à gauche. Les volières des rapaces nocturnes sont installées un peu plus loin sur la droite. Il s'agit d'une rangée de dix volières de bonne taille et construites en 1983. Un fond rocheux offre un abri aux animaux tandis que le sol est aménagé avec de la végétation et quelques petits bassins. Les espèces présentées dans cette structure sont les suivantes : hibou grand-duc (Bubo bubo), harfang des neiges (Nyctea scandiaca), chouette hulotte (Strix aluco), grand-duc du Népal (Bubo nipalensis), grand-duc de Virginie (Bubo virginianus), grand-duc africain (Bubo africanus), chouette épervière (Surnia ulula), chouette de l'Oural (Strix uralensis) et chouette lapone (Strix nebulosa).
Un grand enclos a été créé en face de ces volières. Plusieurs enclos distincts composaient à l'origine cet ensemble. D'abord divisée en quatre enclos puis regroupée en deux, cette superficie est actuellement d'un seul tenant avec une petite maison en briques rouges en son centre. Des maras (Dolichotis patagonum), des nandous (Rhea americana) et des lamas (Lama glama) cohabitent en ce lieu et forment ainsi un aperçu sud-américain. Un groupe d'antilopes cervicapres (Antilope cervicapra) est présenté dans un grand enclos du même type après les volières des rapaces nocturnes.
L'enclos, où cohabitent les émeus (Dromaius novaehollandiae) et les wallabys bicolores (Wallabia bicolor), se trouve en face des antilopes cervicapres. Cette partie du parc présente des pelouses vertes et de nombreux arbres. Des tétracères (Tetracerus quadricornis), petites antilopes indiennes, sont présentés dans un enclos voisin.
Un couple de chiens des buissons (Speothos venaticus) vit dans l'ancien enclos des loups. Une végétation importante forme un bel aménagement. Un monticule de terre central renferme les abris intérieurs. Ces deux individus de la Ménagerie du Jardin des Plantes et l'important groupe du Zoo de Mulhouse sont les seuls représentants de leur espèce en France.
Des cabiais (Hydrochoeris hydrochaeris) et des cygnes noirs (Cygnus atratus) cohabitent dans un enclos agrémenté d'un bassin.
En empruntant l'allée qui longe l'enceinte extérieure de la ménagerie, les visiteurs trouvent à leur gauche l'enclos des portes-musc (Moschus moschiferus). Là aussi, une belle végétation offre des refuges aux animaux. La Ménagerie du Jardin des Plantes héberge une femelle. Il est important de savoir que seuls trois parcs européens présentent cette espèce ; il s'agit, en dehors de la ménagerie, du Zoo de Leipzig (Allemagne) et du Parco Faunistico La Torbiera (Italie).
Des bouquetins du Caucase, aussi appelés turs, (Capra ibex caucasica) sont présentés un peu plus loin dans deux enclos situés sur la gauche du même sentier. Des troncs et des rondins agrémentent l'installation. L'enclos des autruches (Struthio camelus) est situé au bout de l'allée.
La fauverie fut érigée en 1937 en remplacement de l'ancienne installation de 1821. Typique du style monumental des années 1930, décoré fastueusement, ce bâtiment fut considéré comme un symbole de la renaissance de la ménagerie. En effet, l'ouverture du Parc Zoologique de Paris dans le Bois de Vincennes avait momentanément porté ombrage à la vieille ménagerie. Son architecture à gros barreaux représente aujourd'hui un concept dépassé malgré le vaste volume d'évolution dévolu aux animaux. Dans ce cadre, cette installation a été récemment partiellement réaménagée et une rénovation complète ayant pour but de remplacer les barreaux par de larges baies vitrées et un fin grillage est envisagée.
Certains enclos extérieurs ont été regroupés pour former à présent cinq espaces d'évolution. Un substrat d'écorces a été déposé sur le sol bétonné. De la végétation a été plantée et des troncs d'arbres ajoutés. Les cages intérieures, elles aussi, ont eu droit à un nouvel aménagement. Des structures en bois ont, entre autres, été créées.
