La famille Jardin: entre Cerza et Sénégal

La famille Jardin: entre Cerza et Sénégal

Messagepar abel » Lundi 18 Janvier 2016 19:08

"La famille Jardin partage sa vie entre le parc zoologique Cerza et le Sénégal
Cofondateur du Cerza près de Lisieux (14)et fondateur de Biotropica au Val-de-Reuil (27), Thierry Jardin passe désormais 7 mois sur 12 au Sénégal avec son épouse et ses enfants.

13/01/2016 à 08:14 par christophelemoine
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La famille Jardin vit au Sénégal 7 mois sur 12.
La famille Jardin vit au Sénégal 7 mois sur 12.
Cofondateur du parc zoologique Cerza à Hermival-les-Vaux (14) et fondateur de la serre zoologique Biotropica au Val-de-Reuil (27), Thierry Jardin passe désormais 7 mois sur 12 au Sénégal, avec son épouse et ses enfants. Explications.

Racontez-nous comment a débuté cette aventure africaine ?
Nous avons découvert la Casamance, cette petite région du Sénégal située en bordure de l’Atlantique et coincée entre la Gambie et la Guinée-Bissau, il y a une dizaine d’années. Nous avons été séduits pas sa tranquillité, ses paysages (la brousse est ici très belle car nous sommes dans une région tropicale sèche où se répand le fleuve Casamance par des milliers de kilomètres de bras) et ses rizières. Les Sénégalais sont très gentils, tout particulièrement dans cette région isolée et connue pour “ses rebels” où l’on ressent une forte appartenance identitaire, et où les religions cohabitent en toute harmonie et dans le respect de l’autre.

Au début, le choix de cette région était le climat. Quand on ne peut pas partir en congés l’été, on s’oriente vers des destinations “soleil l’hiver”. La Casamance est la destination tropicale la plus proche de Paris (5h30 d’avion pour Dakar puis 45 minutes de vol intérieur et on est au paradis). On est arrivé ici pour la première fois en 2007. Nous vivions alors en France et tachions de venir 2 ou 3 fois passer les vacances d’hiver.

Qu’est ce qui vous plaît dans votre pays d’adoption ?
Cette région est plaisante pour sa faune (même si malheureusement il n’y a plus les grands mammifères africains), mais reste des hippopotames, des primates dont certains rares, beaucoup d’oiseaux, les lamantins (expertement menacés) et dauphins. Il y a de nombreux insectes (ça, ce n’est pas le plus intéressant !) et reptiles (dont certains très dangereux) et crocodiles. La flore est très riche, sans compter l’immense zone de palétuviers et les programmes de replantation qui ont été un vrai succès et un modèle mondial en matière d’action menée pour replanter des zones détruites par les hommes avant qu’ils ne prennent conscience des dégâts.

« Nous travaillons chaque jour pour Cerza et Biotropica »
Pourquoi avoir fait ce choix de vie ?
Une fois les grands travaux terminés à Cerza et après la création de la serre zoologique Biotropica -et un investissement humain de 30 ans, quasiment 7 jours sur 7, 365 jours par an-, mon mari (Ndlr : Thierry Jardin, cofondateur du Cerza) a souhaité faire une “pause” dans la gestion quotidienne de l’entreprise. Il a donc, petit à petit formé, délégué et fini par faire confiance à des cadres très compétents et investis qui ont eux aussi été ravis de relever le défi avec le soutien de l’ensemble des salariés qui ont bien compris les choix de leur patron.

Puis il y a l’investissement à titre bénévole que réalisait Thierry avec le gouvernement sénégalais afin de protéger le Parc National Niokolo Koba (financement via l’association CERZA Conservation et OCEANIUM de gardes pour faire cesser le braconnage et intervenir sur les feux de brousses). Il y avait un projet de réintroduction de certaines espèces africaines qui ont disparu ici. C’était un beau projet pour Thierry qui y voyait une continuité du travail de sa vie et sa passion pour les animaux. Mais depuis, le gouvernement a changé et le ministre de l’écologie que nous connaissions bien, aussi. Le projet est quelque peu en suspens, mais il faut être patient et optimiste. Tout vient à point à qui sait attendre, en Afrique encore plus qu’ailleurs !

Comment avez-vous vécu votre « expatriation » ?
En fait, nous sommes des “faux expatriés”. Car, tout d’abord, nous continuons de travailler pour Cerza et Biotropica, tous les jours, via internet pendant les 7 mois que nous passons en Casamance. Nous continuons de valider, suivre, orienter les grandes décisions et plus en détail certains secteurs tels que la communication et la gestion administrative et comptable. Nous réfléchissons sur les projets de travaux, constructions de l’hiver d’une année sur l’autre…

Pas vraiment expatriés non plus, puisque nous passons en France quasiment 5 mois (4 mois l’été) + 1 à 2 fois 15 jours l’hiver, répartis en fonction des besoins pour nos interventions sur site et rendez-vous. Sans l’outil l’internet et les possibilités de communiquer via des réseaux, faire des rendez-vous vidéo où l’on discute avec les collaborateurs comme si nous étions face à face, cette aventure n’aurait pas été envisageable !

