Dimanche, le parc de Branféré montrera une nouvelle fois l'envers de son décor, de la clinique vétérinaire au bâtiment des nouveaux venus : les rhinocéros indiens. Dans ces coulisses, la première arrivée, tous les jours de la semaine, est Martine, la cuisinière du parc.
Chaque matin à 6 h, elle est la première à pousser les grilles de Branféré. Dans la lumière des matins d'été, dans la neige de l'hiver quand le parc est fermé, du lundi au vendredi, Martine Bourban voit les lieux comme personne d'autre. « C'est beau en toute saison », savoure-t-elle.
Voisine
Femme de ménage, puis ouvrière dans un chantier ostréicole, les hasards de la vie l'ont ramenée aux sources, à Branféré. « Quand l'école Nicolas-Hulot s'est ouverte, j'ai postulé pour du ménage.». Cela faisait bien longtemps que Martine connaissait le parc. « Je suis née dans la ferme d'à côté ! »
A quelques petites années près, en même temps que le parc animalier de Paul et Hélène Jourde (dont l'histoire sera racontée à 15 h 45 devant le château). « On y allait de temps en temps. Ce sont de beaux souvenirs d'enfance. Les choses ont drôlement changé. Je crois que mon père serait heureux de me voir travailler là.». Il n'y avait pas de place pour le ménage, mais à la cuisine oui... Alors Martine est devenue cuisinière.
Une cuisinière un peu particulière car c'est aux animaux qu'elle prépare à manger. « Pour tous, sauf les phoques et les manchots », explique-t-elle. Au fil de la matinée, les seaux et les gamelles de taille et de couleurs différentes s'organisent autour de son plan de travail. Au coin d'une table, dans un gros classeur rouge, sont consignées toutes les recettes. Vétérinaire et soigneurs ont élaboré un menu pour chaque pensionnaire, qui s'adapte à la santé des animaux, mais change aussi en fonction du jour pour offrir le maximum de diversité. Les primates ont ainsi une boulette de riz en extra le jeudi ou un oeuf le samedi.
« Au début, cette responsabilité me stressait beaucoup, avoue Martine. J'avais peur que les animaux soient malades.».Elle a perdu son stress mais gardé son exigence : la cuisine doit être impeccable, les commandes sont scrupuleusement vérifiées. « Je suis peut-être un peu maniaque... Enfin, je prends mon travail au sérieux », explique-t-elle en découpant quelques carottes justes cuites.
68 menus dont 67 sans sel
Nettoyer, couper, râper, elle n'arrête pas. 30 kg de carottes, presqu'autant de pommes chaque jour. Mais aussi du fenouil, épinards, brocolis, poires, betteraves, tomates. « Les salades et parfois les courgettes viennent de la ferme bio voisine. » Les bananes, elle ne les épluche que pour les girafes... et les loups.
Aujourd'hui, elle connaît par coeur les 68 rations différentes qu'elle prépare. Les deux petits nouveaux ne lui donnent pas trop de travail, même si les rhinocéros indiens mangent un peu de pommes et de carottes en plus de leurs granulés. Faire le « gâteau » des saïmiris est plus élaboré. « C'est la seule recette avec un peu de sel et d'huile de tournesol. ». On y trouve aussi de la blédine, de la levure, du germe de blé, du lait deuxième âge, de la banane et de l'eau tiède. « Tous ont un faible pour les nectarines », constate-t-elle.
On pourrait la croire solitaire, mais pas du tout. « Dès 8 h, les techniciens et les soigneurs arrivent. Il y a toujours du passage. Je n'ai jamais vu le temps passer aussi vite ! » Son seul regret : le déménagement du ouistiti qui venait chanter le matin à sa fenêtre. Dimanche, on ne verra pas Martine dans les coulisses : elle prépare les repas de ses protégés dès le vendredi. Mais elle sera peut-être dans le public. « Mon petit-fils adore venir donner du pop-corn aux animaux... »
Source : Le Télégramme.