Trois espèces de félins vivent actuellement dans la fauverie. Il s'agit d'une panthère de Chine femelle (Panthera pardus japonensis), unique représentante de sa sous-espèce en France, d'un couple de pumas (Felis concolor) et de trois panthères des neiges (Uncia uncia). Le vieux jaguar mâle noir (Panthera onca), âgé de 20 ans et nommé Pataud, est décédé le 17 octobre 2003. Son enclos est actuellement inoccupé. Il est né en août 1983 dans un zoo allemand et a eu une dizaine de descendants à la Ménagerie avec une compagne nommée Bebelle, elle aussi décédée il y a deux ans. Une panthère de Chine nommée Suzy est également décédée le 27 octobre 2003. Elle est née au Zoo de Munich (Allemagne) le 13 avril 1986 et est arrivée à Paris le 29 juin 1988. Sa dernière fille, Enji, vit toujours à la Ménagerie.
Après l'éventuelle rénovation évoquée plus haut, la Ménagerie du Jardin des Plantes aimerait se consacrer plus particulièrement à trois espèces. Les enclos latéraux seraient alors réservés aux panthères de Chine et aux panthères des neiges et l'enclos frontal abriterait des lynx.
Une nurserie se trouve à l'arrière de la fauverie. Plusieurs petites volières la côtoient. Elles abritent différentes espèces : éperonnier de Chinquis (Polyplectron b. bicalcaratum), faisan d'Edwards (Lophura edwardsi), pie de l'Himalaya (Urocissa erythrorhyncha), faisan d'Elliot (Syrmaticus ellioti) et mainate (Gracula religiosa). Deux enclos voisins hébergent un couple de poudous (Pudu pudu) et des diks-diks de Kirk (Madoqua kirki).
En contournant la fauverie, le visiteur peut observer une autre vieille construction. Il s'agit de trois cages dont une principale et deux latérales. Cette installation a abrité à partir des années 1910 et durant un demi-siècle les ours de la ménagerie. Après leur transfert vers les fosses rénovées au courant des années 1960, diverses espèces furent présentées dans cette installation aussi appelée "cage des tigres". Dans les années 1990, il s'agissait plus particulièrement de mandrills. Ceux-ci furent finalement transférés dans un autre parc où ils ont trouvé une installation plus adéquate à leur comportement.
Un couple de binturongs (Arctictis binturong) est arrivé en février 2003 en provenance de l'Espace Zoologique de St-Martin la plaine (France) et a été installé dans la "cage des tigres". L'aménagement a été complètement revu dans la perspective de la présentation de cette nouvelle espèce. La femelle binturong a été échangée en juillet 2003 avec le Zoo de Pont-Scorff (France) et ceci pour éviter des problèmes de consanguinité lors d'une future reproduction.
Un dromadaire (Camelus dromedarius) vit dans un enclos, qui se trouve en face des binturongs.
En prenant l'allée à droite des binturongs, le visiteur trouve un groupe de chevaux de Przewalski (Equus przewalskii). Le sol de l'enclos est recouvert d'un substrat de couleur jaune orangé, qui se retrouve d'ailleurs également dans les enclos de certains équidés du Parc Zoologique de Paris. Une petite maison à toit de chaume typique du style de la ménagerie sert d'abris aux chevaux.
Deux volières de petite taille sont installées dans cette même zone. Des faisans dorés charbonniers (Chrysolophus pictus) et des faisans de Lady Amherst (Chrysolophus amherstiae) y sont présentés. Des renards des steppes (Vulpes corsac) voisinent avec ces oiseaux dans un enclos herbeux. La Ménagerie du Jardin des Plantes est le seul espace zoologique français qui présente cette espèce.