« En fait, l’école, c’est une case de 16 m2 chez l’habitant »
Passe-t-on facilement d’une vie dans le pays d’Auge à une vie au Sénégal ?
Nous avons bien vécu notre “demi-expatriation” d’autant que nous quittons la Normandie à l’automne, quand les feuilles des arbres tombent et que l’activité au parc est en chute libre. Nous sommes alors ravis de trouver le soleil ici, la mer à 30° et la possibilité de profiter de la nature. Pour les enfants, cela a été plus compliqué de s’habituer. Il faut dire que la vie ici n’est pas forcément ce que l’on peut qualifier d’idéale pour des adolescents. Pas de cinéma, pas de Mac Do, pas de sorties (bowling…), pas de magasin…

Et puis, après un travail de “réconciliation avec la simplicité”, ils ont découvert que l’on pouvait vivre heureux autrement. Un petit plongeon à 7h avant de partir à l’école ou à la pause du midi, c’est sympa ! Les vagues pour surfer devant la maison aussi. Aller à l’école en vélo par la piste par 40 °, c’est chaud mais ça se fait. Et puis il y a la découverte des autres, la connaissance d’autres coutumes et façons de vivre. En fait l’école, c’est une case de 16 m2 chez l’habitant (il faut dire qu’ils ne sont que 3 en 4e). Il y a bien une école française mais elle se trouve à Ziguinchor, soit à plus de 70 kms de là où nous vivons, c’est la raison pour laquelle, avec plusieurs parents, nous avons monté cette petite structure. Les professeurs du lycée situé à quelques kilomètres interviennent pour donner des cours particuliers à partir des cours du CNED. Cela permet aux enfants de garder une éducation et un niveau scolaire français, afin de ne pas les pénaliser dans leurs choix futurs et de pouvoir les « réintégrer » dans le système éducatif français à tous moments en fonction de nos contraintes ou de leurs envies et besoins. Il y a, à côté d’eux, une classe de 3e et une classe de 6e (avec chacune 2 élèves).

Comme activité ils vont parfois au golf (dans le Club Med voisin) et ils font du kayak dans le fleuve. L’autre jour ils ont croisé un lamantin, et l’on y voit régulièrement des dauphins.

Suivez-vous l’actualité de la région ?
Nous suivons assez peu l’activité de la région, pas plus que celle de la France d’ailleurs. Le but est de vivre sans stress. Si on écoute les nouvelles, il faut bien avouer que c’est assez difficile de rester serein et optimiste. On vit quasiment sans TV, et il n’y a pas de presse écrite qui arrive jusqu’ici… sauf via les parents et amis qui nous rendent visite chacun leur tour très régulièrement. Nous avons d’ailleurs eu un journal “Pays d’Auge” il y a deux semaines (Il traitait de la béatification des époux Martin, je les fais suivre ici où la communauté catholique est fervente et très attachée à Sainte Thérèse).

Est-ce que Lisieux et le pays d’Auge vous manquent ?
La France et le pays d’Auge n’ont pas le temps de nous manquer puisque nous rentrons très régulièrement. Ce qui est bien, c’est que nous sommes contents de partir fin septembre et très content de rentrer début juin. Les allers et retours de l’hiver sont plus difficiles car de vrais marathon à une période où la Normandie n’a pas les plus beaux atouts.

Mais voir les parents et les amis qui n’ont pu nous rendre visite c’est important. Nous ne sommes pas “déracinés” et les enfants garderont une identité avant tout française, même si la vie qu’ils ont aujourd’hui les incite à une vision plus ouverte du monde. Ils s’orientent d’ailleurs tous les deux vers une vie de voyages et d’expatriation, puisque l’un souhaiterait travailler dans la diplomatie, et l’autre dans la protection des animaux sauvages dans les réserves comme en Afrique du Sud. Sans oublier que notre fille aînée vit depuis 2 ans au Mexique. Bien que tous deux Normands depuis des générations, nos enfants suivent la génération “de la mondialisation” !"
abel
 
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Re: La famille Jardin: entre Cerza et Sénégal

Messagepar clement » Lundi 18 Janvier 2016 20:20

Merci du partage abel, je ne savais pas que la famille Jardin avait choisie de s'installer au Sénégal...
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Re: La famille Jardin: entre Cerza et Sénégal

Messagepar abel » Mardi 19 Janvier 2016 18:14

Je viens de me rendre compte que j'ai oublié de citer ma source, il s'agit du journal "Le Pays d'Auge".
abel
 
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