La singerie, construite en 1934, est consacrée aux cercopithèques africains et aux orangs-outans. Elle est composée d'un corps de bâtiment central de forme ovale. Le front extérieur est occupé par un vaste enclos pour les orangs-outans. Les côtés sont divisés en deux parts ; la partie proche des orangs-outans consiste en des cages grillagées et la partie arrière en des cages vitrées. A l'origine, deux anciennes cloches grillagées se trouvaient de chaque côté de la singerie. Pour des raisons de vétusté, elles ont été retirées mais les structures intérieures, imitant les branches d'un arbre, sont toujours visibles.
Les cages intérieures sont organisées selon le même schéma. Les côtés sont occupés par les cercopithèques et le front par les orangs-outans. Toutes les cages intérieures sont vitrées. Un couloir de service sépare les installations externes et internes. Les singes ont, quant à eux, la possibilité d'accéder aux cages extérieures par des trappes se trouvant au-dessus de ce couloir. De nombreux aménagements ont été implantés dans ces cages pour enrichir le milieu. Il s'agit en particulier de structures en bois, de substrat d'écorces, de végétation multiple...
Les espèces de primates africains présentées à la ménagerie sont les suivantes : cercopithèque de Brazza (Cercopithecus neglectus), mangabey noir (Lophocebus aterrimus), diane de Roloway (Cercopithecus diana roloway), mangabey à ventre doré (Cercocebus agilis chrysogaster), cercopithèque noir et vert (Allenopithecus nigroviridis), mangabey couronné (Cercocebus atys lunulatus), cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni), mangabey à joues grises (Lophocebus albigena) et cercopithèque de l'Hoest (Cercopithecus lhoesti). Il faut noter que ces espèces sont peu courantes en captivité.
Cinq orangs-outans de Bornéo (Pongo pygmaeus pygmaeus) vivent à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Il s'agit de trois mâles et deux femelles. Nénette est sans doute la plus connue des animaux de la ménagerie. Elle a donné naissance et a élevé quatre fils et côtoyé trois compagnons. Ses deux premiers rejetons sont partis à l'étranger dans le cadre du programme européen d'élevage (EEP). Les deux autres vivent toujours à la ménagerie. Il s'agit de Tubo et de Dayou, dernier rejeton né le 6 décembre 1999. Un mâle nommé Solok vit aux côtés de Nénette et une autre femelle nommée Wattana est également présentée dans cette installation.
De nombreux grands singes ont également vécu dans la singerie de la Ménagerie du Jardin des Plantes dont plusieurs gorilles et des chimpanzés, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui pour des raisons de superficie et de conception des enclos.
En empruntant, pour retourner vers la fauverie, une allée parallèle à celle utilisée précédemment, le visiteur croise quelques volières où vivent des perroquets : perroquet gris du Gabon (Psittacus erithacus erithacus) et cacatoès à huppe jaune (Cacatua galerita). Des bernaches du Canada (Branta canadensis) sont également présentées dans un enclos.
La vallée des rapaces, complément des volières des rapaces nocturnes, a été inaugurée le 28 juin 1983. Il s'agit d'une rangée de 9 volières dans le même style que celles vues près de l'entrée. La vallée des rapaces a été élevée sur l'emplacement même de l'ancienne maison des rapaces construite en 1825, mais déjà critiquée pour sa vétusté et son exiguïté en 1892. Les nouvelles structures sont, quant à elles, plus adaptées. Les espèces présentées sont, pour la plupart, des rapaces diurnes : vautour pape ou royal (Sarcoramphus papa), amazone à front jaune (Amazona ochrocephala) cohabitant avec ara militaire (Ara militaris mexicana), aigle bateleur (Terathopius ecaudatus), vautour de Pondichéry (Sarcogyps calvus), percnoptère d'Egypte (Neophron percnopterus), vautour palmiste (Gypohierax angolensis), caracara commun (Polyborus plancus) et vautour de l'Himalaya (Gyps himalayensis). Au bout de cette installation se trouve une petite volière ronde qui abrite des cacatoès des Moluques (Cacatua moluccensis).
Le palais des reptiles, construit en 1874 et rénové dans les années 1980, se présente sous l'aspect d'un bâtiment long de 30 mètres, dont la façade, presque entièrement vitrée, est exposée au sud-est. A l'intérieur, il y a des vestibules aux deux extrémités et, entre ces vestibules dans le corps même du pavillon, deux grandes salles d'exposition.
Le premier vestibule est composé d'un petit bassin et d'une exposition sur le commerce des produits dérivés d'animaux exotiques. La première salle, dite "Salle des Crocodiles", reçoit le jour à la fois par un vitrage supérieur, et par les vitrages des grandes cages placées tout le long de la façade principale. Lorsque l'on y pénètre, on est frappé par l'étrange atmosphère constituée par l'alliance de l'effet de serre tropicale des végétaux des fosses à crocodiles et l'élégance des boiseries des terrariums. Ces derniers sont au nombre de dix à droite de l'allée alors que les deux bassins, agrémentés de plages, leur font face et abritent des crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus).
Les espèces présentées dans cette salle sont les suivantes : boa de Madagascar (Acrantophis madagascariensis), boa arboricole de Madagascar (Sanzinia madagascariensis), boa de Duméril (Acrantophis dumerili), python royal (Python regius), varan du Nil (Varanus niloticus), varan à gorge blanche (Varanus albigularis), python molure (Python molurus molurus), iguane vert (Iguana iguana) et hydrosaure (Hydrosaurus pustulatus).
Le deuxième vestibule est le lieu de présentation hivernal des tortues géantes des Seychelles (Geochelone elephantina). Les paresseux à deux doigts ou unaus (Choloepus didactylus), autrefois présentés dans l'une des cages intérieures de la fauverie, ont déménagé en septembre 1998 dans le bâtiment des reptiles. Ils ont alors pu explorer le parcours arboricole spécialement imaginé pour eux par les soigneurs et installé au-dessus de l'enclos des tortues.
La seconde salle, placée en arrière et parallèlement à la salle des crocodiles, est dite "Salle de l'Aquarium". Elle est composée de 5 grandes cages agrémentées de vastes bassins. Autrefois lieu de présentation de poissons, d'où son nom, elle abrite actuellement de grands serpents tels que pythons et boas. Les espèces présentées dans cette salle sont les suivantes : boa constrictor (Boa constrictor) cohabitant avec platémyde de Saint-Hilaire (Phrynops hilarii), agame aquatique (Physignatus cocincinus), anaconda jaune (Eunectes notaeus), python molure (Python molurus) et morélie d'Australie ou python tapis (Morelia spilota variegata).
Construite entre 1879 et 1881 par Jules André à la place d'une faisanderie en très mauvais état, la Nouvelle Faisanderie sépare la "Vallée Suisse" de la galerie des reptiles et des bâtiments de la rue Cuvier. Cette construction orientée sud-ouest/nord-est était destinée à la présentation d'oiseaux fragiles devant être gardés au chaud l'hiver, des volières extérieures leur permettant de sortir en plein air si la température l'autorisait.
L'architecture à galerie double avec couloir de service central se termine à chaque extrémité par une abside au-dessus de laquelle émerge un lanternon particulièrement ouvragé. Les deux lanternons sont reliés entre eux par une passerelle surplombant le faîtage de la toiture. Le corps central et les absides composés d'une ossature en bois surmontée d'une frise en faïence contrastent avec les ailes en briques bicolores. La suppression des deux lanternons au début du XXe siècle a affecté la silhouette élancée du bâtiment en lui retirant son cachet oriental. Dans un état de délabrement avancé et désaffectée depuis les années 1990, sa rénovation à l'identique du modèle de 1879 débuta en 1999.
La Nouvelle Faisanderie a, à nouveau, accueilli des animaux en juin 2002. Classée monument historique en 1993, comme l'ensemble des constructions de la Ménagerie, grâce aux efforts conjugués des architectes des Monuments Historiques, du Service Patrimoine et Travaux du Muséum et de l'équipe de la Ménagerie, sa réhabilitation a été menée à bien après un an et demi de travaux. L'aspect originel du bâtiment a bien sûr été restitué, voyant la résurrection entre autres des lanternons. La difficulté de la modernisation des installations animalières a été surmontée : les 16 volières ont été transformées en 4 volières spacieuses, adaptées aux conceptions actuelles ; un système sophistiqué de chauffage et d'humidification des loges assure le confort des animaux par tout temps.
Les espèces présentées dans la Nouvelle Faisanderie sont les suivantes : un groupe de saïmiris de Bolivie (Saimiri b. boliviensis), un couple de gouras de Sheepmaker (Goura sheepmakeri), un couple de tamarins-lions dorés (Leontopithecus rosalia) cohabitant avec un couple d'agamis à trompette (Psophia crepitans) et enfin, dans la quatrième volière, un couple de grands hoccos (Crax r. rubra). Abondamment plantées et enrichies, les volières offrent à leurs nouveaux pensionnaires un milieu leur permettant d'exprimer au maximum leurs divers comportements, ainsi que la possibilité de se soustraire momentanément au regard des visiteurs, ce qui est une garantie contre le stress.
La deuxième faisanderie, qui se trouve à l'arrière de la première, a été construite en 1837. Elle est en forme de demi-cercle ayant pour centre un enclos avec bassin où vivent des goélands argentés (Larus argentatus). Le bâtiment en lui-même sépare cet enclos de la rangée de volières. La rénovation de cette installation est aujourd'hui envisagée comprenant entre autres la réduction du nombre de volières à l'image de la Nouvelle Faisanderie. Les espèces actuellement présentées dans la faisanderie sont les suivantes (du fait de la rénovation future, cette liste ne peut être totalement à jour, certaines espèces ayant déjà été transférées) : faisan de Vieillot (Lophura ignita rufa), perruche omnicolore (Platycercus eximius), perruche à tête pâle (Platycercus adscitus), perruche à tête noire (Nandayus nenday), pie de l'Himalaya (Urocissa erythrorhyncha), hoki blanc (Crossoptilon crossoptilon drouynii), éperonnier Napoléon (Polypectron emphanum), faisan à huppe blanche (Lophura leucomelana hamiltoni), perruche à collier rose (Psittacula krameri) et merle métallique (Lamprotornis nitens).
Des aras chloroptères (Ara chloroptera) sont présentés en liberté non loin des faisanderies. Deux fosses abritent des porcs-épics à crête (Hystrix indica). Des rochers, du sable et des troncs agrémentent ces enclos.
Plusieurs espèces d'oiseaux cohabitent dans un grand enclos herbeux agrémenté d'un bassin. Il s'agit de cygnes coscoroba (Coscoroba coscoroba), de flamants du Chili (Phoenicopterus chilensis), de cygnes à cou noir (Cygnus melanocorypha) et de kamichis à collier (Chauna torquata).
La petite ferme de la Ménagerie du Jardin des Plantes est installée à côté du palais des reptiles. Elle est composée de deux enclos où vivent des chèvres mohair (Capra hircus angorensis) et des cochons du Vietnam.
Créé en 1929 par le Laboratoire d'Entomologie du Muséum National d'Histoire Naturelle, le vivarium est resté fidèle à sa dénomination d'origine "Ménagerie des petits animaux" en présentant insectes, araignées, batraciens et petits reptiles. Le vivarium est composé d'une salle rectangulaire délimité en deux allées par une main courante. Les 33 terrariums sont séparés du public par deux vitres espacées de quelques centimètres, la première du côté visiteur et la seconde du côté des reptiles.
Les espèces présentées dans cette installation lors de ma visite en juillet 2003 étaient les suivantes : vipère heurtante (Bitis arietans), gecko géant de Nouvelle-Calédonie (Rhacodactylus leachianus), vipère du Gabon à corne (Bitis gabonica rhinoceros), vipère d'Asie Mineure (Vipera xanthina), serpent des blés (Elaphe guttata), phasme à ailes roses (Sipyloïdea sipylus), mygale terricole du Brésil (Lasiodora parahybana), vipère des bambous (Trimeresurus albolabris), grenouille à tapirer (Dendrobates tinctorius), phasme dilaté (Heteropteryx dilatata), serpent ratier à tête cuivrée (Elaphe obsoleta quadrivittata), phasme à tiare (Extatosoma tiaratum), mocassin à tête cuivrée (Agkistrodon contortrix), couleuvre de l'Amour (Elaphe schrencki), dragon d'eau ou agame aquatique (Physignathus cocincinus), rainette marsupiale (Gastrotheca riobambae), sheltopusik (Pseudopus apodus), crapaud commun d'Asie (Bufo melanostrictus), cétoine (Mecynorhina torquata), boa de Cook (Corallus enydrys), caméléon commun (Chamaleon chamaleon), habu de Tokara (Trimeresurus tokarensis) et rainette kunawalu (Phrynohyas resinificrix).
En empruntant vers la droite l'allée à la sortie du vivarium, le visiteur s'approche d'une petite volière en forme de cloche qui abrite des perruches souris (Myiopsitta monachus) et des faisans dorés (Chrysolophus pictus). L'enclos des suricates (Suricata suricatta) se trouve à l'arrière de cette volière. Il s'agit d'une fosse agrémentée de nombreux rochers et d'une végétation très dense.
Un enclos situé à l'extérieur de l'enceinte de la Ménagerie mais se trouvant dans la partie publique du Jardin des Plantes non loin de l'entrée reptiles est occupé par des wallabies de Bennett (Macropus rufogriseus) et des cygnes noirs (Cygnus atratus). L'ancien bassin des phoques est intégré à cette structure.
En continuant sur le même sentier, le visiteur pénètre au coeur de la zone du parc nommée "Vallée Suisse". Le terrain de la ménagerie est fort inégal et sillonné d'un grand nombre de chemins au détour desquels le visiteur observe de typiques cabanes agrémentées de torchis ou troncs d'arbres entrelacés comportant souvent plusieurs loges. Ce type de construction s'inscrit dans la tradition des "fabriques" des parcs d'agrément du XVIIIe siècle et concourt à la version naturaliste et romantique donnée à cette partie de la ménagerie. Les enclos entourant ces abris étaient autrefois bordés de treillages de châtaignier délicatement mêlés aux plantations. Ils ont du être remplacés, vers 1880, par des grilles métalliques. Ces enclos ont été restructurés au courant de la deuxième partie du XXe siècle et forment aujourd'hui plusieurs ensemble plus vastes. Certaines grilles ont été remplacées par du grillage plus fin.
La "Vallée Suisse" a traditionnellement été consacrée aux animaux paisibles. Les deux premiers enclos rencontrés sont ceux des bouquetins du Caucase, aussi appelés turs, (Capra ibex caucasica) et des bouquetins de Nubie (Capra ibex nubiana). Ils se trouvent à gauche de l'allée. L'enclos des daims mouchetés (Dama dama) est aménagé un peu plus loin à droite.
La grande volière, édifiée en 1888 à l'occasion de l'exposition universelle, a toujours été considérée comme l'une des plus belles constructions de ce type en Europe. Elle s'élève à 12 mètres de hauteur et couvre une superficie de 925 m². Rénovée au courant des années 1980, entièrement paysagée, cette volière de haut vol est visitable de l'intérieur grâce au chemin de traverse et au petit pont jeté sur l'étang central. Des fuligules milouins (Aythya ferina) et des aigrettes garzettes (Egretta garzetta) cohabitent dans cette installation. Des grues cendrées (Grus grus) et des bernaches nonnettes (Branta leucopsis) sont présentées dans un enclos voisin de la volière.
D'autres enclos typiques de la "Vallée Suisse" entourent la grande volière. Il s'agit tout d'abord de celui des gaurs (Bos frontalis gaurus) dont les grosses grilles de 1880 sont toujours présentes. La reproduction de gaurs, espèce peu courante en espace zoologique et unique en France, a connu plusieurs réussites à la Ménagerie du Jardin des Plantes. La dernière naissance date du 12 mars 2003. L'enclos des vigognes (Vicugna vicugna) se trouve dans la continuité de l'enclos des gaurs alors que celui des baudets du Poitou (Equus asinus asinus) est à gauche de l'allée. Un groupe de bouquetins de Sibérie (Capra ibex sibirica) est également présenté à cet endroit dans un enclos du même type.
En contournant l'enclos des baudets du Poitou, le visiteur trouve à sa gauche l'enclos des pécaris à lèvres blanches (Tayassu pecari). La Ménagerie du Jardin des Plantes héberge un couple de cette espèce. L'enclos est aménagé avec un substrat d'écorces, des branchages et quelques troncs. Des cygnes tuberculés (Cygnus olor) et des oies rieuses (Anser albifrons) cohabitent non loin de là tandis qu'un groupe de watussis (Bos taurus) est présenté dans un enclos typique de la "Vallée Suisse".
Contemporaine des fosses aux ours, la Rotonde est le plus ancien bâtiment de la Ménagerie du Jardin des Plantes. Conçue par l'architecte Molinos, elle fut construite de 1804 à 1812. Son plan est inspiré de la croix de la Légion d'Honneur dont l'ordre avait été fondé deux ans auparavant. Initialement prévue pour abriter des fauves ("Rotonde des animaux féroces"), elle vit ses plans modifiés pour devenir plus modestement la "Rotonde des animaux paisibles", vaste étable pour grands herbivores. Eléphants, hippopotames, rhinocéros, buffles, dromadaires s'y succédèrent au fil des années.
Le plus célèbre des hôtes de ce lieu fut la girafe, offerte à Charles X par le pacha d'Egypte Mehemet Ali. Elle fut embarquée à Alexandrie avec trois vaches nourricières pour son lait quotidien et débarquée à Marseille en novembre 1826. Ce ne fut que six mois plus tard qu'elle parvint à Paris pour être présentée au roi Charles X, après une pénible marche à travers la France, acclamée comme une reine tout au long de son parcours. Elle devint une véritable star pendant deux ans et fut l'inspiratrice de chants, de poèmes et d'illustrations d'assiettes comme d'accessoires de mode, tels que chapeaux, robes ou peignes décorés à son effigie.
Dès 1934, lors de la construction du Parc Zoologique de Paris, les grands herbivores furent progressivement transférés vers celui-ci dont les installations plus conformes à leurs besoins leur permirent de vivre en groupes et de se reproduire. Un éléphant fut tout de même conservé jusqu'en 1976. La Rotonde entra dès lors dans son déclin, n'abritant, plus qu'en cas de besoin, dromadaires, zèbres, antilopes ou même, l'hiver, toute espèce fragile.
En 1986, ce bel édifice était presque en ruine. Une rénovation fut alors exécutée. Elle marqua un retour au plan primitif et rendit au bâtiment toute sa luminosité. L'aspect général est aujourd'hui conforme à l'esprit de la restauration effectuée vers 1880, époque à laquelle furent construites les lourdes grilles des enclos extérieurs, dont subsistent encore les fondations et quelques piliers marquant l'entrée du bâtiment.
L'exposition Microzoo est installée dans trois des cinq salles de la Rotonde. Le visiteur découvre au microscope une multitude d'animaux microscopiques qui vivent dans le sous-sol terrestre, mais aussi dans l'environnement immédiat des humains : literie, poussières des maisons et réserves alimentaires. Les enclos latéraux, anciennes pavés, ne forment aujourd'hui plus qu'une seule structure herbeuse où vivent durant la période estivale les tortues géantes des Seychelles (Geochelone elephantina). Kiki, la plus grosse des tortues de la ménagerie, est âgée d'environ 120 ans et pèse 250 kg. C'est l'un des pensionnaires les plus connues de la Ménagerie du Jardin des Plantes. Le bassin frontal, qui abritait des hippopotames, a été comblé et a été transformé en aire de jeux avec plusieurs statues grandeur nature d'hippopotames amphibies.
Dans la partie du parc située entre la Rotonde et la singerie se trouve plusieurs enclos où sont présentés des herbivores. Il s'agit d'abord d'un couple de chèvres des montagnes rocheuses (Oreamnos americanus) et de tahrs de l'Himalaya (Hemitragus jemlahicus).
Les bharals (Pseudois nayaur) sont également présentés dans cette zone. Un bharal est né le 16 juillet 2003, ce qui est tout à fait remarquable du fait de la rareté de cet animal ex situ. Une trentaine d'individus de cette espèce sont hébergés en Europe dans six espaces zoologiques : Mulhouse (France), Moscou (Russie), Prague (République Tchèque), Berlin Tierpark (Allemagne) et Tallin (Estonie), sans oublier la Ménagerie du Jardin des Plantes.
Deux jeunes takins du Sichuan mâles (Budorcas taxicolor tibetana) sont arrivés à la Ménagerie du Jardin des Plantes le 22 mai 2002 en provenance du Zoo de Rotterdam (Hollande). Ces animaux exceptionnels sont très rares en captivité et seuls trois espaces zoologiques européens présentent la sous-espèce du Sichuan : le Tierpark de Berlin (Allemagne) en complément des deux cités plus haut.
Un groupe de markhors (Capra falconeri) est également présenté dans cette zone. Plusieurs individus sont nés au début de l'année 2003 : le 24 mai, le 13 juin et le 19 juin.
Les fosses aux ours furent le premier édifice construit à la ménagerie en 1805. A l'origine, elles étaient au nombre de trois. Elles hébergèrent nombre d'ours bruns, dont le fameux Martin, mais aussi, entre autres, des ours blancs. Après leur désaffection dans les années 1910, les ours vécurent dans la "cage des tigres" située près de la fauverie. A la fin des années 1960, les fosses furent restructurées afin de recevoir à nouveau leurs locataires.
Le fond de chacune des deux fosses actuelles est composé de gros pavés et plusieurs niches voûtées se trouvent sur les côtés. Un bassin est également aménagé dans chacune d'elle. Un important effort d'enrichissement du milieu a été initié ces dernières années. Cette installation est toutefois âgée de deux siècles et une nouvelle réhabilitation avec une extension serait souhaitable dans les années à venir. Une plate-forme d'observation, installée sur le logis des ours, sépare les deux fosses.
Pacha et Louise, les deux ours hébergés à la Ménagerie du Jardin des Plantes, appartiennent à la sous-espèce des ours bruns de Perse (Ursus arctos syriacus). Pacha est le fils de Louise mais les deux animaux vivent séparés. Chacun possède sa fosse particulière. Pacha et Louise sont les descendants de trois générations d'une lignée bien particulière : leurs ascendants sont des ours de Perse, cadeau officiel de l'Iran à la France, arrivés au parc zoologique dans les années 1950 et 1960, directement de la région de Tabriz. La reproduction est malheureusement stoppée à la ménagerie depuis 1992 en raison d'un manque de place disponible dans les espaces zoologiques européens pour les ursidés, malgré le nombre restreint d'animaux appartenant à cette sous-espèce en captivité.
La Ménagerie du Jardin des Plantes, par ses installations historiques et son implication dans la conservation, a su mêler passé, présent et futur. De nombreuses espèces peu courantes sont présentées dans ce parc.
« Que l'on garde surtout à notre vieille ménagerie son charme d'autrefois, charme fait du style rustique de ses constructions si bien approprié à son objet, de son air d'ancienneté, qu'il suffirait d'assainir et d'embellir de quelques fleurs pour le rendre tout à fait aimable, de ses souvenirs historiques enfin, qui, comme l'écrivait tout récemment un des directeurs de Jardins zoologiques les plus autorisés, font, de la ménagerie du Muséum, "le berceau de la zoologie, la Mecque des zoologistes". » Extrait de Histoire des Ménageries de l'Antiquité à nos jours, Gustave Loisel, 1912